Panat in postcardThe Ranums'

Panat Times

Volume 1, redone Dec. 2014

Contents

Volume 1

Panat

Orest's Pages

Patricia's Musings

Marc-Antoine

Charpentier

Musical Rhetoric

Transcribed Sources


 

 The Messe Rouge at the Parlement of Paris and the "Longue Offrandes" at the masses for St. Nicolas

Factlet first posted on November 5, 2006

Excerpts from "Explication des Cérémonies qui se font tous les ans le 6 Décembre dans la Chapelle de S. Nicolas, en la Grand'Salle du Palais de Paris," in my copy of a stray volume of the anonymous Variétés historiques, physiques et littéraires, ou Recherches d'un sçavant, Paris, 1752, pp. 45-86:

After a disastrous fire at the Palais in 1618, which virtually ruined the "salle des procureurs," that is, the Grand'Salle, the Community of the Procureurs rebuilt their chapel of St. Nicolas, so that it would "servir tant pour l'Office du lendemain de S. Marint: que pour les deux Fêtes de S. Nicolas, & pour y célébrer deux Messes tous les jours de Palais."

C'est dans cette Chapelle que la Communauté des Procureurs fait dire le lendemain de S. Martin, une Messe solemnelle du S. Esprit pour l'ouverture du Parlement: cette Messe est nommé communément la Messe Rouge parce que Mrs. du Parlement y assistent en Robes rouges. M. le Premier Président fait, en allant à l'Offrande, un grand nombre de révérences à l'Autel[,] au Clergé, à sa Compagnie, & en fait autant pour revenir à sa place, les encensemens se font dans le même ordre que ces révérences.
Cette Messe est ordinairement célébrée par un Evêque, lequel a ce jour-là séance & voix délibérative en la Grand-Chambre, mais il ne peut pas y faire porter la Croix devant lui, quand même ce seroit l'Evêque Diocesain.
Les Avocats & et Procureurs ont établi une Confrairie commune en la Chapelle de S. Nicolas.
Le Bâtonnier des Avocats, que l'on élit tous les ans le 9 May, jour de la S. Nicolas d'Eté, est le Chef de cette Confrairie, & c'est par cette raison que les Procureurs de Communauté donnent leurs voix pour son élection; le nom de Bâtonnier qu'on lui donne, vient de ce qu'il portoit autrefois le Bâton de la Confrairie, où est l'Image de S. Nicolas. ...
La veille de S. Nicolas, la Communauté des Procureurs fait chanter les Vêpres & l'Office du Saint, en la Chapelle de la Grand'Salle; le lendemain, elle fit dire une grande Messe, qui est chantée par la Musique de la Sainte Chapelle; le Bâton de la Confrairie est posé au-devant du Lutrin, avec deux Torches de cire allumées & placées aux deux côtés.
Le Bâtonnier des Avocats est assis du côté de l'Evangile, sur un banc separé, à la tête des quatre Procureurs de Communauté, du Greffier & des six Procureurs, qui quêtent cette année-là pour la Chapelle.
Du même côté, sur un banc plus avancé, sont les anciens Bâtonniers & anciens Avocats.
Sur un autre banc, du côté de l'Epitre, sont assis les anciens Procureurs de Communauté & autres anciens Procureurs, en robe & en bonnet.
Le Bâtonnier des Avocats va le premier à l'Offrande, & fait en y allant & en revenant 36 révérences à l'imitation de celles que fait M. le premier Président à la Messe Rouge; sçavoir, d'abord à l'Autel, ensuite au Bâton de S. Nicolas & au Clergé, qui est à l'entour, aux anciens Bâtonniers, aux Procureurs de Communauté[,] aux anciens Procureurs de Communauté, & aux six Receveurs entrans.
Les encensemens se font dans le même ordre, tant à cette Messes qu'aux autre Messes & Services qui se disent dans cette Chapelle; on donne trois coups d'encensoir devant le Bâtonnier.
Les anciens Bâtonniers & autres anciens, vont aussi à l'offrande, chacun à leur rang; & apres eux les Procureurs de Communauté & autres anciens Procureurs, & les six Aspirans.
Pendant la Messe le Bâtonnier fait distribuer des bougies au Clergé, aux Avocats & aux Procureurs; c'est un ancien usage, qui a, sans doute, été instituté à l'instar de ce qui se pratique dans la plûpart des Confrairies, où chaque Confrere porte un cierge dans les Processions & autres Cérémonies. Cette distribution & celle qui se fait après la Messe rouge, peuvent aussi avoir été institutées dans un tems où ces Messes se disoient plus matin & où on avoit besoin de bougies pour s'y éclairer.
La Communauté des Procureurs donne après la Messe un grand repas au Bâtonnier, à l'Ex-Bâtonnier, à l'Avocat de la Communauté, aux quatre Procureurs de Communauté, au Greffier & aux anciens Procureurs de Communauté. ...
Le Parlement, les Avocats & les Procureurs, font aussi faire d'autres services dans la Chapelle de S. Nicolas, selon les événemens publics.

A mass similar to the Messe Rouge and to the masses for St. Nicolas was also held on May 9, "jour de la Translation de S. Nicolas" ­ except that on that day the Bâtonnier distributed bouquets instead of candles. A new bâtonnier was elected each year: he immediately contributed 1000 livres for the Community's alms, and he was expected to furnish all the wax and other supplies for the two feasts of St. Nicolas. The estimated cost for wax, bouquets, and so forth was 800 livres, which he paid in advance, immediately after his election.

The Messe Rouge was jokingly called the ballet des écrivisses, "crayfish ballet." It was for this event that Marc-Antoine Charpentier wrote his Jugement de Salomon. On the other hand, his music "pour une longue Offrande" must have been intended for one of the masses honoring St. Nicolas.

And a related factlet: A description of the opening of Parlement, 1661

From a letter to Chancellor Pierre Séguier written by Ballesdans, BnF, fonds Saint-Germain français 709, published as an appendix to Réné Kerviler, Le Chancelier Pierre Séguier, second edition (Paris, 1875), pp. 684-85:

"Ce 13 novembre 1661 ― ... Messieurs du Parlement sont entrés au palais [de justice] le lendemain de la Saint-Martin, comme c'est l'ordinaire, et ... la messe du Saint-Esprit, dont la descente est si nécessaire dans l'esprit des juges, fut célébrée par Monseigneur l'évêque d'Amiens, qui s'acquitta aussi dignement de cette cérémonie que du compliment qu'il fict à l'assemblée pour la remercier de l'honneur qu'il avoit receu, et de celuy qu'il recepvoit encore de se voir sur les fleurs de lys. La cour n'estoit pas nombreuse, et Monsieur de Bailleul y fut le seul président au mortier qui accompagna l'illustre chef de cette compagnie, comme Monsieur Paris fut le seul maistre des requestes qui y garda son rang. Monsieur Ferrand, sur l'esprit et sur le visage duquel les années n'ont point eu de prise jusques icy, fit paroistre sa profonde piété aux yeux de toute l'assistance, ayant demeuré à genoux, un livre et ses deux bougies à la main, durant toute la messe, avec tant de dévotion, que nous en fusmes merveilleusement édifiez. Ce bon homme pria Dieu si long temps et avec tant d'activité, que je me suis imaginé qu'il avoit dit son office de la Vierge pour les trois temps de l'année, affin d'en estre quitte et de vacquer plus librement aux affaires des parties, ce qui est une espèce de priéres qui pénètre les cieux quelquefois mieux que les autres. Ce qui divertit merveilleusement et sans perdre le respect qu'on doibt au plus sainct de nos mystères, ce fut les deux procureurs de communauté qui présentèrent les bougies. Ces bonnes gens estoient coiffés de chascun une calotte à oreilles garnie de cheveux à l'antique, qui les faisoient remarquer pour estre agez tout au moins de quatre-vingt-dix ans. mais ce qui fit paroistre encore davantage leur belle vieillesse, ce fut quand, après avoir marché à petit pas, le dos presque contre terre, ils commencèrent de faire des révérences selon la qualité des personnes. Je vis l'heure qu'au lieu de révérences, ils alloient baiser les pieds de la cour, en danger de se casser le nez. Car, ou ces Messieurs ont oublié les leçons de leur premiers maistres à dancer, ou ils n'en on jamais eu, quoy qu'on dit assez haut que c'estoient des compagnons et qu'ils courroient encore assez bien après une boulle avec leurs amis, en donnant quelquefois du genouil pour la faire advancer. ...

The mass was the annual "Messe Rouge" organized for the opening of the Parlement of Paris by the procureurs and for which the master of the Sainte-Chapelle and his singers generally provided the music. The endless "bows" made by the two senior procureurs are described at greater length in the companion "factoid." It is interesting to note that this pompous service ― made even longer by the music ― was not widely attended, (Brenet's Sainte-Chapelle does not contain an allusion to their participation in the mass that year; but then, the event was rarely mentioned in the archives of the chapel.)

The pious parlementaire Ferrand (Michel II?) was a friend of the Charpentier family and had recently helped Etiennette Charpentier set up her linen business. President de Bailleul was also a family friend: in 1662 his mother and his daughter would sign Elisabeth Charpentier's wedding contract. As for Pierre Séguier, he was a protector of several Charpentier cousins. Through his family and through friends who came to visit his ailing father, did a similar account reached the ears of young Marc-Antoine Charpentier? If so, he could scarcely have imagined that he would one day compose for that event!

To this, add the factlet posted on January 10, 2010: 

More about the Messe Rouge, that is, the opening of Parlement on the day after the Feast of St. Martin

Pierre Zoberman, Les Cérémonies de la parole: l'éloquence d'apparat en France dans le dernier quart du XVIIe siècle (Paris: Champion, 1998). I provided  (above) some details about the mis en scène of the annual Messe Rouge, for which Marc-Antoine Charpentier wrote not only his music for a longue offrande and also his oratorio on the judgement of Salomon. Zoberman adds another dimension to the descriptions I presented below: the ceremony was an occasion for spoken eloquence (in addition to the musical eloquence provided by singers of the Sainte-Chapelle), and it reaffirmed the ties between the Church and the Parlement. I quote a few excerpts from Zoberman:

"La rentrée du Parlement se place sous le signe de la religion. Les membres du Parlement vont entendre une messe haute. Cette messe est appellée Messe Rouge, parce que 'Messieurs du Parlement' y assistent en robes rouges. Donneau de Visé juge bon, en 1686, de rappeler les traits majeurs du cérémonial à sa correspondante fictive:

Vous sçavez, Madame, que tous les ans le lendemain de la S. Martin, le Parlement se trouve en Robes rouges avec les Presidens au Mortier en teste dans la grande salle du Palais, c'est à dire dans la Salle des Marchands, dans laquelle il y a une Chapelle; Tout le costé que cet auguste Senat occupe & qui est celuy de la Chapelle est tapissé, & gardé par les Archers de la Ville. la Messe est chantée en musique, & elle est toujours célébrée par un Evesque, qui en est prié quelques jours auparavant, de la part du Parlement.
Après la messe, l'évêque qui a officié est introduit dans la Grand'Chambre, où le premier président le remercie d'avoir célébré le sacrement pour la Compagnie. Le prélat répond au compliment du premier président par un autre compliment qui marque combien il a été honoré du choix qu'on a fait de sa personne pour une telle fonction. ... L'échange de compliments entre l'évêque, qui a officié à la demande de la Compagnie, et le premier président, qui parle au nom de la Compagnie, permet de voir comment les rapports entre l'Eglise et le Parlement, que la cérémonie de rentrée concrétise, s'inscrivent pratiquement dans l'éloquence d'apparat. La journée se termine avec la prestation de serment des avocats et des procureurs (pp. 328-29).

"La messe rouge présente ... toutes les caractéristiques de l'apparat: retour cyclique ritualisé, habit de cérémonie, tapisserie, orateur prodigieux que l'on invite spécialement et même présence des arches de la ville -- à mi-chemin entre troupe de parade et service d'ordre. Mais le rituel ne s'achève pas avec la messe, et l'éloquence va reprendre ses droits. La messe finie, on passe dans la Grand'Chambre. L'ordre est, comme tout le reste, figé, comme le Mercure de novembre 1680s l'explique:

Un Evesque est toûjours prié de la dire [la messe], en suite de quoy il est conduit à la Grand'Chambre entre deux Presidens à Mortier. Le premier, passe avant luy; le second n'entre qu'aprés.

... Les orateurs lient fortement justice et religion. ... La proximité institutionnelle entre Parlement et Eglise est d'autant plus sensible en ces occasions que l'évêque appartient parfois à une famille de parlementaires out de haut magistrats" (pp. 440-442).