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/1/ De Paris le 25 decembre 1648
Le 14
dudit [mois] les chambres s'estant assemblées au Parlement on proposat 7
contraventions au premier article de la derniere déclaration du Roy,
lesquels consistent ou en des impositions plus grandes qu'il n'estoit
porté par ledit premier article tant sur le total de la taille augmentée
de 1400 mille livres que sur le particulier des generalités d'Orleans,
Poitiers, et Soissons, ou en la formée de la levée. Ensuitte il feut
parlé des desordres des gens de guerre autour de Paris et resoulu d'en
informer, et enfin on parlat de l'affaire des partisans Tabouret,
Cathalan et le Fevre et sur ce que le receveur des amandes s'estoit
plaint à M. le Orocureur General que M. de Chemeraut l'avoit esté menacé
s'il deposoit contre Tabouret, son beaupère. L'on fit des grandz
reproches audit procureur general de ce qu'il n'avoit pas poursuivy là
dessus les informations contre ses trois partisans, à quoy il respondit
qu'il n'avoit rien faict à cause que le receveur n'avoit pas de preuve
de ce qu'il avoit mis en avant. Messieurs luy repartirent, "Alors,
pourquoy n'avoit pas faict jetter monitoire pour avoir des preuves
contre lesdits partisans?" Sur cela il repliquat qu'il y an avoit assez
sans celles du receveur, etc. sans qu'il feut besoing de monitoire.
Neamoings on ne laissat pas de luy donner ordre de faire jetter
monitoire le lendemain dans toutes les parroisses de Paris, ce qu'on
remarque qu'il n'a pas faict, et l'on croit qu'il a eu un ordre
contraire de la Cour. L'assemblée feut remise au 22, auquel jour M. le
Premier President fit si bien qu'il la fit encores remettre au lendemain
des festes.
Le 21 la Chambre des comptes de la Cour des aydes furent mandés au Palais Royal où elles se trouverent par depputés, ausquelz on representat la necessité des affaires du Roy, qui estoit obligé d'emprunter 10 ou 12 millions pour donner ordre au preparatifz de la campagne prochaine et qu'il faloit que Sa M. les /1v/ assignat sur les tailles. M. le Chancellier les exhortat de ne retarder point se secours, les asseurant qu'ilz auroint toutte la satisfaction possible. Il dit particulièrement à MM. Aydes que la Reyne attendoit qu'ils explicassent la modification qu'ilz ont apposée au premier article de la declaration, en sorte qu'elle ostat la crainte à ceux qui voudroint faire des advances, lesquelles estoint absoluement necessaires dans le besoing present. Il n'y eut que le premier president de la Cour des aydes qui parlat et representat les raisons que la Compagnie avoit eu de modifier le premier article de la déclaration par les deffenses de faire les traictes des tailles qui ruinoint les affaires du Roy aussy bien que le peuple, dont il remonstrat la misere et par mesme moyen l'avarice des partisans. M. le Chancelier replicquat que si les despenses ont esté grandes jusques icy, l'employ en paroissoit dans les grandes conquestes faictes par les armes du roy, et qu'on pouvoit imiter Scipion lors qu'estant recherché pour le maniement des finances des Romains, il y respondit qu'à pareil jour il avoit obtenu une grande victoire sur les ennemis. M. le Premier President repartit qu'il falloit esperer peu du peuple par le moyen des tailles tant que les soldatz les ruyneroint, à quoy la Reyne respondit qu'ils en feroint bien davantage si on ne donnoit ordre à leur payement,et M. le duc d'Orleans dict que s'estoit son affaire. Messieurs les depputtés dirent que l'on resoudroit le lendemain au matin ce que l'on devoit faire là dessus, et sortirent, mais comme ils feurent au bas de l'escallier du Palais Royal, M. Ravou, advocat general de la Cour des aydes, qui estoit demeuré le dernier, remontat seul et feut dire à la Reyne que la Compagnie n'avoit pas donné ordre à M. Amelot, premier president, de parler et qu'elle le desadvo[uo]it, mais on dict que ce sont des adversions particulieres qu'on a contre luy et de fait l'on remarquat que le lendemain, apres qu'il eut faict son rapport à la Cour de ce qu'il avoit faict au Palais Royal, M. le president Le Noir l'en remertiat au nom de la Compagnie, qu'il remit au lendemain la desliberation qu'on devoit faire là dessus. /2/
Le 23 la Cour des aydes donnat arrest par lequel on expliquat la modification du premier article de la déclaration. Elle consentit à l'advance de deux quartiers sur les tailles.
Le mesme jour M. le Prince presentat requeste au Parlement par laquelle il demande la verification du don qu'il luy a esté faict des terres de Clermont, Jametz, et Stenay en tiltre de principauté. Ceste requeste sera raportée apres les festes.
La Cour des monnoyes ayant donné un arrest portant que touttes les pieces de 58 sols qui sont de la fabrique des Indes seront mises au billon comme estant de tres bas argent, M. le Chancelier a empesché jusques icy que cest arrest ne feut publié.
On dit que Mme de Chevreuse doibt presenter requeste au Parlement
pour demander son retour.
On asseure aussi que MM. de Vendosme et
Beaufort ne sont pas satisfaicts de la negotiation que M. de Moercur
faict icy pour eux, et qu'ilz desadvouent une partie de son proceddé.
Le 18 du courant on despeschat un courrier à Rome par lequel la Reyne escrivit au Pape qu'elle le prioit de faire une promotion extraordinaire pour M. le Prince et une ordinaire pour les couronnes, dans lesquelles Sa M. le prioit de vouloir comprendre M. l'abbé de La Riviere. M. le duc d'Orleans escrivit une lettre à Sa Sainteté conforme à celle icy, une à la Seignora Olimpia, et une autre au Cardinal Panzerole, les priant de vouloir appuyer cette affaire par le credit que leur merite leur donne aupres de Sa Sainteté.
S.A.R. et mareschal de La Meilleray sont malades des gouttes despuis
5 ou 6 jours.
M. le prince d'Arcourt, ayant apris que M. le comte de
la Noy , son beaupere, estoit malade à l'extremité, partit le 19 pour
l'aller treuver à Montreuil et en revient le 22, l'ayant laissé en
melieure santée. /2v/
Un gentilhomme de M. le Cardinal partit d'icy le 23 pour aller porter à M. le mareschal de Turenne des lettres de change pour 200 mille escus.
On dit que la Reyne promet d'esloigner les trouppes qui sont autour de Paris lors que le Parlement aura finy des assemblées et que les presidents Viole, de Novion, et de Blanmesnil ont refusé des grandz avantages qu'on leur a offert à la Cour, aymant mieux persister dans l'opiniastreté de leurs sentimentz. Le dernier a refusé (dit-on) le coadjutorie de l'evesché de Beauvais, qui appartient à son oncle.
M. le coadjuteur de Paris a faict des grandes plaintes à M. de Senneterre des desordres qu'a commis le regiment de M. de la Ferté, son fils, à Noysy le Sec, à 6 lieues d'icy, qui appartient à M. l'Archevesque.
Le regiment de Conty et quelques autres qui font environ le nombre de
2 [mille] hommes, ayans eu leurs quartiers à Troyes en Champagne, ont
demeuré quelques jours autour de la ville et font des desordres, ce qui
a obligé les bourgeois de sommer les chefz de faire entrer leurs soldatz
dans la ville, lesquelz estant logés dedans ont esté desarmés par les
bourgeois, qui ont porté leurs armes dans l'Hostel de Ville, où ilz ont
dict qu'elles seront gardées jusques à ce qu'ilz s'en aillent.
M. le
Mareschal du Plessis arrivat icy avant hyer. M. le Prince a obtenu le
delogement de 6 compagnies de gens de guerre de 12 qu'il y en avoit à
Sens en Bourgogne.
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