Panat in postcardThe Ranums'

Panat Times

Volume 1, redone Dec. 2014

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Volume 1

Panat

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Marc-Antoine

Charpentier

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Nécrologie: M. Émile Cayron, ancien curé de Panat

Cayron, Émile, Paul, Alexandre: Né à St Hilaire le 30 juillet 1838 - Ordonné Prêtre le 10 juin 1865 - vicaire à Maleville le 10 juin 1865 - vicaire à Prévinquières de Rignac le 26 mai 1869 - curé de Panat le 26 novembre [18]72. Décédé le 24 octobre 1919. (Fichier de l’évêché de Rodez) 

Grâce au Livre de la paroisse de Panat qu’il tenait et nos citons dans plusieurs de nos articles sur la nouvelle église, et aux quelques aperçus de sa personnalité chaleureuse et attachante qu’on y peut puiser, on se sent déjà un peu ami de l’abbé Émile Cayron, curé de Panat. Cette notice conservée par l’évêché de Rodez permet d’approfondir un peu notre connaissance de l’homme:

"Le 24 octobre dernier [1919], M. Émile Cayron rendait sa belle âme à Dieu, quelques instants après avoir reçu une suprême absolution et une dernière fois le St Viatique. Nous aurions souhaité qu'une plume plus exercée ou un ami d'enfance nous fit connaître le Curriculum vitae du défunt. Puissent ces quelques lignes faire revivre la figure de ce bon prêtre et lui attirer une prière de la part de ses confrères.

Émile Cayron était un des anciens de sacerdoce; il vint au monde le 16 août 1836 à Fréjemayoux près de St-Hilaire, paroisse privilégiée qui eut l'honneur de compter deux confesseurs de la foi pendant la Révolution et de donner le jour depuis cette époque à 22 prêtres, dont plusieurs ont joué un rôle important dans le diocèse. Dans la famille Cayron elle-même les traditions religieuses se transmettaient de père en fils. Les vocations y existaient de longue date. J.-P. Cayron, père du défunt, était le propre neveu d'un prêtre vénérable, Pierre-Jean Cayron, confesseur de la foi, mort au fort de Hâ le 1er novembre 1794. Sa pieuse mère, qui se retira plus tard auprès de son fils et mourut à Panat, était elle-même une nièce de Pierre Malrieu, curé de Montbazens, député à l'Assemblée Nationale, conseiller de Mgr de Seignelay de Colbert [de Castle Hill], supérieur du Grand Séminaire. Ces traditions sacerdotales devaient se perpétuer jusques à nos jours.

Encouragé par de si puissants exemples et attiré par son frère Marcellin, le jeune Émile répondit de bonne heure à l'appel de Dieu et entra au Petit Séminaire de Belmont où il n'eut pas de peine à s'attirer l'estime de ses maîtres et l'affection de ses condisciples.

Ses études terminées, il entra sans hésiter au Grand Séminaire. S'il ne fut pas de ceux qui briguent l'honneur de faire parler d= eux aux grandes assises de fin d'année, il fut toujours le séminariste sérieux, édifiant et appliqué à son devoir.

Au sortir du Séminaire il reçut le titre de vicaire de Malleville où se trouvait comme curé un de ses oncles, Pierre Palayret. Il fut son bâton de vieillesse et eut la consolation de l'assister à sa mort.
L'administration de cette paroisse ayant passé entre les mains de son frère, Marcellin Cayron, il fut lui-même transféré à Prévinquières. Là, nous dit-on, il fut encore le vicaire dévoué, zélé, faisant le bien sans bruit, aimé de ses confrères pour sa bonne humeur et son entrain.

En 1872, la cure de Panat étant devenu vacante, il fut désigné pour aller occuper ce poste. Il a eu le grand mérite de passer 35 ans dans cette modeste paroisse, se dévouant corps et âme pour le bien de ses paroissiens. À son arrivée à Panat, il ne trouva point d'église: les fidèles se réunissaient pour les offices dans la chapelle du château du comte de Panat.

Le bon curé eut vite compris qu'à cette population il fallait une église indépendante. Bien de difficultés l'attendaient: les vignes avaient péri, les paroissiens étaient pauvres et ne s'entendaient pas sur l'emplacement, l'État distribuait des secours avec parcimonie, les confrères se montraient sceptiques, ses supérieurs ne l'encourageaient guère, le diable enfin s'en mêlait. Mais lorsque M. Cayron avait une idée en tête, bien malin aurait été celui qui l'aurait convaincu du contraire; il se mit donc l'œuvre malgré tout le monde et amena son œuvre à bonne fin.

Après avoir logé le bon Dieu, il songea loger son serviteur et construisit tout près de la nouvelle église un presbytère convenable: à côtè de ces œuvres matérielles qui feront bénir sa mémoire, il n'a pas négligé le bien spirituel du troupeau. C'était même la principale préoccupation du pasteur.

Fidèle observateur sans doute de la résidence démandée par nos saints canons, il aimait cependant à faire tous les ans son petit voyage. Le directeur des pèlerinages diocésains pouvait toujours compter sur lui. Sans parler de Lourdes, la plupart des sanctuaires de France lui étaient familiers. Il se flattait d'avoir accompli le pèlerinage de Rome autant de fois qu'il y a de sacrements [sept], trois fois celui de Jérusalem pour accroître, disait-il à ceux qui lui opposaient le raro sanctificantur, et développer en lui les trois vertus de Foi, d'Espérance et de Charité. Il aimait raconter quelqu'une de ses aventures en Terre Sainte, entre autres son voyage en barque sur le lac de Tibériade terminé par une noyade périlleuse, mais homme de foi il n'avait pas douté de son salut. Attentif aux petits détails, il avait eu soin de rapporter une cruche d'eau de Jourdain pour en faire son eau baptismale, et aussi un fût de vin de Nazareth qui lui donna même quelque souci pour le ramener à Panat. Du reste, à ses heures, il était heureux d'en faire profiter ses voisins.

Les années s'écoulaient pendant qu'il faisait l'œuvre de Dieu. À l'époque de la loi de Séparation [1905-1906] il aurait put encore continuer son service: il avait une santé robuste, mais à ce moment les prêtres abondaient; il demanda et obtint de Monseigneur la permission de céder à un autre le gouvernement de sa paroisse et de se retirer dans l'ermitage qu'il avait fait construire pour son usage et celui de ses successeurs. C'est là qu'il passa ses douze dernières années, menant une vie d'austérité et de pénitence.

Pendant la guerre [1914-1918] il se dévoua pour remplacer son successeur mobilisé, trouva même assez de forces pour assurer le service religieux d'une paroisse voisine, jusqu'au jour où il dut abandonner tout travail, pouvant à peine offrir le Saint Sacrifice et réciter le Bréviaire. Quelle peine ce fut pour ce bon prêtre de se voir cloué dans son fauteuil de matin au soir! Mais aussi quelle joie lorsqu'il recevait la visite d'un confrère ami!

Il a vu arriver la mort avec confiance, impatient de retrouver la famille de prêtres dont il était un des derniers survivants.

Tous les curés du district de Valady, ses anciens paroissiens de Panat et ceux des paroisses voisines, de nombreux parents s'étaient fait un devoir d'assister à ses obsèques, témoignant par leur présence l'affection qu'ils portaient à ce prêtre vénéré.

Nous aimons croire que Dieu a déjà reçu dans son Paradis le serviteur fidèle qui lui a bâti une demeure ici bas: nous continueront cependant à prier pour lui. Aux divers membres de son honnorable famille nous offrons nos respectueuses condoléances.

Un ami
 

Source: Revue Religieuse, 1920, archives de l'évéché de Rodez

 

First published in 2013 as http://ranumspanat.com/cayron_necrologie.htm