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Panat Times

Volume 1, redone Dec. 2014

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/198/ De Paris du 18 mars 1653

M. le duc d’Amville ayant refusé la demission du gouvernement de Limosin, et le Conseil estant d’allieurs, comme l’on dit, mal satisfait de luy, M. de Brienne luy portat, le 14 du courant au soir, l’ordre de se retirer à Bourdeaux de Vigny, qui est une maison apartenant à Mme de Ventadour, sa mere, scituée 3 lieues au dela de Pontoise. Aussytost qu’il eut receu cest ordre, il feut prendre congé de la Reyne, et l’asseura que, quelque disgrace qu’il eut, il seroit tousjours bon serviteur du Roy, qui a tesmoigné le regretter; mais on ne jugea pas à propos de luy permettre de le veoir. Il partit le lendemain, 15, au matin; et M. l’archevesque de Bourges l’ayant accompagné, l’on croyoit d’abord qu’il eut le mesme ordre, mais il n’avoit esté donné qu’à ce duc. Cette disgrace fit d’abord aprehender celle du mareschal de Villeroy, mais on n’en veoit pas encor beaucoup d’aparence, ny aucung effect de celle de M. de Joyeuse, qu’on croyoit aussy, pour ce qu’il s’est plaint de ce qu’on a osté le gouvernement de Provence à M. d’Angoulesme, son beaupere.

Il ce [se] confierme que Mme d’Aigullion traitte, avec le mareschal de Grammont, le mariage du petit comte de Guiche avec la soeur de M. de Richelieu, qu’elle veut tirer des Carmelites, pour punir ceux cy de l’injure qu’ilz luy ont fait, en se mariant contre son gré.

L’on asseure aussy que les comtes de Miossens et de Palluau presterent leur serment, la semaine passée, en qualité de mareschaux de France, et que cette ceremonie ce [se] fit en cachette, pour eviter la jalousie qu’en eussent peu tesmoigner les autres pretendanz à cette dignitté.

La ceremonie du mariage de la princesse Louise de Carignan ce [se] fit le 16, et Mlle de Longueville ne s’y trouva pas.

L’archevesque d’Avignon estoit party de son diocese, pour venir en Cour, en qualité de nonce extraordinaire du Pape, tant pour l’affaire du nouveau nonce Corsini, que pour celle du cardinal de Retz; mais on luy a envoyé un ordre de la Cour, de demeurer à Vienne, et de ne passer pas outre, jusques à nouveau ordre.

On continue d’asseurer que le marquis de la Mesleraye a apporté au Mareschal son pere, les articles de son mariage avec une des niepces de S.E., et qu’entre autres avantages, on fait ce mareschal gouverneur en chef de Bretaigne, et l’on a donné la survivance à son filz, avec le gouvernement de la Bastille.

Le 16, MM. des Enquestes firent des petites assemblées secrettes, pour le suject de la detention de M. de Croissy Foucquet (qui feut transferé, le mesme jour, de la Bastille aux Bois de Vincennes), et resoleurent d’aller à la Grande Chambre, demander l’assemblée pour y desliberer; et comme la pluspart estoint d’advis de demander que le proces luy feut fait, et que tout le corps prenoit grand interestz en cette affaire, le Conseil, qui croit avoir de quoy le faire condenner, /198v/ resolut de prevenir le dessaing du Parlement; où M. le Chancellier entra hier, au matin, et ayant fait assembler les chambres, et rendu deux lettres de cachet qu’il portoint, l’une à la Compagnie et l’autre à MM. les Gens du roy, fit recit du suject pour lequel il est venu; et ayant fait arrester que le proces seroit fait à M. de Croissy, suivant l’intention du Roy, fit nommer 3 commissaires pour l’interroger, et travailler aux informations: sçavoir, M. le Chancellier, le president de Bellievre, et MM. Doujat et Sevin, conseillers de la Grande Chambre, lesquelz en feroint leur rapport à l’assemblée, qui le jugera. Au reste, il n’est pas vray qu’on l’aye trouvé chargé d’aucung papier, parce que la porte de la chambre estant barricadée lors qu’on le feut prendre, il eut loisir, pendant qu’on l’enfonceoit, de brusler tout ce qu’il pouvoit avoir de suspect; mais on l’accuse d’estre autheur d’ung manifeste de M. le Prince, dont M. de Vineuil se trouva chargé, et quelq’ungs asseurent mesmes qu’il est escrit de sa main, et apostillé de celle de M. le Prince en marge.

L’on a donné la charge de premier president de Bourdeaux au president de Pontac. L’on parle de faire un nouveau parlement à Limoges.

Le balet du Roy feut dansé avant hier, au soir, pour la derniere fois; et ce matin Sa M. est partie, avec M. le Cardinal, pour aller à Fontainebleau, veoir pescher un estang, d’où elle reviendra apres demain. La Reyne et Monsieur sont demeurés icy.

L’on mit, avant hier, le marquis de la Barre dans la Bastille.

Ce matin, le Parlement a veriffié l’amnistie qui a esté accordée au comte d’Augnon, ensuitte de son traitté, par lequel on luy accorde le baston de mareschal de France, 200 mille livres d’argent comptant, le gouvernement de Saumeur [Saumur], et la permission d’achepter le duché de Mayenne, pour estre duc; moyenant quoy, il remettra ses gouvernementz de Brouage et du pays d’Aunis entre les mains du Roy, qui luy permet d’y demeurer, jusques à l’execution des choses qui luy ont esté permises [promises].

De Bordeaux du x mars

Jeudy, M. le prince de Conty eut peyne à faire mettre soubz les armes les compagnies, chacung disoit qu’il vouloit recevoir l’amnistie; mais comme il n’y avoit point de party formé, on n’osa pas se declarer ouvertement. Il ce [se] trouva soubz les armes 7 à 800 hommes, dont la pluspart estoint resolus de dire hautement, si on les eusse interrogés, qu’ilz vouloint la paix. M. le prince de Conty monta à cheval, et M. Marchin, et tout ce qu’ilz peurent faire, feut environ 150 chevaux. Il fit passer ces trouppes là sur les fossés de la Maison de Ville, et apres, sur les fossés du Chapeau Rouge. On cria "Vive le Roy," sans autre chose. Ilz n’oserent pas leur demander d’autres explications, mais les juratz les plus seditieux de l’Ormée, et les cappitaines de la Ville estantz tous à luy, comme je vous ay dit cy /199/ devant, et que de l’autre il n’y a pas des chefs, cela leur a baillé la liberté d’envoyer des passeportz à environ 27 personnes de la ville, pour sortir. Il y a 4 tresoriers de France, quelques conseillers, et quelques gentilhommes, amis de M. Cambaru. Il y a aussy des religieux. Il y en a desja quelq’ungs qui sont desja sortis, d’autres demeurent dans leur maison, et d’autres disent ouvertement qu’ilz ne veulent pas sortir.

Vendredy, les cappitaines qui estoint mandés, pour aller en garde à l’Hostel de Ville et au Chapeau Rouge, qui sont les lieux où on fait garde, ayant fait battre la caisse, ne trouverent personne qui les voulu suivre, disant qu’ilz ne vouloint plus aller à la garde.

La nuict du jeudy au vendredy, M. de Vendosme brusla un navire flamant, devant Bourg, qui estoit aux Espagnolz, et leur print leur caravelle, qui est une espece de barque dans laquelle ilz faisoint d’ordinaire venir leur argent, et autres prouvisions de St Sbastien. Les Irlandois qui estoint aux Chartreux ont esté envoyés Entre Deux Mers, à cause que les habitans ne les ont pas voulu recevoir, disant qu’ilz sont capables de se garder. Le Parlement continue icy d’entrer, mais ilz ne sont que neuf. On nous asseure qu’à Agen, ilz entrent au nombre de 22. M. de Conty envoya, hier, vers Perigueux et Bergerac, pour porter environ 10 mille livres, pour payer quelques trouppes qui se vouloint desbander, pour n’estre pas soudoyés.

M. de Beauvais arriva en cette ville, venant de Stenay. Il publie partout que M. le Prince est plus fort que jamais, et qu’il a 14 mille chevaux et 8 mille hommes de pied, sans y comprendre les trouppes d’Espagne. Ilz disent, aussy, que le secours de St Sbastien doit arriver pour Bourdeaux, tant par mer que par terre, et tout cela pour abuser le peuple. Ceux de Reole ont envoyé demander 800 boisseaux de bled touttes les semaines, à faute de quoy ilz se rangeront au party du Roy.

Lettre de M. le Prince à MM. les bourgeois de l’Ormée de Bourdeaux
Messieurs mes bons et chers amis, apres vous voir remertié des tesmoignages que vous me donnés de vostre amitié, que je vous prie de continuer, comme je conserveray jusques à la mort celle que j’ay pour vous, je vous diray que je vous ay despesché M. de Beauvais, pour vous dire que si les factions qui sont à Bourdeaux, contre la fidelitté de nostre union, par les creatures du cardinal Mazarin, l’obligent à quitter Paris pour marcher de vostre costé, comme il en fait courir le bruit, je le suivray d’asses pres, avec une armée asses puissante pour sauver, par sa perte, vos liberté, et celle de toutte ma famille, que j’ay confiée à vostre ville, et dont je ne distingue point les interestz des vostres; demeureons seulement tousjours unis, prenés croyance à ce que ledit sieur de Beauvais vous dira, et croyés que je suis, de tout mon coeur, vostre affectionné et bon amy, Louys de Bourbon, à Stenay, le 22 febvrier.

/200/ De Paris du 28 mars 1653

Le 22 du courant, le sieur de Montereau, gentilhomme ordinaire de S.A.R., sortit de la Bastille, ayant esté trouvé innocent. L’antien evesque d’Avranche, frere du mareschal d’Aumont, mourut icy le 24 de ce mois. L’on dit que l’archevesché de Lyon est donnée à M. l’abbé d’Aisnay, et la charge de grand aumosnier au cardinal Mazarin.

Le baron Spar, nouveau resident de Suede en cette court, eut audiance le 24, et feut fort bien receu.
On mande de Bruxelles que M. le Prince estoit du costé de Verdun, où ses trouppes faisoint des grandes hostilités; que le mareschal de Seneterre avoit fait piller Remiremont, et rompu la neutralité avec Neufchastel [Neufchâteau] et Espinal [Epinal], qui apartiennent à la princesse de Phalsebourg, et qui [qu’il] marcheoit pour aller renforcer le comte d’Harcourt au siege de Belfort; où l’on dit que ce comte a esté blessé, voulant empescher qu’il n’entrat dans cette place quelque cavalerie que M. le Prince y avoit envoyé au comte de Baye [Laye?]; et que le chevalier de Guyse, estant guery de sa maladie, estoit retourné à Bruxelles, où l’on tenoit conseil tous les jours, pour faire haster les preparatifs pour la campagne prochaine.

L’archevesque d’Ambrun partit hier d’icy, par ordre de Leurs M., pour aller à Blois trouver Leurs A.R., ausquelles on dit qu’il doit faire quelques propositions. Elles doivent estre à Orleans la Semaine Sainte, et Mademoiselle y doit aussy aller de St Fargeau, pour les accompagner, apres les festes de Pasques, aux bains de Bourbon, quoy que quelq’ung die qu’elle ne s’y trouvera pas, à cause de quelque proces que le sieur Nau, son intendant, a commencé contre les ministres de S.A.R., pour leur faire rendre conte de l’administration qu’ilz ont eu de son bien.

L’affaire des Suisses est enfin accommodée, moyenant 520 mille livres qu’on leur donne, et assignation sur le Lyonnois et Dauphiné, avec promesse de plus ample satisfaction à la fin de la campagne.

Le bruit est icy fort grand, despuis 4 jours, que le roy de Poulougne est mort de poison; mais on ne le croit pas, parce que les lettres de Poulougne, et celles d’Allemagne, n’en font aucune mention.
Il ce [se] parle fort de l’accommodement de M. le duc d’Amville, et ses amis y travaillent puissenment; cepandant, l’appartement qu’il avoit au Louvre a esté donné à la Princesse palatine, qui en a pris possession.

On donne à M. de Guyse la commission pour exercer la charge de grand maistre de la maison du roy.

MM. de Ville font preparer un festin fort magnifique, pour regaler demain M. le Cardinal dans l’Hostel de Ville, où il a promis de se trouver, avec le mareschal de l’Hospital.

/200v/ La charge de proviseur de Sorbonne ayant vacqué par le decedz du cardinal de Lyon, MM. de Sorbonne ont esleu, en sa place, le cardinal de Retz, quoy que prisonnier.

On dit que le marquis de Noirmonstier et le comte de Bussy sont dans leur gouvernement du Mont Olimpe et Mesieres [Mézières], menaceant de s’accommoder avec M. le Prince, si l’on ne donne bientost la liberté au cardinal de Retz, leur bon amy. Cepandant, ilz ont resolu de faire fortiffier leurs places, au despens du revenue du duc de Mantoue.

Le gouvernement de La Rochelle, dont on oste la commission au baron d’Estissac, est promise au sieur de Champfleury, cappitaine des gardes de S.E.; l’evesché d’Amiens est donné au Pere Faure, Cordelier, evesque de Glandeves.

Les advis de Bourdeaux portent que M. le prince de Conty s’est asseuré, de nouveau, des espritz de l’Ormée, apres avoir chassé deux des principaux, et quelques autres de la ville, et qu’il a obligé le reste à faire un nouveau serment d’union avec luy; que neamoings, MM. de Cambaret et Bourgoigne, qui estoint nagueres pour les interestz du Roy, qui sont encor à Blaye, y conservoint tousjours leurs intelligences; et que le peuple estoit si las de la domination des princes, que si le secours d’Espagne, qui ce [se] prepare à St Sbastien, n’y va promptement, Bourdeaux est perdu pour eux; que Mme la Princesse, prevoyant cela, c’estoit [s’estoit] asseuré du Cap de Buch, pour avoir une sortie libre par mer; que M. de Vendosme avoit blocqué Bourg par terre, et q’ung de ses vaisseaux, s’en estant voulu aprocher, avoit esté coulé à fondz par la garnison.

Les advis de Champagne sont que M. le Prince estoit attendu à Ste Menehoud, pour veoir les nouvelles fortiffications qu’on a fait par son ordre au chasteau, et que M. de Vaubecourt avoit pris un curé qui portoit des lettres de ce prince à des gentilhommes de Brie, par lesquelles il leur donnoit rendevous au 20 d’avril, à un certain poste sur la Marne.

M. de Voisin, conseiller de Bourdeaux, qui estoit fort dans les interestz de M. le Prince, feut mis dans la Bastille. MM. des Enquestes ayant sceu que M. le Lieutenant Civil avoit ordre d’interroger des domestiques de M. de Croissy Fouquet, et pretendant que la cognoissance de cette affaire apartient au Parlement seule, comme estant une dependance de celle de M. de Croissy, feurent le 26 à la Grande Chambre, demander l’assemblée sur ce suject; mais M. le Garde des Sceaux la fit differer, et dès l’apresdisnée du mesme jour, ces domestiques feurent mené ches M. le Chancellier, où ilz feurent interrogés /201/ par les commissaires, qui en rendirent tesmoignage, le lendemain, à MM. des Enquestes, lesquelz parlent de s’assembler mardy prochain, pour l’affaire de leurs confreres exillés. Quant à M. de Croissy, l’on parle d’envoyer des commissaires au Bois de Vincennes aujourd’huy, pour y demeurer jusques à ce que son interrogatoire soit achevé, et l’on asseure qu’il doit presenter requeste, pour demander qu’il soit transferé à la Conciergerie, et pour recuser MM. Doujat et Sevin, comme ses ennemis.

M. le mareschal de la Motte a obtenu un brevet de duc et pair; et à cette fin, on luy erige une de ses terres en duché.

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