Panat in postcardThe Ranums'

Panat Times

Volume 1, redone Dec. 2014

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/21/ De Paris du 16 avril 1649

Le 9 du courant on eut icy advis de St Germain que le jour precedent le sieur de la Roussiere, gentilhomme de M. le prince de Conti, avoit ceddé au nom de son maistre à M. le duc d'Orleans touttes ses pretensions au cardinalat et donné parolle de rappeller de Rome le sieur de Montreuil, son secretaire, ce qui asseure d'autant plus la parfaicte intelligence qui est entre S.A.R. et M. le Prince.

Le 10 MM. du Parlement envoyerent des huissiers dans tous les lieux de leurs ressortz pour y signiffier la declaration du Roy.

Le mesme jour ilz donnerent arrest portant qu'en consideration de la garde faicte pour la conservation de la ville de Paris, les locataires des maisons de la ville seroint deschargés d'ung demy quartiers des loyers et ceux des faubourgs d'ung quartier, ce qui causat beaucoup de difficulté, la ville pretendat le mesme advantage que les fauxbourgs, et les femmes ayant faict grand bruit ches M. le Premier President.

Le xi une partie des chefz du party de Paris feurent à St Germain: sçav[oir], le prince de Conty, les ducs d'Elbeuf et de Bouillon, et les comtes de Rieux et de Maure, qui saluerent la Reyne et M. le Cardinal, qui se treuvat dans la chambre de Sa M.; apres quoy M. le Prince priat Monsieur son frere d'aymer M. le Cardinal, ce qu'il luy promit de faire pourveu que celuy icy luy en donnat subject; et apres quelques discours asses indifferentz, M. le Prince menat disner M. son frere ches Mme la Princesse douairiere avec le duc de Bouillon et le comte de Maure, et l'apresdinée ilz s'en reviendrent tous. M. de Beaufort n'y feut pas, ny le mareschal de la Mothe, dont on s'estonnoit, mais l'interestz de ses deux estant commungs par l'estroitte amitié qu'ilz ont juré ensemble, le dernier a voulu attendre que le premier feut en estat d'y aller, ce qui ne sera pas, comme l'on croit, qu'avec M. de Vandosme, son pere.

Le 12 la duchesse de Chev[r]euse arrivat en ceste ville escortée par 40 ou 50 chevaux, dont toutte la Cour, qui le sceut le soir du mesme jour, feut asses surprise parce qu'elle n'avoit pas eu ordre ny congé pour venir. Le marquis de Noirmonstier et M. de Laigue estoint arrivés le jour precedent.

Le 13 ceste duchesse envoyat un gentilhomme à St Germain avec une lettre pleine de respectz à la eeyne et une autre au duc d'Orleans, par laquelle elle le prioit de s'employer pour faire agreer son compliment à la Cour. S.A.R. en parlat, mais se [ce] gentilhomme feu renvoyé sans response. //
Le mesme jour M. le Prince partit de St Germain pour aller veoir M. le duc de Longueville à Bouguevilliers [Bougival?] dans la maison du sieur de Champigny, maistre des requestes sictué entre St Germain et Trie, et y couchat.

Ledit jour on eut advis de Ponthoise que 800 Allemans ou Polonnois y avoint esté enfermés par les soldatz du regiment des gardes qui y sont en garnison, lesquelz osterent aux premiers tout le butin qu'ilz avoint faict aux environs de Paris. Le mesme jour le comte de Servient arrivat à St Germain, où il feut fort bien receu de toutte la Cour.

Ledit jour Mme de Chevreuse et M. le Coadjuteur nomerent une fille au duc de Luynes.

Le 14 les entrées et aydes feurent restablies partout dans Paris et se payent à present comme auparavant.

Le mesme jour on eut advis de St Germain que la tresorerie de la Ste Chapelle avoit esté donné à l'abbé de Meymac, qui l'a eu sur le filz du Premier President à l'instance de M. le duc d'Orleans.
Se [Ce] fut se [ce] jour là que le mareschal de la Mesleraye remit entre les mains de la Reyne la commission de surintendant des finances, laquelle n'a encor esté donnée; mais en attendant on arrestat que M. Tubeuf feroit la charge conjoinctement avec Mm. d'Aligre et de Morangis, directeurs des finances. On dict que son peché est d'avoir refusé de donner de l'argent sur quelques billetz de S.E. qui portoint que c'estoit pour des affaires secrettes.

Le mesme jour au soir on receut à St Germain des nouvelles d'Arras que les ennemis avoint investy la ville d'Ipre le 12 du courant, ce qui donnat subject à M. le Prince, qui venoit d'arriver de Bouguevilliers, d'aller avec M. le Cardinal tenir conseil ches M. le duc d'Orleans. Le comte de Paluau, qui est à St Germain, y fit veoir à tout le monde une lettre qu'il avoit receu d'Ipre du xi, par laquelle on ne luy en mandoit rien, ce qui fit qu'à la Cour on doutat de la verité de ceste nouvelle. L'on sceut aussy que l'Archiduc s'estoit retiré de la Champagne avec toutte son armée de la mesme façon qu'il y estoit entré sans souffrir que l'on fit aucun desordre, ce qui a donné lieu à plusieurs de louer sa generosité, qui semble neanmoings estre plustost une maxime d'Estat. /22/

Hier M. le duc d'Orleans arrivat en ceste ville accompagné du duc de Mercoeur et de plusieurs autres seigneurs. Il feut descendre en arrivant au Louvre, où il visittat la reyne d'Angleterre. De là il s'en alla ches luy, où les Prevost des Marchands et les eschevins l'attendoint pour le complimenter et le remertier de ce qu'il avoit faict donner la paix au peuple. En mesme temps il y feu visitté par des depputtés de touttes les compagnies souveraines, par M. le duc de Beaufort, le mareschal de la Mothe, et le Coadjuteur de Paris, et par grand nombre d'autres personnes de marque, ce qui a continué aujourd'huy. S.A.R. s'en doit retourner demain à St Germain.

Mme la Princesse douairiere arrivat aussy en ceste ville, où elle a esté aussy fort bien receue. Elle descendit ches Mme de Longueville, sa fille, et de là s'en allat dans l'hostel de Condé, où sa cour a esté fort grosse. M. le prince de Conty y retourna loger avec elle.

Le mareschal de la Mesleraye arrivat aussy en ceste ville, d'où il doibt partir pour Bretagne dans 7 ou 8 jours. Le marquis de Jersey, qui avoit esté envoyé de la Cour contre le marquis de la Boulaye, ayant receu la declaration de la paix envoyat à celuy cy, qui estoit lors à Montrurel dans la Perche, lequel l'acceptat d'abord et mis les armes bas; mais apres, le premier ayant demonté quantité de cavalliers, on s'en plaignit à la Cour comme d'ung infraction du traicté, et la Reyne luy envoyat ordre de rendre tout ce qu'il avoit pris. M. de la Trimouille a aussy desarmés.

Le lieutenant general Rose doit demain partir de St Germain pour aller lever une armée de 8 mille hommes en Allemagne, laquelle il commandera en qualité de general. L'en se promit beaucoup de luy à cause du grand credit qu'il a parmy les soldatz, qui l'ayment fort. L'on a luy a donné un peu d'argent et des lettres de change pour en recevoir en Allemagne.

Le general d'Erlac est sur la frontiere de Champagne avec 8 cents hommes.

Le mareschal du Plessis s'advance vers la frontiere. On l'a faict gouverneur du duc d'Anjou. Vous avees sceu comme le baron de Marchin avoit faict semblant de vouloir faire retirer en France les trouppes de Catalougne. Les Catalans l'ayant sceu, despescherent en mesme temps un courrier à la Cour pour prier la Reyne de ne les point rappeller, offrant de se cottiser pour les faire subsister, /22v/ ce que Sa M. leur accordat.

M. le comte d'Harcour est attendu demain à St Germain, et M. le duc de Longueville lundy prochain.
M. le Prince est arrivé se [ce] soir en ceste ville accompagné du mareschal de Granmont, du marquis de la Moussaye, du comte de Paluau et de plusieurs autres seigneurs.
/23/ De Paris le 23 avril 1649

Le 16 du courant M. le duc d'Orleans s'en retourna à St Germain.

Le 17 M. le Premier President ayant proposé au Parlement, les 3 chambres assemblées, de depputter vers M. le Prince, il feut dit que cela estoit sans exemple; mais sur ce qu'il representat que S.A. avoit donné parolle que la declaration seroit observée de point en point, il feut arresté que les mesmes qui avoint complimenté M. le duc d'Orleans iroint ches M. le Prince. Les Enquestes repugnerent beaucoup, et apres des grandes contestations il feut arresté que deux des Enquestes seulement y iroint, ce qui feut executté. M. le Prince, apres les complimentz, les conduisit jusques au bas de son degré. M. le duc de Beaufort le feut aussy veoir avec M. de la Mothe, le Coadjuteur, et tous les autres qui avoint esté chefz du party de Paris. Le lendemain 18, S.A. s'en retourna à St Germain.

Le 19 le marquis de la Boulaye arriva en ceste ville. Les provinces d'Anjou et du Maine se plaignent fort de luy parce qu'apres les avoir engagés à suivre le party des Parisiens, il les a desarmés et mesmes obligés la ville du Mans à luy rendre les armes, qui ont esté remises entre les mains du marquis de Jersey. Celuy icy, soit pour venger la mauvaise affection qu'ilz ont tesmoigné à l'evesque du Mans, son parent, ou pour y executter les ordres de la Cour, a tous permis à ses trouppes, excepté le feu et le viol.

Le mesme jour on eut advis que la ville de Sens en Bourgoigne avoit refusé l'entrée à 4 regimentz d'y entrer de force; mais on a sceue despuis que les habitans les ont priés d'y entrer, ce qu'ilz ne vouleurent faire et se contenterent de loger aux fauxbourgs pour avoir plus de liberté de courir à la campagne et y vivre comme des gens qui ne sont point payés. Le regiment de M. le Cardinal avec quelques autres entrerent à Auxerre, qui leur feut baillé pour quartier d'hyvert.

Ledict jour on eut advis de Bourdeaux que le duc d'Espernon s'estoit emparé de touttes les advenues de ceste ville là et principalement des 2 rivieres, et que tousjours ce duc est fort irritté contre le Parlement, où l'on faisoit bonne garde; et qu'il y estoit arrivé pour le service de ladite ville 32 pieces de canon; mais se [ce] gouverneur ayant faict venir six vaisseaux de guerre que luy avoit envoyé M. Dognon gouverneur de Brouage, estoit resoulu de ne point traicter avec ledit parlement, ayant pour luy la Haute Guyenne et mesmes la ville de Montauban, avec toutte la noblesse. Il envoye icy M. le duc de Candale pour dire les raisons qu'il a eu de faire ceste entreprise.

Le mesme jour les sept corps de mestier de ceste ville allerent à St Germain par l'ordre de M. le Procureur du Roy veoir Leurs M. pour prier de revenir, lesquelz feurent receus comme les autres qui y avoint esté auparavant. /23v/

Le 20 au matin M. de Longueville arrivat à St Germain. M. le prince de Conty s'y trouvat en mesme temps avec le marquis de Noirmonstier et de Laigue. M. le Prince les traictat tous à disner, apres quoy ilz feurent veoir la Reyne, qui fist asses grise mine aux deux derniers. En mesme temps y arriverent une vingtaine des depputtés du Parlement de Rouen, et 3 ou 4 de la Chambre des comptes, qui feurent conduitz par M. de Longueville dans la chambre de Sa M., où ilz firent des belles harangues, apres quoy le duc de Longueville vient coucher en ceste ville.

L'apresdisnée M. le duc de Vendosme y arrivat et feut en mesme temps veoir S.A.R. accompagné des ducs de Mercoeur et de Nemours, et de là ches la Reyne, où il feut fort bien venu.

Le mesme jour 20, on tuat un commis à la porte de Montmarthe qui levoit les entrées du vin.
Ledict jour M. Drouet, gouverneur du Bois de Vincennes, receut ordre de descendre le mareschal de Ransau du donjon à la basse court.

Le mesme jour on eut advis de Tholose que le Parlement de Bordeaux avoit envoyé un courrier à celuy de Tholose pour le prier de luy donner un secours de bled et de gens de guerre; surquoy celui cy depputat un president au mortier et 2 conseillers de la Grand' Chambre vers M. d'Espernon, pour le supplier de leur vouloir remettre ses differentz et pour luy faire veoir la declaration du Roy et faire aussy la mesme priere audit Parlement de Bordeaux. Cepandant la pluspart des trouppes de Catalogne estant aupres dudit duc, les Espagnolz commenceoint à incommoder les Cathalans par leurs courses, tant vers la vallée d'Aran que ailleurs.

Le 21, cinq ou 6 compagnies du regiment des gardes arriverent en ceste ville venantz des environs de St Germain. Ilz sont logés dans les fauxbourgs à l'ordinaire.

Le mesme jour le mareschal du Plessis arrivat à St Germain qui a laissé ses trouppes dans leurs quartiers d'hyvert en Picardie.

Le general Herlac, qui estoit à Chasteau Porcien, a eu ordre de la Cour de faire un effort pour jetter du secours dans Ipre, en sorte touttefois que s'il ne jugeoit pas d'y pouvoir arriver asses à temps, qu'il entrat dans le /24/ duché de Luxembourg pour faire diversion, et que cela serviroit de monstre à ses soldatz.

Un courrier envoyé le 20 du courant de Donquerque par M. de l'Estrade pours remercier Leurs M. des prouvisions du gouvernement qu'il avoit receu, rapporte que ledit d'Herlac a faict tout ce qu'il [qui] luy a esté possible pour faire entrer le regiment de Beaujeu dans Ipre, sans en pouvoir venir à bout, à cause que les ennemis serroint la place de tropt pres et qu'il n'y a ny gouverneur, ny lieutenant, ny autre qui commande; de sorte qu'il y a grand aparence que la place est perdue desja avec la garnison, qui n'est fort que de 1500 fantassins et 200 chevaux et nos canons, qui sont en nombre de 32 pieces, avec quantité de pontons et d'autre attirail.

On a nouvelle que le comte de Bethune, pere du comte de Charrost, mourut à Selles en Berry il y a 4 ou 5 jours.

Le baron du Bec, prisonnier au chasteau de Vincennes puis la bataille de Lens, feut hier mis en liberté, ayant donné pour sa rançon 2000 pistolles. Hyer le bailly de Valencey partit pour aller à Rome ambassadeur ordinaire.

Le Conseil privé s'en vient en ceste ville, ce qui faict esperer que la Cour y viendra aussy dans le commencement de la semaine prochaine, mais on dit que si elle y vient se [ce] ne sera pas pour longtemps, la resolution estant prise d'aller à Compiegne.

On parle de restablier la compagnie des mousquetaires du roy soubz la conduicte de M. de Treville, et mesmes d'en faire une nouvelle composée de cent hommes, mais les eaux de l'Espargne sont tropt basses pour cela.

M. le duc d'Orleans doibt partir lundy prochain pour aller faire une promenade de 15 jours à Orleans et Blois. Madame a faict tous ses effortz pour venir en ceste ville, mais on luy dit qu'elle y viendra bien tost avec la Reyne. Mademoiselle s'en revient lundy prochain.

Hyer sur une requeste qui feut presentée de la part des provinces d'Anjou et du Mayne pour demander justice du desordre que les gens de guerre y font, les traicttans comme rebelles apres qu'ilz ont quitté les armes, les Enquestes demanderent l'assemblée des chambres; mais M. le Premier President, pour l'empescher, promit d'en escrire à la Reyne, qui sans doubt y /24v/ donnera ordre, et que s'il n'y estoit promptement remedié on se pourroit assembler. Aujourd'huy on s'assemble par depputtés ches M. le Premier President, et l'on croit que c'est pour le desordre que les gens de guerre commettent impunement partout. M. de Lavie, advocat general de Bordeaux, est arrivé icy ayant esté depputté de sa compagnie pour representer à la Reyne ses interestz et ses raisons. M. d'Argenson a escript de se [ce] pays là que les espritz y estoint fort animés et a envoyé les demandes du Parlement, qui sont entre autres: premierement, que la mairie soit laissée à perpetuitté au president Daffis; 2e, que 4 conseillers du Parlement assistent tous les ans à la creation des juratz; 3e, que l'on remette au presidial le Chasteau d'Haa [Hâ] pour y mettre un conseiller qui commandera dans ledit chasteau et que l'on changera tous les deux ans; 4e, que l'on donne le gouvernement du Chasteau Trompette à un gentilhomme qui sera nommé par le Parlement et les bourgeois de Bourdeaux à la pluralité de voix, etc.

/25/ [Hand # 4]  De Parys le 30e d'avril 1649

Tous les esprits raisonnables continuent à vivre icy dans le calme, quoique fort tristes et bien estonnés de ne voir d'apparence que la Cour revienne de long temps à Parys; mais les ennemis du repos, quoique en fort petit nombre, murmurent encore contre cette paix et se servent des occasions qu'ils trouvent pour en tesmoigner leur desgout, particullierement dans la levée des droits d'entrée, et en veulent encore aux Italiens. Le 26e du courant trois domestiques de Mons. le Cardinal sortant du logis du sieur Bautrou furent attaqués par des gens inconnus, qui les maltraitterent fort et les blesserent en plusieurs endroits.

Le 27e il y eust encore du bruit aupres l'Arcenat sur ce que 7 ou 8 domestiques du mareschal de la Melleraye, estant passé dans la petite sale Louviers, voulurent obliger quelques batelliers qui jouoient à la boule de leur quitter le jeu et les maltraitter de parolles; mais ceux cy ayant crié, "O Mazzarins," l'un des premiers en tua un d'un coup de pistolet, ce qui obligea les battelliers d'appeller à leur secours leurs compagnons, qui accoururent aussitost avec des crocz et maltraitterent les gens de ce mareschal, en sorte qu'il y en eust deux tués, un noyé, et deux autres enlevés, lesquels furent menés en prison. Les autres se sauverent à la nage.

Le 23e du courant on sortit de l'Arcenat quelques pieces de canon et munitions qu'on dit avoir esté ammenés dans le chasteau de Meulan, dont M. le Cardinal est gouverneur, et l'on travaille à le fortifier.

Le 24e Mademoiselle vint en cette ville et s'en retourna à St Germain hyer.

/25v/ Le 25e le duc de Vendosme vient hyer de St Germain, où il retourna le 28e. L'on parle fort 7 ou 8 jours du mariage du duc de Mercoeur, son filz, avec la niepce aisnée de M. le Cardinal, et quelques uns tiennent cest affaire pour conclue, asseure mesme que par [ce] moyen on donne le gouvernement de Bretaigne au duc de Vendosme et l'admirauté du Ponant au duc de Mercoeur; mais le duc de Beaufort peste fort contre ce dessein et d'ailleurs l'on ne croid pas que M. le Prince consente que l'admirauté soit donné à personne.

Le 26 M. le duc d'Orleans partist de St Germain et vint coucher icy. Le 25 il s'en alla à Limours, dont il s'en alla hyer à Chartres. De là il doibt aller à Orleans, à Blois, à Chambort, et à Amboise et revenir dans quinze jours pour aller trouver la Cour à Compiegne. M. le Prince s'en va aussi faire un voyage de 3 sepmaines en Bourgongne.

Le 27 M. le prince d'Arcourt presta le serment de fidelité pour le gouvernement d'Alsace qu'on luy a donné.

Le mesme jour le comte d'Olonne fist aussi son serment entre les mains du Roy pour la charge de cornette des chevaux legers de la garde de Sa M. qu'il a achepté 80 mille escus au marquis de Gerzey.

Le 28e on eust advis de Bourdeaux du 23 du courant que M. d'Argenson y estoit arrivé et qu'on esperoit qu'il pourroit pacifier les esprits; que cependant le marquis de Chambret, general de[s] Bourdelois, seroit tousjours à la campagne pour rendre les passages libres et faire entrer les vivres dans Bourdeaux; et que le duc d'Espernon estoit malade en sa maison de Cadillac.

Le mesme jour on eust advis de Provence que le comte d'Alais ayant voulu faire tenir l'assemblée des Estats de la Provence à Marseille ou à Lembes [Lambesc], le Parlement d'Aix s'y est opposé, pretendant que c'est contre les loix, et a ordonné arret pourtant deffenses aux desputés de s'y trouver; à quoy quelques uns adjoustent que ce comte a esté declaré criminel et /26/ ordonné qu'il seroit levé des troupes pour la deffence de la province, lesquelles le comte de Carses, qui est tousjours dans la mesintelligence avec le premier, s'est offert de commander et a fait des levées pour cest effect à Carpentras. La ville de Toulon, dont le chevallier Molé, filz du Premier Presidant de Parys, est gouverneur, et quelques autres de la province qui n'estoit pas declaré pour le Parlement, ont obtenu une evocation au Parlement de Parys de tous leurs proces, affin de ne tomber point entre les mains de celluy de Provence, dont la noblesse, qui avoit aussi tenu le party du comte d'Alez, poursuit la mesme chose. Le comte est allé visiter touttes les villes de la province pour y asseurer les esprits.

Le mesme jour les mareschaux du logis partirent pour aller marquer les logis à Compiegne, où la Cour s'en va.

Hyer les compagnies souveraines de cette ville receurent chacune une lettre de cachet par lequel le Roy leur mandoit qu'ayant sceu que les ennemis avoient assiegé deux places en mesme temps en Flandres, affin de pouvoir plus commodement donner ordre à ses affaires, et que cependant il leur recommandoit de tenir la main à ce que touttes choses demeurassent en bonne ordre icy et dans le ressort du Parlement de Parys.

Il y a un arrest du Conseil d'en haut donné despuis trois jours portant ordre à touttes les villes du royaume de recepvoir les trouppes qui leur seront envoyées, de leur payer tous les jours ce que leur sera ordonné, et une montre entiere lors qu'elles en sortiront.

Ce matin Sa M. est partie de St Germain à 9 heures avec la Reyne et M. le Cardinal et est allé disner à Argenteuil et de là coucher à Chantilly, où M. le Prince traitte ce soir la Cour, qui en doibt partir dans deux jours pour aller coucher à Compiegne, et /26v/ S.A. pour aller en Bourgongne.

L'on a remarqué que le Roy ayant sceu qu'on ne le ramenoit point à Parys, en a tesmoigné du desplaisir.

Mme la duchesse d'Orleans n'est pas encore partie de St Germain, et Mmes les princesses de Condé sont encores icy.

M. le Chancellier est arrivé icy aujourd'huy avec le Conseil privé, mais on dit qu'il suivra la Cour à Compiegne. Il avoit temporisé jusques icy à venir à cause des rentes de l'Hostel de Ville, qu'il falloit reigler auparavent, et d'un nouveau different qu'il avoit avec le Parlement, lequel pretend qu'on a contrevenue à la declaration du mois d'octobre par un arrest du Conseil donné la sepmaine passé en faveur de l'evesque d'Alby, par lequel l'affaire est renvoyé aux Requestes de l'Hostel pour y estre jugé en dernier ressort.

L'on a trouve à redire à la Cour ces jours passés que le prince de Conty et le duc de Longueville y fussent ensemble à cause de leurs seances dans le Conseil d'en haut, et l'on vouloit que quand l'un y seroit, l'autre fust icy. Le premier doit aller dans la sepmaine prochaine se faire recepvoir en son gouvernement de Champagne.

Le mareschal de Grammont est encore à la Cour, mescontant de ce qu'on a donné au mareschal du Plessis la charge de gouverneur de M. le duc d'Anjou, qu'on luy avoit faitte esperer. Il s'en va en peu de jours en son gouvernement de Bearn.

On asseure que la charge de premier escuyer de ce petit prince a esté donné au commander de Jans [Jars?], celle de maistre de la garde robbe [à] de Cossé, frere du duc de Brissac, et celle de chancellier au jeune Bautru, maistre des requestes.

L'on a donné encore aucun employ au comte Serviant, et l'on a remarqué qu'il a voulu preceder le comte /27/ d'Avaux dans le Conseil, ce que n'a pas esté trouvé bon. On dit que le duc de Longueville empesche qu'il ne rentre dans la charge de secretaire d'Estat qu'il a demandé en la place de M. Le Teillier.

On a proposé au comte de Charost de prendre la charge de premier gentilhomme de la chambre du roy, qui appartient à M. de Liancour, et faire demission de la sienne au sieur d'Estrades, creature de M. le Cardinal; mais la premiere valant 100 mille livres plus que celle cy, ce comte dit qu'il ne pût pas bailler cette somme, et que si l'on en veut indempniser M. de Liancourt, il y consentira volontiers.

La differend d'entre l'abbé de Meymac et l'evesque de Bayeux, fils du Premier President, touschant la thresorerie de la Ste Chappelle, est accommodé. L'on a donné au premier une abbaye en Lorraine et par ce moyen [la] tresorerie demeure au dernier.

Le comte d'Arcourt va commander l'armée en Flandres. Les lieutenants generaux sont MM. de la Ferté Senneterre, de la Ferté Imbaud, d'Oquencourt, et Paluau.

Le fort de la Quenoke [Knocke] fust pris par les ennemis le 22e du courant, et trois cens hommes qui estoient en garnison se rendirent prisonniers de guerre.

Les lettres de Furres [Furnes] du 27 viennent d'arriver et portent que le 24e la garnison d'Ipre fist une grande sortie sur la tranchée qui avoit esté ouverte le jour precedent et qui avoit esté gardé par les regiments de Don Balthazar Marquadée et Don Gaspard Boniface; qu'elle fist prisonniere un /27v/ mestre de camp et quelques capitaines, tua pres de 400 soldarts espagnols naturels, et en blessa 5 à 600, qui furent porté à Dixmode; et qu'appres cella, la cavallerie ennemie empescha la garnison de brusler les luses [sic] du camp et luy fist quitter la tranchée appres qu'elle en avoit rasé une bonne partie; que la cavalerie de la garnison appuyant la retraitte de son infanterie, se mesla plusieurs fois avec celle des ennemis pour luy donner temps de rentrer dans la place sans y avoir perdu que 17 cavalliers et un capitaine fait prisonnier par les ennemis appres avoir esté blessé de 5 coups.

Le comte de Paluau est à Furnes. Il n'a pû encores entrer dans sa place d'Ipre. L'Archiduc a changé le gouverneur de St Omer.

Le general Erlach s'en va vers le comté d'Ainaut pour faire diversion.

Les habitans de Beauvais ont osté à 300 Allemands, qui y ont passé pour s'avancer en Picardie, tout le butin qu'ils avoient fait autour de Parys et ailleurs en allant et venant, et ne leur ont laissé que leurs chevaux et armes.

Les ennemis ont assiégé La Motte aux Bois.

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