Panat in postcardThe Ranums'

Panat Times

Volume 1, redone Dec. 2014

Contents

Volume 1

Panat

Orest's Pages

Patricia's Musings

Marc-Antoine

Charpentier

Musical Rhetoric

Transcribed Sources


 

 A Tribute to Louis d'Adhémar de Cransac de Panat

Une voisine disait souvent :"Il n'est pas d'ici ", à propos du châtelain de son village. Le Comte Louis d'Adhémar de Cransac de Panat est né à Tunis où ses parents expatriés exploitaient la vigne, mais il est venu à Panat assez jeune pour jouer dans la terre de la place du village avec Henri et André Delaure. Les Adhémar, ancien seigneurs de La Garinie, arrivent à Panat seulement en 1648,à la suite d'une alliance; leur présence en Rouergue est donc très ancienne, bien que leur origine soit d'essence chevaleresque de la Haute Provence (La Garde Adhémar, Monteil, Clansaye etc ...). Du collège des Frères des Ecoles Chrétiennes de Passy-Froyennes et de l'Ecole Nationale d'Agriculture d'Angers, sort un jeune dandy parfaitement éduqué pour entrer dans la haute société. Il mène une vie d'insouciance et de bohème à Paris comme à Toulouse. Il voyage, rencontre sa famille et découvre la France. Il cherche sa voie dans un monde où le chômage n'est pas seulement réservé aux ouvriers. Il la trouve pour un temps à la Compagnie des Wagons-Lits où il devient chargé de la publicité. Il sera fier de sa participation au lancement du grand train de luxe, La Flèche d'Or.

Sur un défi, il entreprend de réaliser, d'après une mauvaise photo, un considérable travail généalogique sur le mur du grand escalier du chateau de Tilloloy appartenant à la Comtesse d'Hinisdal, descendants de la famille des Belleforières Soyecourt. Chateau totalement détruit en 1914-18 par les Allemands. Il s'initie à l'héraldique, à l'art de peindre et de dorer à la feuille, à la sigillographie. Son oeuvre reste l'une des plus belles pièces du genre en France. Nombreuses sont les grandes familles titrées, de France, ducales, princières, qui ont fait appel à lui pour leurs tableaux généalogiques peint sur soie, sur parchemin,d'une beauté et d'une véracité historique remarquables. D'une parfaite honnêteté intellectuelle, Le comte d'Adhémar de Panat n'a jamais omis de mentionner les petites murettes parmi les quartiers, signe de roture, alors que les plus grands héraldistes, d'Hozier par exemple, les ont parfois oubliées, pour faire plaisir à leurs commanditaires.

Séduit par l'héraldique et la généalogie, excerçant un esprit critique historique très fort, Louis d'Adhémar devient un " rat d'archives " pour vérifier par les actes ce que ses prédecesseurs ont affirmé dans leurs filiations parfois assez fantaisistes. Il fait autorité parmi les érudits en ces domaines, notamment au sein de la Société des Lettres de l'Aveyron à partir de 1951, et de bien d'autres associations d'héraldique et d'histoire locale. Sa competence est reconnue par l'obtention de la grande médaille de la confédération internationale d'héraldique en 1985. Ses connaissances et sa reputation, qui ont traversé nos frontières, de ne jamais accepter le faux ou le non prouvé, l'amènent inévitablement dans les commissions de preuves de noblesse de l'Ordre de Malte et de l'A.N.F. L'éminent Charles Samaran, de l'Institut, a cherché sa collaboration dans la preparation d'une édition critique de l'oeuvre du grand cardinal humanists d'Armagnac, toujours inachevée. Ses communications et articles à la Société des Lettres ne manquaient jamais d'érudition et d'esprit. Il y avait en lui quelque chose du gentilhomme érudit du XVIIIe siècle. Un marquis d'Aulais réincarné. Il a toujours refusé de se joindre aux organisations d'extrême droite, telle l'Action Française. Peiné, après Vatican II, par l'évolution de l'Eglise concernant la liturgie, il a néanmoins résolument décliné toute participation aux groupes qui ont cherché à faire de celle- ci un élément de controverse et d'idéologie. Chez lui, il recevait toujours dans les limites de ses moyens et il était souvent et secrétement le dernier recours de ceux qui, dans l'indigence, ne pouvaient trouver un peu d'argent pour survivre. Scénariste des fêtes médiévales de Claivaux, il a su inspirer pendant plusieurs années dans sa commune un rassemblement à la fois créatif et populaire.

Les grandes révolutions de notre temps n'ont pas facilité sa vie. Mobilisé pendant la Deuxième Guerre, le hasard fait que le colonel Groussard le désigne pour rester à Paris avec une poignée de soldats aux Invalides. Il subit l'humiliation de voir arriver et s'installer l'armée allemande dans ce sein des seins de l'armée française, et est le témoin de la signature de la défaite de son pays. Sa serenité face aux méfaits du temps et de l'âge sur son château étonnaient ses amis. Comme l'historien qu'il était, les ruines d'un château comme Calmont d'Olt, l'émouvaient bien plus qu'un bâtiment un peu restauré. Il avait beaucoup de goût et d'esprit dans les proportions d'un gentlhomme français de la Renaissance. C'était un ami fidèle, indépendant, un parfait fils du Rouergue. Le Comte Louis d'Adhémar de Panat a donné aux Archives de l'Aveyron et à la Société des Lettres un nombre important de documents relatifs à Panat et légué à son fils Roland l'ensemble de ses autres documents, recherches généalogiques. La continuité est ainsi assurée, également par son petit-fils Olivier.


      Comte Roland d'Adhémar de Panat                                                  Orest Ranum