Panat in postcardThe Ranums'

Panat Times

Volume 1, redone Dec. 2014

Contents

Volume 1

Panat

Orest's Pages

Patricia's Musings

Marc-Antoine

Charpentier

Musical Rhetoric

Transcribed Sources


 

A letter from Queen Christina of Sweden to Pierre Bayle, 1686

Montpellier, archives of the School of Medicine, Vol. IX, 206

Rome, ce 14 Decembre 1686

M. Bayle, j'ay receu vos excuses, et j'ay bien voulu vous temoigner par la presente que j'en suis satisfaite. Je sçay bon gré au zele de celuy qui vous a donné occasion de m'escrire, car je suis ravie de vous connoistre. Vous tesmoignés tant de respect et d'affection pour moi, que je vous pardonne de bon coeur, et sçachez que rien ne m'avoit chocqué, que ce reste de protestantisme dont vous m'accusiez. C'est sur ce sujet que j'ay beaucoup de délicatesse, parce qu'on ne peut m'en soupçonner sans offencer ma gloire et m'outrager sensiblement, mesme vous feriez bien d'instruire le public de votre erreur et de vous repentir. C'est ce qui vous reste faire pour meriter que je sois entierement satisfaicte de vous. Pour la lettre, que vous m'avez envoyée, elle est de moy sans doute, et puisque vous dites qu'elle est imprimée, vous me ferez plaisir de m'en envoyer des exemplaires. Comme je crains rien en France, je ne crains aussi rien à Rome. Mon bien, mon sang et ma vie mesme sont dévoués au service de l'Eglise, mais je ne flatte personne, et je ne diray jamais que la verité. Je suis obligée à ceux qui ont voulu publier ma lettre, car je ne deguise pas mes sentiments. Ils sont grace à Dieu trop nobles et trop dignes pour estre desavouées. Toutefois il n'est pas vray que cette lettre est escrite à aucun de mes ministres, comme j'ay des envieux et des ennemis, j'ay aussi des amis et des Serviteurs par toute la terre. et J'en ay peut estre en France, mesme à la cour, autant qu'un lieu du monde. Voila la pure verité, c'est sur quoy vous pouvez vous reglez. Mais vous ne serez pas quitte à si bon marché que vous le croyez; je veux vous imposer une penitance, qui est qu'à l'avenir vous preniez la peine de m'envoyer des livres de tout ce qu'il y aura de curieux en Latin et en français, Espagnol et italien, et en quelque matiere et science que ce soit, pourveu qu'ils soyent dignes d'estre veus; je n'excepte pas mesme les Romans ny les Satires, et surtout s'il y a des ouvrages de chimie, je vous prie de m'en faire part au plustost, N'oubliez pas aussi de m'envoyer vostre journal. Je fourniray la depense que vous ferez, il suffit que vous m'en envoyez le compte. Ce sera me rendre le plus agreable et important service que je puisse recevoir. Dieu vous prospere.

C A