January 16, 1709, Plainte pour Estiennette Charpentier, fille
majeure, contre Jacques Mathas
Pour Louis Regnard, conseiller
du roy, commissaire enqueteur et examinateur au Châtelet de Paris, ...
au quartier de Saint Benoit, sur le requisitoire de Estiennette
Charpentier, marchande lingère de Paris, demeurant rue des Noyers,
paroisse Saint Severin, sommes transporté en sa maison où estant en sa
chambre au premier étage sur la cour, ladite damoiselle Charpentier nous
a dit nous avoir mandé pouir nous entre plainte de ce que Jacques Matas,
qui a espousé Marianne Edouart, nièce de la plaignante, homme viollant
et très dangereux, est venu plusieurs fois chez la plaignante l'insulter
et les personnes qui sont demeuré avec elle. Qu'il y a un an ou environ
ladite plaignante estant malade, ledit Matas l'avoit sollicitée pour luy
faire une donnation de son bien et dit que sy elle ne le faisoit, qu'il
luy donnerast un sy bon coup sur la teste qu'elle n'en reviendroit
jamais, et qu'il mettroit le feu dans la maison, lesquelles insultes ou
menaces il a toujours continué depuis et exerce [?] envers la fille de
boutique de la plaignante, qu'il a menacée de maltraitter où il la
trouveroit, et dit qu'elle estoit une friponne. Que le dimanche avant
Noël dernier, il vint chez la plaignante l'insulter et lui dire qui
est-ce qui le récompenseroit d'avoir epouzé sa niepce avec rien, luy fit
là-dessus touttes sortes de discours impertinens. Que le jour d'hier, il
vint frapper avec scandal à la porte de la plaignante, laquelle ne luy
fust point ouverte parce que la plaignante estoit incommodée. Il fit
beaucoup de bruit, menacea la fille de boutique de la plaignante de la
maltraitter, dit qu'il la feroit bien ouvrir et reviendroit plustost six
fois par jour pour la faire ouvrir, et dit encore à une voisine de dire
à la plaignante qu'il alloit revenir et qu'il luy feroit bien ouvrir la
porte. En sorte que la plaignante exposée tous les jours aux insultes
dudit Matas et avec lequel elle n'a memes choses à desmesler, ne
s'estant pas voullu mesler de son mariage avec sa niece, elle a esté
conseillé pour faire cesser les insultes et menaces dudit Matas, de nous
rendre a présente placet [?], de laquelle elle nous a requis, a esté à
elle octroyé pour luy .... [signed:] Estiennette Charpentier
Source: AN, Y 10830]