Panat in postcardThe Ranums'

Panat Times

Volume 1, redone Dec. 2014

Contents

Volume 1

Panat

Orest's Pages

Patricia's Musings

Marc-Antoine

Charpentier

Musical Rhetoric

Transcribed Sources


 

1816: Un contretemps entre Monsieur Bancalis Lormet d'Issalinie, et le comte de Panat

Dans ses papiers, Charles-Louis d'Adhémar de Panat a préservé quelques traces d'une échange épistolaire assez désagréable à propos d'une coupe de bois. Le 27 juin 1816, le comte a dressé deux lettres où il est fait allusion aux droits que les d'Adhémar détenaient depuis au moins 1659. Les deux lettres commencent de la même manière: "Je vous envoie le cahier des reconnaissances ...."

On ne peut pas dire avec certitude laquelle version le comte de Panat a envoyé à M. Bancalis Lormet: la version longue ou la version bien plus brève où le comte menace de rompre toute relation avec ce voisin. À en juger par la phrase finale de la réponse de Bancalis Lormet -- "... que cela puisse me priver de vous voir..." il a reçu la version brève. Comme pour beaucoup de recherches dans les archives, les trois lettres qui suivent ne permettent pas de dire qui a gagné cette petite guerre. (Les documents sont préservés dans le Fonds Panat des Archives départementales de l'Aveyron.)

Première version

À Monsieur
Monsieur Bancalis Lormet en son domaine
à Lissalinie

À Panat le 27 juin 1816
Monsieur

Je vous renvoie le cahier des reconnaissances que vous avez bien voulu me preter. Recevez-en mes remerciments. Je l'ai lu attentivement. Je ne trouve pas votre réclamation juste. Deux articles de vos reconnaissances fait [sic] confronter une terre au terroir de la Roucairie contenant trois seterées: du levant, terre de Sainbausel, du lieu de Flaugeac qui fut de Louise Nozières, veuve de Sainbausel et avant de Jean Issali Regourt; du midi terre de La Doux dit Cardaire de Panat que fut de La Doux, et avant de Jean Bonnaire du même fief; du couchant bois du seigneur de Panat, broal entre deux; du septentrion terre des héritiers Le Cavalier dit Tabardol de Fijaguet acquéreur de Capelly dudit septentrion terre dudit Capelli, que le tout fut de George Capelli. Le trente huitième article de vos reconnaissances fait mention d'une autre terre au terroir sive à La Borie del Ponsonat ou à Cap del Bosc contenant quatre cétérées une quarte, confronté du levant terre dudit Rossal que fut dudit Arnal. Du midy, terre dudit Dauni dit Gamel; du couchant terre de Me Castanié, curé de Panat, que fut d'Étienne Anglarés du Bac de Panat; dudit couchant avec le susdit bois dudit seigneur de Panat, broal entre deux; et du septentrion de la susdite terre de ladite Dame, aussi baillée en échange par le seigneur de Panat audit feu sieur Albouy ci-dessus confrontée. Il ne me paraît pas que votre réclamation soit juste, vu qu'il n'y a aucun bois contigu qui vous appartienne. Les messieurs Alboui, gens très instruits, et qui été greffiers de la terre de Panat, n'auraient pas manqué de faire leurs réclamations pour en jouir, ainsi que Monsieur de Taiac qui a eu des affaires avec feu mon père. Au reste, d'après le conseil que m'a donné un sçavant et respectable jurisconsulte, je m'en tiendrai au dernier cadastre de la commune de Panat qui date du 6 avril 1659. Voilà donc cent cinquante sept ans que mes devanciers et moi avons conservé la possession immémoriale du fonds dans lequel les arbres ont été coupés. Le dernier cadastre a dérogé au premier sur beaucoup de mutations qui ont eu lieu dans l'intervalle. C'est par conséquent la prière imprimée que vous avez eu la bonté de me prêter et je vous en remercie.

Recevez, je vous prie, les asseurances du très sincère attachement de votre très humble et très obédient serviteur,

Le comte d'Adhemar de Panat

Seconde version

Panat le 27 juin 1816
Monsieur [Bancalis Lormet]

Je vous renvoie le cahier des reconnaissances que vous m'avez prêté, ainsi que la prière imprimée et je vous en remercie.

Le cadastre de la commune de Panat date du 6 avril 1659. Voilà donc 157 ans que mes ancêtres et moi ont par devers eux les messieurs Albouy, gens très instruits et qui ont été greffiers de la terre de Panat, ainsi que Mr Taiac, qui a eu des affaires avec feu mon père et qui a toujours ainsi que moi très bien vécu avec lui n'aurait pas manqué de réclamer la jouissance des arbres qui font l'objet de votre lettre et dont le bois qui en est parvenu a été enlevé d'après mes ordres.

Au surplus, d'après les conseils que m'a donné un fameux et sçavant jurisconsulte, je suis fondé dans la jouissance de arbres dont vous réclamez la propriété et qui font partie de mon bois, et non de votre terrain qui se trouve un charg[ement?] situé dans la plaine.

J'aurais le plus vif regret que cette légère contestation ne privât de vous voir. J'ai l'honneur d'être avec un sincère attachement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Le comte d'Adhémar de Panat

Réponse de Bancalis Lormet

Lissalinie le 28 juin 1816
Monsieur

J'ai été on ne peut plus surpris de la conduite qu'a tenu envers moi Mr Tenndel en faisant enlever d'autorité le bois qui était en litige avec vous. Je me donnerai bien de garde de vous accuser d'un pareil procédé, surout après vous avoir donné mes pièces justificatives, et ne pas me les avoir rendus, parce que si vous l'avés fait ce serait un acte indigne d'un homme qui porte votre nom; c'est un fait de traitre et de mauvaise foi qui mérite vengeance.

Ou bien la reconnaissance est une fausseté, ou bien vos ancètres ont voulu s'investir du bien de la maison d'Albouy. Il est impossible que le bien vous appartienne et que vous en tiriés une reste. Il faut donc dans touts les cas que vous me donniés seize cétérées et une quarte de terre, ou que vous me remetiés la rente qui est imposée et que mes ancêtres ont payée depuis longtemps.

D'ailleurs relisés la reconnaissance et vous verrés que c'est un fond cédé par vos ancêtres à la maison d'Albouy en échange.

Un homme à procédés n'aurait jamais pris le bois sans en prévenir celui qui le réclame. Je ne puis plus m'empêcher d'en agir en justice; mais je réclame d'avance la pièce que j'ay eu l'honneur de vous remettre qui m'appartient et qui est seule juge de notre cause. Vous m'opposerés la jouissance trentenaire qui ne peut que vous faire le plus grand tort dans l'esprit du public, et alors je me contenterai de vous le laisser sur votre conscience; parce qu'il n'est pas juste que vous jouissiés le fonds et que j'en aye payé la rente. Je vous dirai que touts les géomètres sont d'accord que le giroual appartient à celui qui occupe la partie supérieure.

Il est bien fâcheux pour moi que cela puisse me priver de vous voir, le seul et unique voisin avec qui je puisse vivre. J'ay l'honneur d'être, Monsieur, en attendant votre réponse et mes papiers, votre très humble et trés obéissant serviteur,

Bancalis Lormet

 

First published in Volume 1 with the URL http://ranumspanat.com/bancalis_lormet_panat.htm