Panat in postcardThe Ranums'

Panat Times

Volume 1, redone Dec. 2014

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/72/ De Paris le 3 mai 1652

Le bruit a fort couru toutte cette semaine que M. le Prince se feut accommodé soubz main avec cardinal Mazarin, sur ce qu’on luy avoit representé qu’en chassant celuy cy, l’on metroit le cardinal de Retz dans sa place, et qu’ainsy M. le Prince auroit un ennemy plus puissant à combattre; mais ce bruit est faux, estant certain que M. le Prince n’a point voulu se desunir d’avec S.A.R., comme il auroit fait par ce moyen.

Le Parlement de Rouen s’estant assemblé le 29, donna arrest portant qu’il seroit envoyé des deputtés au Roy pour le supplier, en cas qu’il voulut venir en Normandie, de n’y mener point le cardinal Mazarin, ny des troupes; mais lors que les deputtés feurent sur le point de partir, l’advis y estant venu que MM. de Rohan, Chavigny, et Goulas estoint à St Germain pour parler d’accommodement, il feut arresté que le despart des deputtés seroit differé jusques à ce qu’on eut nouvelle certaine de la negotation de ces messieurs.

Le premier du courant il y eut assemblée à l’Hostel de Ville, pour desliberer si l’on feroit garde; et il feut arresté qu’on suplieroit le Roy de trouver bon gré qu’on le fit, attendu les pilleries que les troupes viennent faire jusques aux portes.

Le mesme jour, le sieur Pingaut, qui commande pour S.A.R. au pont de Neully [Neuilly], au milieu duquel il fait bastir un fort, ayant eu advis que les troupes de la Cour le devoint attaquer la nuict suivante, quoy que cest advis ce [se] trouva faux, envoya demander icy de la mesche et de la poudre, dont il avoit manque. Aussytost S.A.R. ayant donné ordre pour luy en faire tenir, on en achepta ches un marchand du Palais nommé Benicourt, et l’on en chargea 3 charrettes; lesquelles estant prestes à marcher le soir à 9 heures, quelque peuple s’y assembla; et croyant que ce feut pour les troupes mazarines, à cause qu’il estoit heure indue, les 3 charrettes feurent pillées entierement; et ensuitte on vouloit piller la maison du marchand, mais il se deffendit si bien qu’il empescha [qu’il l’empescha], apres avoir fait plusieurs descharges sur ceux qui l’assiegeoint, dont il tua un de ses amis du voisinage, et en blessa deux autres qui alloint à son secours; cepandant, on ne laissa pas d’envoyer, dès hier, d’autres munitions au sieur Pingaut; et M. le Prince feut hier apresmidy avec M. de Beaufort, visitter les postes de Neully et de St Clou.

Le mesme jour, le Procureur General du Parlement revient de St Germain et raporta qu’ayant demandé l’audiance pour les deputtés de la Compagnie, on luy avoit respondu qu’il n’estoit pas besoing qu’ilz revinssent à la Cour, puisque ce n’estoit que pour faire une demande qu’on ne pouvoit pas leur accorder, qui est l’exclusion du cardinal Mazarin; mais despuis, le Conseil du Roy voyant que ce refus pourroit faire prendre aujourd’huy dans le Parlement des resolutions fascheuses, se reavisa et envoya hier M. Saintot, pour dire aux deputtés, tant du Parlement que des autres compagnies, qu’on leur donneroit audiance lundy prochain; ce qui a obligé S.A.R. et M. le Prince de n’entrer point ce matin au /72v/ Parlement, qui n’a pas laissé d’entendre le Procureur General, et de lire la lettre de cachet apportée par M. Sainctot pour l’audiance. On y a receu aussy la plainte du Prevost des Marchandz, qui s’est fort estandue sur le recit de l’insulte qui luy feut faitte le 30 du passé, et a demandé reparation d’honneur de ce qu’on l’avoit accusé d’avoir fait enlever 2 batteaux de bled; sur quoy il a esté ordonné qu’il en seroit informé.

Le duc de Lorraine estant entré en Champagne avec les troupes du comte de Ligneville et 6 regimentz espagnolz, il a joint celles de son lieutenant general, Fauge, qui est enfin revenu d’Alsace; avec quoy, ce prince se voyant fort de 8 mille hommes, a mandé qu’il s’en venoit en personne pour le service de S.A.R., quoy qu’on luy eut desja mandé que l’accommodement estoit desja fait; sur quoy elle luy envoya M. de Marcheville, le premier du courant, pour l’asseurer qu’il n’y avoit aucung accord. Il estoit le 30 du passé à Elmoru [Heiltz-le-Maurupt?], proche Vitry, et une partie de ses trouppes estendoint leurs quartiers vers Ste Menehoud. Il s’en vient par la Brie, et il est attendu icy dans 3 ou 4 jours.

Mademoiselle n’ayant plus rien à faire à Orleans, en partit avant hier et arriva hier à Estampes, où est le principal quartier de l’armée de MM. les princes, d’où elle envoye un trompette au mareschal de Turenne (qui est tousjours avec son armée vers Chastres et Linas), pour luy demander un passeport et une escorte, afin de revenir à Paris. Ce mareschal a envoyé à la Cour, pour sçavoir si on voudroit qu’il luy accordat ce qu’elle demande, auquel cas elle arrivera icy demain.

Le duc d’Amville est arrivé icy cette apresdisnée, et a aussytost visitté S.A.R.; mais il ne luy a point fait des nouvelles propositions d’accommodement, comme l’on avoit creu.

S.A.R. est allée se promener ce soir à cheval avec M. le Prince, vers la plaine de Grenelle.
MM. de Ville ayant receu l’aprobation du Roy pour faire la garde, ont envoyé ce soir les ordres aux bourgeois de prendre les armes demain, dès le point du jour, pour aller escorter les boulangiers, à cause que c’est un jour de marché, et pour se tenir ensuitte à la garde des portes de la ville, et aux faubourgs.

/74/ De Paris le 7 may 1652

Les mareschaux de Turenne et d’Hocquincourt ayant envoyé, dès le 3 au soir, à Mademoiselle le passeport qu’elle leur avoit demandé, celuy cy ayant aussy promit escorte, elle partit le 4, à 8 heures du matin, d’Estampes; et sur le point qu’elle en sortoit, et qu’elle alloit veoir l’armée de S.A.R. et de M. le Prince, qui estoit toutte rangée en bataille, hors la ville, afin que cette princesse la peut veoir, celle du mareschal de Turenne parut sur la montagne voisine, marchant avec son artillerie et son bagage, comme si elle eut voulu aller vers Dourdan. Aussytost, le baron de Clinchamps et le comte de Tavannes prierent Mademoiselle de leur vouloir donner ordre de livrer batailles aux ennemis, et celuy cy l’en pressa fort; mais elle respondit qu’elle n’avoit point d’ordre à leur donner; sur quoy, ils commencerent à faire defiler leur armée en sa presence, et la faire rentrer en des quartiers; apres quoy, Mademoiselle poursuivit son chemin vers Chastres [Châtres], et y feut fort bien receue, où ces 2 mareschaux luy avoit fait aprester à disner, mais elle n’y voulut pas arrester. Ilz luy baillerent une escorte de 60 chevaux, qui la conduiserent jusques au Bourg la Reyne, où elle feut receu par M. le Prince, qui luy estoit allé au devant avec MM. de Beaufort et de Sully, de Rohan, et grand nombre de noblesse. Elle arriva à 5 heures du soir au palais d’Orleans, où il y en avoit grand nombre, et autant de joye de son retour que ceux d’Orleans avoint tesmoigné de regret d’elle à son despart, apres luy avoir fait mille protestations de fidelité au service de S.A.R. Cepandant, la cavalerie de l’armée mazarine s’estant tousjours avancé, il y eut quelques coups de pistollet qui amuserent celle de MM. les princes, jusques à ce que l’infanterie feut arrivée; et alors, touttes ensemble ayant attaqué le fauxbourg d’Estampes, qui est dela vers Orleans, se saisit du pont qui le separe d’avec la ville; et apres quelques gens tués, y enleva le quartier des Allemandz du baron de Clinchamp. Aussytost, les chefs et les troupes qui estoint dans la ville, estant sortis pour tascher de repousser les ennemis, passerent le ruisseau, et il y eut un long et rude combat, dans lequel ce baron feut legerement blessé, et Broch, lieutenant general de la cavalerie, et le comte de Furtzemberg tués, avec environ 200 soldatz ou officiers. Le nombre de ceux qui demeurerent sur la place de l’autre costé feut d’environ 400, et neamoings on ne peut empescher qu’ilz ne menassent d’abord 800 prisonniers qu’ilz y avoint desja faitz; mais les regimentz d’infanterie de Languedoc et de S.A.R. les ayant repoussés hors du faubourg, les poursuivirent plus d’une lieue, l’espée à la main, apres les avoir mesme contraintz d’y laisser 2 pieces de canon, recouvreurent une partie des prisonniers qui avoint desja esté faitz; d’autres reviendrent, en sorte qu’il se trouva qu’ilz n’en peurent retenir que 300. Ces 2 regimentz firent aussy plus de 60 prisonniers, et en auroint fait beaucoup d’avantage s’ilz eussent voulu donner quartier. Du costé de MM. les princes, /74v/ il n’y eut presque que les Allemandz qui feurent maltraittés; et du costé de la Cour, il n’y eut aussy que les regimentz de Picardie et de la Marche battus, dont le premier feut entierement defait, y ayant eu neuf cappitaines tués. L’autre le feut moings. C’est ainsy que racontent cette histoire tous ceux qui sont venus du camp de MM. les princes, mais à la Cour on soustient que c’est une defaitte de plus de 2000 hommes, et qu’ilz en ont plus de 1000 prisonniers.

S.A.R. s’estant trouvé mal, la nuict du 3 au 4, et ayant mesmes eu fievre, a despuis gardé le lict.

On escrit de Montauban, du 25, que l’armée du comte d’Harcourt estoit toujours campée despuis le Mas d’Agenois jusques à Damason [Damazan], ayant fait un pont de batteaux au dessus de Marmande; que ce comte avoit mis 400 hommes dans Nerac, pour la garantir de la garnison qui est dans le chasteau; que l’Hostel de Ville de Thoulouse ne prenoit aucune desliberation sur la demande du canon que ce comte avoit faitte, avoit enfin resolu de luy en fournir; que le sieur de Silery [qui] commande dans Grenade pour M. le Prince, y avoit esté maltraitté par les habitans, qui avoint esté sur le point de chasser la garnison; et que la ville de Montauban avoit deputté en Cour, pour demander le remboursement des particuliers de qui le fondz avoit esté pris pour les fortiffication, qui ce [se] montoit à 50 mille escus, et l’abonnement de la ville en recompense de zele des habitans; que quelques officiers y estoint venus, pour lever un million accordé par cette generalitté là; que les brigades de Mercoeur et de Villette marchoint en diligence, pour venir joindre le mareschal de Turenne; et que ce conte attendoit une armée navalle, pour serrer Bourdeaux de plus pres.

Le duc de Lorraine ne s’est pas si avancé qu’on croyoit, et il n’y a pas de nouvelles certaines qu’il y aye joint les troupes de Fauge; mais despuis qu’il a renvoyé le baron de Beaujeu, qui l’estoit allé trouver de la part de la Cour, elle a advoué qu’il ne vient pas pour elle; et neamoings elle n’a pas laissé de luy renvoyer M. de Bregy, pour faire une nouvelle tentative aupres de luy. M. le Prince luy envoya le marquis de Francieres, il y a 4 ou 5 jours. On dit qu’elle feut pour luy offrir de luy rendre Clermont. En attendant, S.A.R. luy envoya avant hier le sieur de Vousy, son escuyer, pour le faire haster; et encor hier, le comte de Langeron partit de la part de S.A.R. et de M. le Prince, pour luy porter leur derniere resolution, afin qu’il ne puisse plus s’attendre à d’autres interestz, et qu’il ne retarde plus sa venue.

Avant hier l’ambassadeur de Venise ayant demandé audiance à St Germain, on la luy accorda; et le duc de Bouillon ayant obtenu de la Reyne la permission d’y assister teste couverte, suivant les privileges de prince souverain, /75/ MM. de Guise, et autres qui ne le veulent pas recognoistre en cette qualité, menacerent de luy oster son chapeau s’il se couvroit; ce que la Reyne ayant sceu, commanda à M. de Villequier de les maltraitter s’ilz estoint asses hardis pour le faire.

Le mesme jour, Sa M. ayant accordé le tabouret à Mme la mareschalle de la Motte, comme duchesse de Cardonne, touttes les autres mareschalles de France en font grand bruit, disant que le Mareschal son mary n’est point receu au Parlement en qualité de duc, et menacent touttes de se mettre touttes dans le party de MM. les princes.

Les deputtés du Parlement et de la Chambre des comptes feurent hier à St Germain, où l’on remarqua que les derniers feurent extraordinairement caressés, les premiers estantz l’audiance, Leurs M. y entendirent la lecture des remonstrances par escrit, faittes contre le cardinal Mazarin, apres laquelle le president de Nesmond ayant parlé conformement au dernier arrest de sa compagnie, la response luy feut faitte par le Garde des Sceaux, qu’encores que le Roy eut desja respondu à la demande qu’on luy faisoit, que neamoings Sa M. y respondroit encor plus amplement par escrit; apres quoy ces messieurs eurent une asses longue conferance avec MM le Garde des Sceaux, Servien, et Le Tellier; et ensuitte, ayant pris congé, feurent coucher à Maisons, où le President de ce nom les traitta, et ilz en doivent revenir aujourd’huy. Ceux de la Chambre des comptes, apres la harangue du president Nicolai, qui espargna fort le cardinal Mazarin, eurent pour response que le Roy vouloit estre obei sans aucune condition, et s’en reviendrent dès hier au soir.

Ceux de la Cour des aydes et de l’Hostel de Ville sont partis ce matin, pour y aller.

Il y a nouvelle certaine de Brissac que Charlevoix y feut restably, sans aucune condition, le 20 du passé, sur la declaration ou manifeste que la garnison avoit faitte, de n’en recevoir jamais d’autre pour la commander; et que Mme de Guebrian s’en revient.

L’armée de la Cour ayant decampé, hier au matin, de Chastres et de Linas, s’aprocha de Paris et vient loger à Longemeaux [Longjumeau], Palaiseau, et aux environs, où elle a attaqué le chasteau d’Ambervilliers, dans lequel se sont refugiés 900 paysans, avec leur bled et autres denrées. Au bruit de cette aproche, plusieurs bourgeois de Paris ayant creu que cette armée viendroit faire des incartades, la nuict passée, aux faubourgs St Jacques et St Germain, en mirent hier au soir l’alarme partout. L’on y fit bonne garde avec des barricades, et l’on tendit les chaisnes dans les rues, jusques aux portes de la ville, qui feurent fermées de bonne heure. Sur les xi heures du soir, le quartier de l’isle du Palais envoya offrir à S.A.R. 150 hommes choisis, et prestz pour sortir et aller partout où elle leur voudroit ordonner; dont elle les remertia, et leur manda seulement qu’ilz se pouvoint tenir prestz, et qu’elle les envoyeroit avertir en cas d’allarme, qu’elle avoit envoyé de la cavalerie dehors, pour sçavoir des nouvelles /75v/ des ennemis, et que despuis 15 jours, elle faisoit tenir 1500 chevaux hor la ville, pour descouvrir leurs dessaings, dont elle seroit avertie de bonne heure. M. le Prince monta à cheval peu apres, avec M. de Rohan et environ 200 chevaux, croyant que ses ennemis voudroint attaquer le pont de St Cloud ou celuy de Neully [Neuilly]; mais il n’en feut pas en peyne d’empescher ce desseing, personne ne s’y estant presenté.

L’armée de MM. les princes est à Estampes, où elle demeurera jusques à nouvel ordre.

/76/ De Paris du x may 1652

M. l’abbé de la Riviere est icy despuis 8 jours, incognito. On asseure que M. le Prince a fait son possible pour le restablir aupres de S.A.R., mais il n’a rien encor peu obtenir, et Madame luy est tousjours contraire.

Les lettres de Bourdeaux, du 2, portent que le comte d’Harcourt avoit levé le siege du chasteau de Nerac et attaqué Casteljalous, qui ce [se] deffendoit fort bien; et qu’il avoit fait descendre aupres de St Machaire le pont de batteaux qu’il avoit à Marmande, afin de bloquer La Reole.

Le duc de Bouillon s’estant trouvé le 5 à l’audiance que l’ambassadeur de Venise eut à St Germain, s’y couvrit; et MM. de Guyse ne s’y trouverent pas. Le chevalier de ce nom s’en vient icy le lendemain, et y est encore.

Les deputtés de la Cour des aydes et de l’Hostel de Ville estant allés à St Germain le 7, le president Dorieu y ayant fait sa harangue, on ne luy fit autre response, sinon que le Roy vouloit estre obei, et qu’ilz avoint grand tort d’avoir souffert que le president Garnier aye pris la commission d’intendant de justice de l’armée des rebelles. Le Prevost des Marchandz y parla fort vigoureusement contre le cardinal Mazarin. La response feut de mesmes: que le Roy vouloit estre obei sans condition, et qu’ilz ne devoint pas avoir souffert que M. le Prince entrat dans Paris, ny qu’on rompit les pons pour empescher le Roy d’y venir.

Mme de Bouillon ayant obtenu un passeport de S.A.R., pour aller à la Cour, en consideration de celuy que le mareschal de Turenne avoit donné à Mademoiselle, voulut partir le 8, au matin; mais estant arrivée au corps de gardes des Incurables, les batteliers et autres gens qui y estoint, deschirerent le passeport, disant que c’estoit des Mazarins qu’il [qui] le luy avoit fait donner, et que MM. les princes mesmes vendoint les Parisiens; et dans des semblables murmures, menerent cette duchesse au palais d’Orleans avec ses chariotz de bagage, qu’on auroit pillé si S.A.R. n’eut envoyé promptement ses gardes, qui l’empescherent, les ayant fait entrer dans la cour du palais, et ayant fermé les portes; et pour les mieux apaiser, S.A.R. leur envoya 30 pistolles par M. de Bare, pour aller boire à sa santé, ce qui les obligea de s’en retourner, apres que M. le Prince leur eut dit que ce passeport luy avoit esté donné pour de bonnes considerations. S.A.R. resolut là dessus de ne permettre point que cette duchesse s’en allat, quoy que plusieurs personnes l’eussent prié du contraire; et apres avoir renvoyé le jugement de cette affaire à l’Hostel de Ville, elle luy fit donner sa parolle de ne bouger d’icy; et là dessus, M. le prince de Tarante, son neveu, la mena à l’hostel de la Tremouille. Mme de Turenne estoit partie le jour precedent, à la compagnie des deputtés de la Cour des aydes et de l’Hostel de Ville.

Les armées sont tousjours dans les mesmes postes, et ont egalement disette de vivres. Celle de la Cour n’a pas espargné la maison de Chaville, qui apartient à M. Le Tellier, laquelle ilz pillerent avant hier. Elles en firent autant à la maison de Fromon, qui apartient à M. de Nouveaux, et n’eussent pas moings fait à Versailles, si on n’en eut esté averty asses tost pour l’empescher.

/76v/ Les desordres ont obligé grand nombre de bourgeois d’aller au palais d’Orleans, prier S.A.R. de leur donner la paix ou la guerre, de quelque façon que ce soit, luy offrant de donner chascun un homme entretenu, pour aller attaquer St Germain, ou d’y aller eux mesmes; mais il y a des inconvenientz qui empeschent jusques icy d’accepter ces offres.

Ce matin le Parlement s’est assemblé. S.A.R. n’a peu y aller, mais M. le Prince s’y est trouvé avec M. de Beaufort; et lors qu’ilz sont entré, on leur a crié "Ou la paix ou la guerre," et dit que tous les bourgeois estoint prestz d’aller attaquer St Germain; à quoy M. le Prince leur a respondu qu’ilz se trouvassent cette apresdisnée au palais d’Orleans, et l’on verroit la resolution qu’on devroit prendre; et parce que les boutiques estoint fermées dans le Palais et aux environs, à cause du grand nombre de monde, l’assemblée a deputté M. Doujat pour les aller faire ouvrir, mais on l’a rebutté avec injures. L’on a mandé le Prevost des Marchandz, pour sçavoir ce qu’on avoit respondu à MM. de Ville à St Germain; mais il n’y est point revenu, et les eschevins s’y sont rendus seulz, accompagnés des archers de Ville, lesquelz s’estant postés avec leurs armes dans le Palais, à la porte de la Grande Chambre, les bourgeois les ont chassés, apres les avoir tous desarmées et fort mal traittés, jusques à leur oster leur casaques. L’on y a mesmes rompu les portes des prisons de la Conciergerie, d’où tous les prisonniers se sont sauvés, à la reserve de ceux des cachotz. La resolution que le Parlement a prise a esté que MM. les Gens du roy iroint, dès aujourd’huy, à St Germain, pour demander la response qu’on avoit promise aux deputtés, et suplier le Roy d’esloigner les troupes de 10 lieues de Paris, apres luy avoir representé la disposition dans laquelle sont les peuples de les aller chasser, attendu les ravages qu’elles y font, et que S.A.R. seroit suppliée d’y envoyer un gentilhomme de sa part. Elle y a envoyé le comte de Bethune.

Cette apresdisnée, grand nombre de bourgeois de Paris s’estant rendus au palais d’Orleans, ont eu audiance de S.A.R., à laquelle un d’entre eux nommé Pernis, tresorier de France, a porté la parolle et a fort bien harangué. La substance de son discours a esté que tout Paris estoit dans une grande consternation des bruitz qui couroint que S.A.R. s’estoit accommodée avec le cardinal Mazarin; que toutte la France et les bons bourgeois de Paris seroint bien malheureux, si apres s’estre declarés contre cest ennemy commung, soubz la protection de S.A.R., ilz se voyoint reduitz à souffir qu’il continuat à tyranniser; et si elle les delaissoit dans cette occasion, que veritablementz ilz s’estoint persuadés qu’il y avoit quelque vraysemblance, voyant que l’armée de S.A.R. ne faisoit rien, et qu’elle avoit laissé venir aux portes de Paris celles du cardinal Mazarin, pour y faire des ravages et des desordres espouvantables; et qu’enfin, ilz estoint venus là pour offrir à S.A.R. (en cas qu’il n’y eut point d’accommodement) d’employer presentement leurs biens et leurs vies à remedier à ce desordre, et à chasser cest ennemy de l’Estat, dont ilz estoint prestz de proposer les moyens; à quoy S.A.R. leur a respondu qu’elle n’avoit pas songé du tout à s’accommoder avec le cardinal Mazarin, et qu’elle leur protestoit de ne consentir jamais à aucung accord, jusques à ce qu’il seroit entierement hors de France; que tous les bruitz qui en couroint estoint des faussettés; et que si l’armée ne faisoit encor aucune entreprise, c’estoit pour des considerations /77/ particulieres, fondées en raison; et quant aux propositions qu’ilz avoint à faire, pour ayder à chasser le Mazarin, que comme elle estoit indisposée, elle avoit deputté M. de Beaufort, avec le marschal d’Estampes, pour les entendre et luy en faire raport, et qu’elle les feroit trouver au lieu où ilz s’assembleroint pour ce suject. Ilz sont sortis là dessus, et sont allés dans le jardin de ce palais; où apres une conference d’une heure, ilz ont deputtés seulement 80 d’entre eux, afin d’eviter la confusion, pris de tous les quartiers de Paris, pour se trouver demain, à 3 heures apres midy, ches M. de Beaufort, et y faire les propositions de contribuer ce qui sera desliberé entre eux, soit en argent ou en soldatz entretenus, et pour resoudre s’il faudra pour cest effect convoquer une assemblée generalle de bourgeois.

du 14 dudit

La nuict du x au xi, 2000 hommes de l’armée de la Cour vindrent emparer de St Cloud avec 2 pieces de canon, d’où ils tirerent quelques coups sur les troupes de M. le Prince qui gardent le pont, la premiere arche duquel est rompue du costé du bourg; dont M. le Prince ayant eu advis, commanda 500 chevaux pour y aller; et entra au Parlement où, ayant donné part de cette nouvelle, et tesmoigné vouloir prendre l’advis de la Compagnie sur ce qu’il auroit à faire là dessus, on luy respondit, sans desliberer, qu’il pourroit y faire tout ce qu’il jugeroit à propos; en suitte de quoy, il s’alla preparer pour partir; et grand nombre de volontaires vouleurent l’y suivre, soubz la conduitte de M. de Beaufort, et s’y rendirent au nombre de plus de 6 mille hommes de pied et 300 chevaux, outre les 500 de M. le Prince; lequel, apres avoir visitté le pont de Neully [Neuilly], les alla trouver au bois de Boulougne, proche le chasteau de Madrid, où il leur donna des chefs, qui employerent l’apresdisnée à leur faire faire l’exercice, et les posta pour la pluspart aux environs de ce chasteau, où ilz vouleurent passer cette nuict là. Son A. leur fit porter des vivres en abondance, et leur dit, apres les avoir fort caressés, qu’elle vouloit coucher sur l’herbe avec eux; cepandant ses troupes tiennent tousjours le bourg de St Cloud, où celles de la Cour ne firent autre attaque que de quelques volées de canon, qui blesserent un bourgeois. Sur les x heures du soir, M. le Prince fit marcher tous ces volontaires vers Neully, feignant d’y vouloir passer la riviere, pour aller attaquer les ennemis dans St Cloud; mais il les fit aller droit à St Denys, qu’il attaqua si vertement qu’il le prit par force, apres une resistance de 2 heures que firent les bourgeois et les Suisses; en sorte que pendant que les premiers se deffendoint fort bien, les Suisses se jetterent dans l’abbaye, en resolution de s’y deffendre encor mieux. Il y eut environ 25 de ces bourgeois de St Denis tués, et 12 ou 15 de ceux de M. le Prince, lequel ayant attaqué ensuitte l’abbaye, et menassé de faire pendre les chefs, qui s’y estoint jettés, s’ilz ne se rendoint promptement, ilz se rendirent prisonniers de guerre a nombre de 120 Suisses, qui feurent conduitz icy le 12 au matin; et parce que la ville avoit esté prise par force, les soldatz commencerent d’abord à piller 8 ou 10 maisons; mais M. le Prince empescha qu’on en pillat davantage, et dit aux bourgeois qu’ilz en seroint quittes pour donner du pain et du vin aux soldatz; apres quoy, M. le Prince y ayant laissé les regimentz de Conty et de Bourgoigne en garnison, s’en vient rendre /77v/ conte à S.A.R. de ce qui s’y estoit passé; mais l’apresdisnée du mesme jour, MM. de Miossens et de St Maigrin s’estant presentés devant St Denys, avec les gendarmes et chevaux legers du roy et de la reyne, faisant en tout 1000 chevaux et 500 fantassins, s’empara facilement de la ville, par l’intelligence des bourgeois; mais la garnison se jetta d’abord dans l’abbaye, où elle se deffend encor fort bien soubz la conduitte du sieur La Lande, qui est un fort bon capitaine; et parce que les bourgeois de Paris qui avoint assisté à cette entreprise s’en estoint tous revenus, estant desja tous fatigués, M. le Prince ny M. de Beaufort n’y peurent mener aucung secours capable de reprendre cette ville là; d’où, cependant, hier au matin une compagnie de Croattes estant sortie, et ayant rencontré 40 ou 50 bourgeois de Paris sans ordre et sans aucung chef, suivis de quelques autres qui estoint allés par curiositté, les tua jusques à des enfans de 8 ans qui avoint suivis; ce qui irrita si fort tout Paris que quelques autres bourgeois ayant pris sur ce chemin là un trompette vestu des couleurs du Roy, le maltraitterent fort et le menerent à S.A.R., qui, pour le sauver de leur mains, feut obligé de leur promettre qu’elle le feroit pendre. En mesme temps il y eut environ 3 mille bourgeois qui feurent prier M. de Beaufort de les conduire à St Denys, pour faire une tentative. Aussytost, il monta à cheval, et les conduisit jusques au village de La Chapelle seulement, à cause qu’il n’avoit point de chef à leur donner, et leur dit qu’il estoit impossible qu’avec si peu de monde, et sans officiers, on peut venir à bout de cette entreprise, mais qu’il falloit dresser une ambuscade aux Croattes qui avoint fait le carnage. Pour cest effect, il les posta derriere les murailles, qu’il leur fit percer en divers endroitz, et s’en alla avec 200 chevaux, jusques aux portes de St Denys; où ayant fait le coup de pistollet, il s’en retourna promptement, et feut suivy par 300 chevaux, dont il prit 4 chevaux legers de la reyne, desquelz il aprit l’estat de la place; mais ilz ne vouleurent point donner dans l’ambuscade, ayant passé derriere le village, où il y eut une petite escarmouche, dans laquelle il y eut 7 ou 8 de tués de chasque costé; apres quoy, la nuit obligea M. de Beaufort de faire revenir ces bourgeois; et estant demeuré derriere, pour veoir la fin de cest escarmouche, le corps de garde qui est hors du faubourg St Denys tira sur ces cavaliers, les croyant ennemis à cause que c’estoit la nuict, et luy en tua 7 ou 8, et autant de chevaux.

Cepandant, le Parlement receut, dès le matin, une lettre du Premier President, portant que le Roy s’estonnoit qu’on eut attaqué St Denys, puisque c’estoit le quartier de ses Suisses, qui n’y estoint pas pour garder ce poste, ny pour s’en servir contre la ville de Paris; et que pour preuve de cette verité, Sa M. consentiroit que St Denys feut gardé par des bourgeois de Paris seulement, ou qu’on n’y mit aucune troupe de part ny d’autre; ce qui feut proposé à S.A.R., qui en estant demeuré d’accord, les ordres de la Cour et les siennes y ont esté envoyés cette nuict, par le trompette du Roy qui estoit prisonnier, et par un autre de S.A.R., pour y faire cesser les hostilittés, et en faire sortir touttes les troupes qui sont [qui y sont] de part et d’autre.

Nonobstant l’abscence de M. de Beaufort, les bourgeois qui avoint esté le x au palais d’Orleans ne laisserent pas de ce [se] trouver le xi ches luy, où ilz resoleurent, par l’advis du sieur Penis, de faire un fond pour lever promptement 6 mille fantassins et 3 mille chevaux, dont il promit de donner des moyens /78/ faciles, et qui ne chargeroint pas MM. de Paris.

Le mesme jour, xi, les Gens du roy ayant eu audiance à St Germain, on leur dit qu’il falloit, devant que leur faire response, attendre le comte de Bethune, ou autre que S.A.R. y voudroit envoyer, pour demeurer d’accord de l’esloignement de touttes les troupes à x lieues de Paris, suivant la resolution qui avoit esté prise le jour precedent; et ainsy on les y a retenus despuis, parce que S.A.R. n’estant pas d’accord de la maniere dont la Cour vouloit traitter cette affaire, n’y envoya ce comte qu’hier au matin, qui partit d’icy avec le mareschal de l’Hospital, lequel y ailla pour le mesme suject et pour d’autres.

Le 13 M. de Langeron revient aupres du duc de Lorraine, qu’il avoit laissé à Vaux les Dames, 4 lieues au dela Chalons, et raporte qui [qu’il] luy avoit confiermé sa parolle de venir joindre les troupes de S.A.R., mais qu’il ne pourroit estre icy que dans 5 [?] jours. On croit qu’il veut laisser prendre Gravelines auparavant, et attendre que les Espagnolz ayent fait quelque autre entreprise. Le sieur Le Grand et le comte de Fiesque en reviendrent hier, et raporterent la mesme chose. Le marquis de Francieres est allé querir 2 mille hommes que M. le Prince leve dans le pays de Liege.

On escrit de Thoulouse que M. de Maugiron y estant arrivé avec les lettres de cachet du Roy, dont l’une luy donnoit pouvoir d’entrer au Parlement, fit demander sa sceance au dessus du Doyen, croyant que puisque M. de Choisy avoit eu cette place, on ne la pouvoit pas refuser à un envoyé du Roy; mais il feut resolut qu’on ne la luy donneroit qu’en la place du bureau, qu’on a accoustumé de donner à tous les envoyés, M. de Choisy ayant eu la place qu’on luy avoit accordé à cause qu’il avoit esté maistre des requestes et estoit de la Robe. Ce refus l’ayant picqué, il demanda des commissaires pour escouter sa creance, lesquelz s’assemblerent, le premier de ce mois, ches le Premier President, où il tesmoigna que le Roy estoit peu satisfait de M. le duc d’Orleans, qui avoit signé une ligue avec M. le Prince, declairé criminel, fait lever des troupes, et arresté les deniers des receptes et gabelles de Languedoch; qu’il estoit important d’empescher la continuation de ses entreprises; que Sa M. croyoit que si le Parlement eut sceu les particularités du proceddé de M. le duc d’Orleans, il n’eut pas voulu donner audiance à son envoyé. La lettre de cachet estant leue le matin du 2 dans l’assemblée des chambres, la datte de la lettre, qui est du 13 mars à Tours, fit prendre la parolle à M. Puget Croixbeniste, lequel dit que cette lettre de cachet estoit sans doute supposée, estant impossible que l’entrée du Parlement n’estant donné à M. de Choisy que le xi de mars, le Roy en eut esté adverty 2 jours apres. Cette remarque fit crier les Frondeurs, et remettre la desliberation au sabmedy prochain, où il s’agit de declarer innocent ou criminel M. le duc d’Orleans, qu’on attaque dans cette lettre, et dans les ordres que le sieur de Maugiron a apporté à M. d’Arpajou, de lever des troupes pour entrer en Languedoch, et y commander.

On mande de Montauban que l’armée du comte d’Harcour avoit esté vers Marmande, et luy vers Bourdeaux. Il tient à peu qu’Agen n’aye repris le party de M. le Prince; q’ung des habitans nommé Perpelais, qui luy est fort affectinné, y estant receu, y avoit disposé quantité d’autres qui auroint porté le reste par la force; mais M. de St Luc y arrivant, rompit ses mesures, et il feut conseillé de sortir; qu’on y est si affectionné pour M. le Prince qu’il est infallible; qu’on se declarera pour luy à la premiere occasion; que le comte d’Harcourt fait tousjours travailler aux pontz de batteaux pres de Marmande; qu’il publie que l’armée navalle sera pres de Bourdeaux dans le 15 de ce mois, et que lors, il l’ira visitter; que cepandant son armée ruyne partout où elle passe, et que les maladies commencent à la destruire.

Le matin, le Parlement s’est assemblé, et une compagnie de bourgeois a gardé la grande sale du Palais, pour empescher les desordres avec les gardes et les Suisses de S.A.R., qui sont venus avec /78v/ elle, M. le Prince, et M. de Beaufort. Le president Le Bailleul a representé la licence que le menu peuple prenoit, se servant du nom odieux de Mazarin pour faire insulte à ceux que bon luy sembloit, et luy mesmes s’estoit veu dans des grandz dangers, et qu’on l’avoit menacé de cent genres de mort, et qu’enfin il estoit à propos de remedier à ces inconvenientz. S.A.R. a dit qu’elle se chargeroit de l’empescher, si on luy en vouloit donner toutte l’authorité; et ayant exposé les soings qu’elle avoit pris, despuis 3 ans, pour la conservation de Paris, elle a demandé qu’on luy laissa le soing du dedans et du dehors. Aussytost, la plupart des voix ont dit qu’il falloit prier d’en prendre le soing, et remettre le tout à sa bonne conduitte, mesmes de charger les colonnelz des quartiers d’aller recevoir ses ordres, et la prier d’aller aux assemblées de l’Hostel de Ville lors qu’elle jugeroit à propos. Plusieurs ont contesté pour faire desliberer là dessus; mais il n’a esté rien desliberé, sinon qu’on luy a dit de bouche qu’elle pouvoit faire tout ce qu’elle jugeroit à propos, sans en charger les registres; et l’on croit que cette apresdisnée les colonnels des quartiers iront ches elle, pour recevoir ses ordres.

Cette apresdisnée S.A.R. a renvoyé au mareschal de Schomberg, qui est icy, tous les Suisses qui avoint esté faitz prisonniers par M. le Prince à la prise de St Denys, au moyen de quoy les regimentz de Conty et de Bourgoigne, qui se deffendoint encor dans l’abbaye, en sont sortis ce soir, pour retourner à Neully [Neuilly] et à St Cloud; et à mesme temps, touttes les troupes de la Cour sont aussy retournées à St Germain; et la ville de St Denys demeure, par ce moyen, exempte de garnison.

/79/ De Paris du 17 may 1651

La Cour et les princes estant demeurés d’accord de laisser St Denys exempt de toutte garnison, les ordres des ungs et des autres y feurent envoyés le 14, par le trompette du Roy qui estoit icy prisonnier, et par un autre de ceux de S.A.R., pour y faire cesser les hostilités, en atendant qu’on seroit demeuré d’accord des conditions; et parce que la Cour avoit consenty de ce qu’on luy avoit faict prisonner les Suisses de la garde, dans un lieu où elles leur avoit seulement donné leur quartier, pour reparer cest inconvenient, S.A.R., qui les avoit, dès le 13, renvoyé au mareschal de Schomberg, leur colonnel general, sur la parolle luy renvoya aussy leurs chefs le 14; et M. le Prince envoya, le 15 au matin, ordre au sieur de La Lande, qui estoit encor dans l’abbaye de St Denys, de se rendre prisonnier de guerre, avec toutte sa garnison, laquelle on estoit demeuré d’accord d’eschanger avec les Suisses, ce qui feut executté le mesme jour.

Le mareschal de l’Hospital, le comte de Bethune, et le Procureur General reviendrent de St Germain le soir du 14, et porterent nouvelles que la Cour avoit consenty que touttes les troupes, tant d’ung party que d’autre, feussent esloignée de 10 lieues de Paris, et que le Roy demandoit une conference sur les affaires presentes, avec 2 deputtés de chasque chambre du Parlement, et 2 presidentz au mortier.

On escrit de Bourdeaux, du 6, que ce jour là, six vaisseaux espagnolz en estoint partis, pour s’aller joindre à ceux du comte d’Augnon en Brouage, et de là passer en Bretagne, pour tascher d’y mettre le feu à ceux que le mareschal de la Mesleraye y a fait esquiper; et que le comte d’Harcourt ayant fait achever son pont de batteaux à Marmande, y avoit fait passer quelque cavalerie, pour aller secourir le chasteau de Bordeilles [Bourdeilles], assiegé par la garnison et les habitans de Perigueux.

L’on a envoyé, despuis 4 jours, un passeport de la Cour au president Viole, par un courrier expres, pour s’en revenir de Bourdeaux.

L’accommodement de Brissac s’estant fait, comme vous aves sceu, par le comte de Cerny, celuy cy tira parolle de Charlevoix qu’il recognoistroit le comte d’Harcourt pour gouverneur de la place, et se contenteroit d’en demeurer lieutenant de roy, ce qui ce [se] fit sans aucune participation de la Cour, où l’on en est entré en grande jalousie contre le comte d’Harcourt; et l’on dit mesmes qu’on l’a voulu faire arrester prisonnier en Guyenne, mais qu’il a evité [qu’il l’a evité], ayant esté adverty.

Le 15 le Parlement continuant à s’assembler, S.A.R. (qui n’y s’y trouva pas, ny M. le Prince), y envoya les Suisses de sa garde, pour garder ces messieurs, et empescher les licences ordinaires que le menu peuple y prenoit; mais il n’y feut rien desliberé, à cause de son absence, et ilz luy envoyerent seulement 2 deputtés, pour le remertier du soing qu’elle avoit pris de leur envoyer ses Suisses, et pour la prier de se trouver à l’assemblée le lendemain de bonne heure, afin de pouvoir achever, devant les festes, la desliberation qu’on avoit à faire.

/79v/ Hier S.A.R., M. le Prince, et M. de Beaufort se trouverent à cette assemblée, où le president de Nesmond ayant representé à la Compagnie la response qu’on avoit fait aux deputtés du Parlement à St Germain, et le Procureur General ayant fait recit de ce qu’il y avoit fait, on leut une lettre de cachet du Roy, qui demandoit au Parlement la conference dont j’ay fait mention, dans laquelle Sa M. promettoit de donner response aux remonstrances; sur quoy, il feut arresté tout d’une voix, sans aucune exception, que les mesmes deputtés retourneroint à St Germain, augmenté seulement d’ung president et 2 conseillers de la Grande Chambre, et d’ung de chasque chambre des Enquestes, pour demander cette response et incister à l’esloignement du cardinal Mazarin, et à celuy des troupes qui sont aux environs de Paris; qu’au cas qu’on leur fit quelques propositions, ilz les escouteroint pour en faire raport à la Compagnie, sans y pouvoir faire aucune response de leur chef; et enjoint à eux de ne veoir directement ny indirectement le cardinal Mazarin, ny aucune personne attachée à ses interestz. Ilz envoyerent hier un expres à la Cour, pour demander audiance, d’où ilz attendent aujourd’huy des nouvelles.

MM. les princes estant demeurés d’accord avec la Cour de l’esloignement de touttes les trouppes, à 10 lieues de Paris, M. le duc d’Amville et le Milord Montaigu, qui estoint icy pour en arrester les conditions, retournerent le 15 à St Germain, pour obtenir un sauf conduit pour les troupes de Leurs A. qui estoint à St Cloud, Neully [Neuilly], St Maur, et Charanton, afin de les envoyer à l’armée à Estampes. Ces messieurs en estant revenus hier au soir, raporterent pour response à S.A.R. que la Cour ne vouloit point accorder de sauf conduit à ses troupes, à moings qu’on les voulut envoyer à Stenay ou à Clermont; mais que pour aller joindre leur armée, cela ne ce [se] pouvoit pas, à cause qu’Estampes estoit comme assiegé; à quoy S.A.R. respondit que ce siege n’empescheroit pas que ses troupes n’y entrassent par tel endroit qu’elle voudroit, et sans sauf conduit. Aussytost elle envoya ordre au sieur Pingaut de ramener dans Paris touttes les troupes qui estoint à St Cloud et à Neully, et M. le Prince envoya aussy à St Maur et à Charenton pour le mesme effect, en sorte que touttes ces trouppes ont quitté ces postes, et sont revenues dans Paris, où elles attendent que celles de la Cour soint esloignées, ce qui ce [se] doit faire demain.

Le duc de Lorraine marche en deça, et devoit hier arriver à Fismes.

/80/ De Paris le 21 may 1652

Le 16 du courant, quelques bourgeois estant allés au palais d’Orleans, supplierent S.A.R. de vouloir continuer ses soings, et l’asseurerent qu’ilz estoint prestz de contribuer pour la levée de 3000 chevaux et 6 mille fantassins, qui feut resolue dans l’assemblée tenue le xi ches M. de Beaufort, suivant la proposition du sieur de Penis; à quoy Sadite A. leur respondit qu’elle ne souffriroit jamais que ce cardinal demeurat, et applaudit fort à la bonne resolution dans laquelle ilz estoint. Pendant ce discours, un garçon de la garderobe de S.A.R., nouveau venu qu’elle ne cognoissoit point, feut asses mal advisé pour dire tout haut qu’ilz promettoint asses, mais qu’ilz n’en executteroint rien, et qu’ilz avoint beau s’en venter. S.A.R., qui prenoit ce garçon pour un de ces bourgeois, et qui prenoit ce reproche pour elle, dit là dessus qu’il y avoit parmy eux un seditieux bien impertinent; et leur ayant demandé qui c’estoit, ilz repondirent qu’ilz ne le cognoissoint pas, qu’il n’estoit pas de leur bande, et qu’ilz ne souffriroint jamais qu’aucung d’entre eux perdit le respect devant elle. Elle sceut aussytost qui c’estoit, et commanda à M. de Belloy, son cappitaine des gardes, de l’arrester, comme il fit dans la garderobbe; dont M. d’Ornano, qui en est le maistre, ayant esté adverty, y accoura, et ayant fort reprimendé ce garçon, il luy respondit qu’il n’avoit parlé que des bourgeois, et qu’il n’avoit jamais manqué de respect pour S.A.R.; à laquelle M. d’Ornano s’estant ensuitte voulu plaindre de ce qu’on avoit arresté ce garçon dans la garderobbe, où il avoit seule toutte la jurisdiction, elle se fascha fort contre luy, parce qu’elle estoit en colere, et l’obligea à luy demander congé, pour se retirer de son service, comme il fit; mais M. le comte de Rieux, son proche parent à cause de Madame sa femme, en parla avant hier à S.A.R., et le fit rentrer en grace.

Mme la comtesse d’Harcourt partit de Paris incognito puis 4 jours, pour aller, dit-on, vers Soissons, dans une abbaye de filles dont sa soeur est abesse. Le bruit a esté fort grand qu’elle estoit allé à Brisac [Brissac], et Monsieur son mary aussy, avec mille chevaux qu’il menoit par l’Auvergne; mais les advis de Guyenne n’en font encor aucune mention.

Le 18 le traitté d’entre le duc de Loraine et M. le Prince feut signé dans le palais d’Orleans, où celuy cy donna sa demission de la place de Clermont et de ses dependances à S.A.R., pour la garder jusques à la paix, et ensuitte la rendre au premier, auquel S.A.R. envoya aujourd’huy M. Le Grand, son premier valet de chambre, pour luy porter cette nouvelle, et le faire haster de venir. MM. Marcheville et de Vousy reviendrent aupres de luy, l’ung avant hier et l’autre hier, et rapporterent qu’il estoit encor à Sillery, proche Reins [Reims], et qu’il ne devoit arriver qu’hier à Fismes. L’on croit que ce duc ne retardera plus sa venue, à present que les Espagnolz sont maistres de Gravelines, qui ce [se] rendit à composition le 18, et la garnison en est sortie avec armes et bagages, etc.

/80v/ La negotiation de MM. d’Amville et de Montaigu ce [se] continue icy et à la Cour, où ilz vont et viennent tous les jours, mais sans y pouvoir rien avancer.

Les troupes de MM. les princes ayant quitté les postes qu’elles tenoint aux environs de Paris, quelq’uns de celles de la Cour entrerent le 18, sans aucung ordre, dans les retranchements que le sieur Pingaut avoit fait faire à Neully [Neuilly]; et quoy qu’elles en sortissent le mesme jour, neamoings cela ne laissa pas de faire grand bruit dans Paris, où l’on creut d’abord que la Cour avoit desseing de manquer de parolle. Cepandant, celles de M. le Prince ne sortirent pas d’icy jusques à ce que la Cour leur aye donné sauf conduit, pour aller joindre celles qui sont à Estampes. Le mareschal de l’Hospital et le Prevost des Marchandz s’en allerent pour ce subject, dès le 18, à St Germain. Le mareschal de Turenne menace despuis 3 jours d’aller assieger l’armée de MM. les princes dans Estampes, à present que la sienne ayant esté jointes par les regimentz de Mercoeur, de Villette, et 2 autres, faisant en tout 7 à 800 chevaux que le comte d’Harcourt a envoyé de Guyenne, elle se trouve forte de 11 mille hommes, au lieu que celle de MM. les princes n’est plus que 8500. Pour cest effect il a fait venir du canon de Compiegne et du chasteau de Meulan, et en fait marcher 8 à 10 pieces de ce costé là, outre que la Cour doit retourner aujourd’huy de St Germain à Corbeil, afin d’estre tousjours proche de son armée.

L’on asseure que M. le Prince continue à parler à S.A.R. du restablissement de l’abbé de la Riviere, mais inutilement jusques icy.

Les deputtés du Parlement ayant fait demander audiance à la Cour, on a remis apres les festes; et maintenant qu’elle est sur le point de partir de St Germain, on a remit encor à la fin de la semaine.
Le Parlement de Thoulouse a rejetté les propositions qui avoint esté faittes par M. de Maugiron, et ordonne qu’il seroit fait des remonstrances là dessus. Le vicomte d’Arpajou n’est point du tout pour la Cour, et n’en a receu aucune commission. S.A.R. receut avant hier une lettre de luy, par laquelle il luy manda que M. de Choisy, son chancellier, qui est encor en Languedoch, ne luy avoit point fait touscher d’argent qu’elle luy avoit fait esperer, et qu’il ne pouvoit rien faire sans cela; mais qui [qu’il] se donnoit ordre à le luy faire touscher, ses troupes seroint bientost prestes. L’on a rasé le chasteau de Carcassonne par ordre de la Cour.

Hier, l’apresdisnée, arriva du desordre proche les Petites Maisons, où M. de Bellingant, premier escuyer du roy, ayant passé apres avoir monstré le passeport de S.A.R., et le corps de garde ne s’y estant point opposé, apres que plusieurs leur eurent dit qu’il n’estoit plus Mazarin, l’abbé de Ste Croix, filz de M. le Garde des Sceaux, voulu passer avec son carrosse et un autre dans lequel estoit Mme la comtesse de Miossens, /81/ M. de Troquedit, et quelques autres, avec une escorte de 30 chevaux et un chariot chargé de bagage; mais aussytost on tendit les chaisnes, et l’on les empescha de passer outre avec grande rumeur, sans considerer les passeportz qu’ilz avoint de S.A.R.

/82/ De Paris le 24 may 1652

Outre ce que vous aves sceu du traitté d’entre le duc de Lorraine et M. le Prince, celuy cy n’a pas seulement donné sa demission de la place de Clermont et de ses dependences à S.A.R., pour le mettre entre les mains du premier, mais encor s’est obligé de luy prendre aussy celle de Stenay lors qu’on luy remboursera les 600 mille escus dont les autres places luy tiennent lieu, sçavoir ces 2 icy, et celle de Jametz, laquelle n’est plus entre les mains de M. le Prince, la Cour s’en estant asseurée. S.A.R. y envoya, le 22, le sieur Le Grand, son premier valet de chambre, à ce duc, pour luy porter cette nouvelle et le faire haster de venir. Son avangarde s’est avancée jusques à Nanteuil, 12 lieues d’icy. Il n’a que 7 à 8000 combattans, suivis de 40 mille bouches, qui ne laissent rien partout où ilz passent. Il envoya, il y a 4 jours, le sieur Rolin, son secretaire, à la Cour pour dire ses intentions au Roy et à la Reyne; et en mesme temps il envoya un de ses colonnelz en toutte diligence à S.A.R., pour l’asseurer qu’il venoit en toutte diligence.

Le Parlement de Rouen a donné arrest, portant que le Roy seroit supplié de vouloir tenir sa parolle royalle qu’il avoit donné à la province de Normandie, de n’y envoyer aucunes troupes moyenant les 100 mille escus qu’elle a contribué pour cest effect, et de l’esloigner le cardinal Mazarin du royaume, et des terres et places de son obeissance.

Les collonelz et autres officiers des quartiers de Paris s’assemblerent le 22 ches Mademoiselle, pour aviser aux moyens d’empescher, à l’advenir, les desordres qui arrivent contre ceux qui sortent de Paris, pour aller à la Cour. S.A.R. s’y trouva avec M. le Prince et M. de Beaufort; et apres que les collonelz eurent reproché aux eschevins que touttes les rumeurs n’arrivoint qu’à cause que les ordres venoint aux corps de garde de la part de l’Hostel de Ville, et qu’on n’y avoit point de creance, parce qu’on les croyoit Mazarins, il feut resolut qu’on recevroit desormais les ordres de S.A.R., à laquelle ces officiers protesterent d’obeir, et de faire conciderer ses passeportz; sur quoy, elle les chargea de conferer avec le mareschal d’Estampes, sur le raport duquel elle ordonneroit ce qu’elle jugeroit à propos pour le bien public.

Le mareschal d’Estrés, pour se rendre maistre de toutte la comtée de Soissons, malgré le duc de Montbason, assiega, sur la fin de la semaine passée, la ville de Coussy [Coucy], 4 lieues au dela de Soissons, laquelle apartient à ce duc. Despuis, il a pris la ville, mais non pas le chasteau, qui est gardé par un nommé Hebert, auquel la Cour a envoyé ordre de le rendre à ce mareschal; mais le duc de Lorraine ayant esté prié de le secourir, on dit qu’il a envoyé mille chevaux. Le mareschal d’Hocquincourt, devant son despart de St Germain, pour s’en retourner en Picardie, receut 20 mille livres du cardinal Mazarin pour sa recompense, et luy fit donner, outre cela, une assignation de 12 mille livres à prendre sur la ville de Roye, pour la perte qu’il fit, il y a 2 mois, au combat de Chastillon. Ce mareschal n’ayant peu exiger de bon gré cette /82v/ contribution dans cette ville là, la investit avec 800 chevaux; et apres y avoir demeuré 2 jours devant, la composition s’y est faitte, en sorte qu’il a quitté les habitans pour 10 mille livres. Il y a advis que le Pont St Esprit sur le Rosne feut surprit, la nuict du 15 au 16 de ce mois, par un nommé Champrond, qui en estoit lieutenant devant que S.A.R. l’eut, lequel par l’intelligence qu’il y avoit avec un officier de la garnison, nommé La Brene, y fit enterer 300 hommes dans le chasteau, avec lesquelz il s’en rendit maistre, et en chassa ceux de S.A.R.

Les lettres de Bourdeaux, du 16, portent que le duc de la Force estoit malade à l’extremitté; que le comte d’Harcourt avoit renvoyé des troupes à Nerac, pour en assieger le chasteau, mais que la garnison, qui est de 400 hommes pour M. le Prince, ne craignoit rien; qu’il avoit levé le siege qu’il avoit mis devant Bazas, et assiegé aussy La Reole, qui se deffendoit fort bien; qu’il tenoit les 2 costés de la riviere, par le moyen du pont qu’il avoit fait faire à Marmande; que M. de Marchin ayant laissé une bonne garnison dans St Machaire, Langon, et Cadillac, estoit arrivé à Bourdeaux, où il y eut grande rumeur le 14, sur ce que le Parlement ayant donné arrest pour empescher les assemblées du peuple, et voulant l’y faire publier, les huissiers feurent fort maltraittés, et poursuivis à coup de pierres; que le lendemain, le Parlement ayant voulu faire recommencer cette publication, ceux de l’assemblée prirent les armes, et s’allerent saisir de la porte et de la salle du Palais, devant lequel ilz y poserent 400 hommes armés, et tendirent les chaisnes tout à l’entour, ce qui surprit fort le Parlement. M. le prince de Conty y accourut aussytost, pour tascher d’appaiser cette rumeur; et tant d’une part que d’autre, M. Marchin ayant esté choisy pour mediateur de ce different, apres plusieurs allées et venues qu’il fit, il feut dit que l’affaire demeureroit comme non avenue, et que l’assemblée du Parlement seroit remise au lendemain. Sur cela, le peuple se retira; et la parolle feut donnée, d’une part et d’autre, qu’ilz remettroint tous leurs interestz entre les mains de M. le prince de Conty. Cepandant, ceux de l’Ormiere ne laisserent pas d’aller en armes, tambour battant, par toutte la ville, criant "Vive le Roy et les princes, et point de Mazarin!" et l’on remarqua que le peuple estoit pour eux, et qu’ilz n’avoint pas laissé de s’assembler le lendemain à l’ormiere.

Hier, au matin, on surprit une lettre qu’Ondedei, secretaire du cardinal Mazarin, escrivoit à la duchesse de Mercoeur, par laquelle il luy mandoit que toutte cette semaine s’estoit passée à parler de quelques propositions qu’on faisoit d’accommodement; mais que, comme elles ne contenoint que les moyens d’esloigner S.E., la Cour les ayant trouvé ridicules, les avoit entierement rejettées; et que dans 3 jours on verroit des choses extraordinaires.

La nouvelle vient d’arriver que l’armée du mareschal de Turenne a decampé aujourd’huy de Palaiseau, et marche du costé de Chastres [Châtres], pour aller à Estampes, ayant seulement /83/ laissé quelque cavalerie à Chilly, pour escorter 6 pieces de canon qui [qui y] sont demeurés parce que les affutz n’en sont pas achevés. Il y a quantité de malades dans son armée, aussy bien que dans celle de MM. les princes.

/84/ De Paris le 28 may 1652

La reyne de Suede, voulant tesmoigner l’affection qu’elle a tousjours eu pour ses alliés, et particulierement pour la France, offre sa mediation pour la paix, tant particuliere que generalle. Pour cest effect, elle a escrit au Roy, à la Reyne, à S.A.R., à M. le Prince, au Parlement de Paris, à M de Longueville, et au cardinal de Retz. Les lettres adressées pour ce subject à Leurs M. leur feurent rendues la semaine passée, devant leur despart de St Germain, par un gentilhomme suedois nommé Palpassy, auquel elles avoint esté envoyées. Le Conseil les considera, et mit en desliberation s’il devoit accepter l’offre. Quelques ministres feurent d’advis d’en remertier cette reyne, disans qu’on ne devoit point se servir de mediation estrangere dans une querelle qui est entre le souverain et les sujectz; et l’affaire demeura là dessus indicise. L’on dit à ce gentilhomme qu’on y deslibereroit plus amplement. Il a despuis rendu les lettres qu’il avoit pour S.A.R. et pour M. le Prince, qui luy ont respondu qu’ilz mettroint tousjours leurs interestz entre les mains de la Reyne sa maistresse; et M. le Prince y a adjousté qu’il y mettroit non seulement ses interestz, mais encor sa vie, pour en disposer comme elle voudroit. Il a encor rendu celle du cardinal de Retz, et est sur le point d’aller en Normandie pour rendre celle de M. de Longueville; apres quoy, il retournera à la Cour, pour demander sa response, et rendre celle du Parlement s’il trouve quelque disposition dans les espritz, à accepter l’offre de la Reyne sa maistresse, laquelle, en ce cas, envoyera un ambassadeur extraordinaire pour y travailler.

On asseure que Mme la comtesse d’Harcourt, qui partit d’icy la semaine passée incognita, est allé en Guyenne, et que mesmes elle a apporté à Monsieur son mary les prouvisions du gouvernement de Brissac que Charlevois luy a promis de mettre entre les mains, en luy baillant Philisbourg, dont il sera gouverneur en chef, et le comte de Cerny lieutenant de Brissac, soubz le comte d’Harcour.

L’avantgarde de l’armée du duc de Lorraine ne s’est point avancée à Nanteuil, comme il a esté dit. Ce n’estoit q’ung party de sa cavalerie qui est venu courir jusques là. Il est encor à Cormay [Cormicy?], 2 lieues au dela de Fismes, d’où il a envoyé 1000 chevaux à Coussy [Coucy], qui en ont fait lever le siege, apres avoir bien battu les troupes du mareschal d’Estrés et du sieur de Manicamp, qui l’assiegeoint, desquelz ilz ont tué 60 hommes, et leur ont pris 2 pieces de canon qu’elles avoint. S.A.R. fit partir d’icy, le 24, un de ses gentilhommes nommé St Sernain, avec 2 gardes, pour aller faire cuire du pain de munition à Dammartin, pour l’armée de ce duc; et neamoings, MM. les princes n’ayant point encor de nouvelles qu’il aye accepté le traitté qui luy a esté envoyé par le sieur Le Grand, pour la cession qui [qu’y] luy fait M. le Prince, de la place de Clermont, S.A.R. luy renvoya hier, au matin, M. de Langeron, pour le presser de l’accepter ou de le refuser; et les advis qui viendrent hier de la Cour portent que le sieur Rolin, son secretaire, y a fait son traitté, par lequel, suivant les premieres propositions, la Cour luy remet presentement entre les mains les places de Vich, Moyenvic, et Nancy, et despost entre les mains des Suisses, jusques à la paix avec les Espagnolz, sans l’obliger à se desunir d’avec ceux cy, ny à autre chose qu’à n’assister point MM. les princes directement ou indirectement; mais le bruit de son traitté a couru si souvent, qu’on n’adjouste plus de foy à celuy cy qu’aux precedentz.

L’apresdisnée du 24, il y eut assemblée à l’Hostel de Ville, pour desliberer sur les propositions qui /84v/ avoint esté faittes et concertées avec le mareschal d’Estampes, pour regler l’authorité que la Ville doit prendre, avec celle de S.A.R. touchant les ordres qui ce [se] donnent aux portes de la ville, pour la garde qu’on y fait, et pour les passeportz; et l’on demeura d’accord, à peu pres, de touttes les conditions qui avoint esté concertées, lesquelles ont esté imprimées et publiées; mais parce qu’on ne pouvoit pas convenir du different qu’il y avoit, à qui donneroit le mot de guet aux corps de garde, il feut arresté qu’on le recevroit encor du Roy pour 15 jours, comme il a esté donné jusques icy par Sa M., qui l’a tousjours envoyé au mareschal de l’Hospital, de qui l’Hostel de Ville a accoustumé de le recevoir.

Le mesme jour, les deputtés du Parlement nommés pour aller en Cour, demander la response aux remonstrances, receurent une lettre de M. le Garde des Sceaux, qui leur mandoit que leur audiance avoit esté remise à aujourd’huy; et despuis, on la leur a encor remise à vendredy prochain, dont on leur donna hier advis.

L’armée de la Cour, dont l’avantgarde avoit commencé de marcher dès le 24, decampa tout à fait de Palaiseau et des environs, et marcha vers Estampes au nombre de 10 mille hommes seulement, avec 14 pieces de canon, dont il y en a 4 de 24 livres de balle, et le reste de 12, 8, et 6, avec 2 mortiers, 106 bombes, et 600 bouletz, tous les chevaux de bagage de la Cour ayant esté employés à traisner cest attirail jusques à Estrichy [Etréchy], où cette armee arriva hier au soir, et n’est plus qu’à une lieue d’Estampes, qu’elle doit attaquer aujourd’huy. Il y a dedans 7000 hommes effectifs, bien retranchés, bien munis de touttes sortes de prouvision, hormis de fourage pour leurs chevaux, n’en ayant peu amasser que pour 15 jours au plus. Ilz sont si preparés à se deffendre qu’ilz ne peuvent croire qu’on ose les attaquer. Ilz envoyerent hier, au matin, un party de cavalerie vers Estrichy, qui enleva les gendarmes et chevaux legers du roy, apres une rude escarmouche où il y en eut plusieurs tués de part et d’autre. Le cardinal Mazarin avoit resolu avant hier d’aller en personne, sans la Cour; mais despuis, il a fait resoudre Leurs M. d’y aller aussy; et pour cest effect elles ont envoyé preparer Le Menil [Le Mesnil-Cornuel], qui appartient à M. Coulon, conseiller au Parlement, à une petite lieue d’Estampes, où elles vont aujourd’huy.

Don Gabriel de Tolede, qui estoit venu le 24, trouver M. le Prince de la part de l’archiduc Leopold, pour terminer le traitté du duc de Lorraine, s’en retourna hier au matin, avec M. de Langeron, pour aller trouver ce duc; et promit qu’au cas que celuy cy s’amusat d’avantage aux propositions qui luy sont faittes de la part de la Cour, il se mettroit à la teste de ses troupes, dont il n’y a pas 3 mille hommes qui apartienne à ce duc, le reste apartenant aux Espagnolz, et qui [qu’il] les conduiroit icy en diligence. La Cour y a renvoyé M. de Bregy, avec le sieur Rolin, pour raporter sa response touchant le traitté qu’elle pretend avoir fait avec luy, aux conditions mentionnées cy dessus.

Un courrier arrivé ce matin ches le mareschal de l’Hospital a raportté que le Roy estoit party ce matin, dès 2 heures, pour aller au Menil Cornuel; et neamoings on ne peut croire que ce soit pour attaquer Estampes, où l’armée de MM. les princes a bruslé les fauxbourgs, et a abbatu plusieurs endroitz des murailles de la ville, où elle a fait une 20e de portes, et une demy lune à chasque porte, avec des bons retranchementz. On croit que celle de la Cour va à Chartres en Beausse.

/85/ Le Parlement s’assembla hier, au matin, pour desliberer sur la priere que l’Hostel de Ville luy avoit faitte, de donner arrest pour faire descendre la chasse de ste Geneviefve, afin de la porter en procession. L’on arresta là dessus que l’on convieroit M. l’archevesque de Paris de se trouver ce matin à l’assemblée, pour donner cest arrest de son consentement, et qu’on deslibereroit aussy sur les moyens de trouver un fonds pour achever la somme de 50 mille escus, destinée pour celuy ou ceux qui apporteroint la teste du cardinal Mazarin, et sur les moyens d’asseurer les rentes de la Ville. L’on y a parlé ce matin de touttes ces choses; et apres avoir donné l’arrest pour faire descendre la chasse de ste Geneviefve, suivant la coustume, l’on a ordonné que les receveurs seroint contraintz par toutes voyes, mesmes par vente de leurs biens, au payement des rentes; et que les deputtés partiroint vendredy prochain pour aller à la Cour, sans s’arrester d’avantage aux ordres qui pourroint venir pour les retarder, et quant à la somme de 50 mille escus, pour le pris de la teste du cardinal Mazarin, on n’y a rien de desliberé, quoy que plusieurs ayent fort incisté pour y faire deliberer.

/86/ De Paris du 31 may 1652

Quoy que le bruit aye couru que Mme la comtesse d’Harcourt feut allé en Guyenne, neamoings il ce [se] confierme qu’elle est allé en Alsace, estant certain qu’elle a passé à Dijon, et continue son chemin par la Franche Comtée.

L’armée de la Cour estant arrivée à Estrichy [Etréchy], le Roy partit de Corbeil le 27, des 4 heures du matin, avec le cardinal Mazarin, pour y aller, tant afin d’obliger, par là, tous les volontaires qui sont à la Cour de s’y trouver, que pour faire passer l’armée en revue; et la Reyne demeura à Corbeil avec M. le duc d’Anjou. Ceux d’Estampes envoyerent, le mesme jour, un party de cavalerie vers Estrechy, lequel enleva la compagnie des gendarmes de la reyne, apres un petit combat où il y en eut quelq’ungs de tués de part et d’autre. Despuis, ilz ont fait 3 ou 4 sorties, dans lesquelles il y a eu autant d’escarmouches bien rudes, dont l’avantage leur est tousjours demeuré, ayant defait, dans la premiere, les gendarmes du Roy et ceux du cardinal Mazarin, et dans les autres, tués bon nombre de soldatz et blessé des personnes de condition: entre autres le comte de Grandpré, mais asses legerement; le marquis de Vardes, qui a receu un coup de mousquet au poignet. Le marquis de Genlis, cappitaine aux gardes, y a eu le bras emporté d’ung coup de canon; le marquis de Renel y a receu une mousquestade dans la ventre; et le chevalier de la Vieuville une autre dans l’espaule, sans qu’il y aye eu aucune personne de consideration tué ou blessé du costé des princes. Le mareschal de Turenne a desja fait tirer plus de cent volées de canon, tant sur la ville que sur le chasteau, sans avoir fait aucun dommage et tué q’ung cavalier. Il n’y a point encor jetté les bombes, n’estant pas asses pres de la ville. Elle n’est attaqué que du costé de deça, l’autre estant si libre que les cavaliers ne laissent pas d’aller au fourrage. Le baron de Clinchamps et le comte de Tavannes escrivirent hier, au matin, à M. le Prince, qu’ilz luy rendront bien conte de son armée, et qu’ilz luy en respondroint; et M. de Turenne a dit tout haut, aux principaux officiers de la sienne, que cette entreprise ce [se] faisoit contre son sentiment; aussy s’est-elle faitte de l’advis de M. de Bouillon, qui est maintenant en grandissime credit à la Cour, où le cardinal Mazarin ne jure que par luy. La Duchesse sa femme est aupres de luy despuis 15 jours, M. le Prince l’ayant fait sortir luy mesmes par une porte du jardin du palais d’Orleans, où quelque peuple qui c’y [s’y] trouva, cria fort contre luy.

Un tambour de l’armée de MM. les princes, arrivé icy ce matin, a confiermé tout ce qui a esté dit, et adjousté que, dans une sortie que le sieur de Ravenelle fit hier, soubtenu par le sieur de Valon, qui commande les troupes de S.A.R., il envelopa le regiment de Picardie et quelque cavalerie avancé, et la maltraitta si fort qu’il ne s’en sauva pas 40 hommes, le reste ayant esté pris ou tués, et qu’il en demeura 500 sur la place, et le reste mené prisonnier dans Estampes, où l’on y compte 30 officiers; mais de la Cour on mande qu’il n’y en a eu que 250 de tués, que les vivres y sont si cheres dans l’armée du mareschal de Turenne que le pain vaut 16 solz la livre. Les soldatz s’y desbandent fort, et vont prendre party à Estampes, où l’on a fortiffié le regiment de Valois de plus de 200 hommes. Le Roy doit retourner aujourd’huy à Corbeil avec le cardinal Mazarin, pour entendre les deputtés du Parlement.

/86v/ Les eveschés qui estoint vaquantz ont esté donnés cette semaine, sçavoir celuy de Poictiers au cardinal Anthoine Barbarin; l’archevesché de Thoulouse à M. du Marca, à condition d’en donner 12 mille livres de pension à la reyne d’Angleterre et 4 mille livres au chevalier de Crequy, et de resigner l’evesché de Cosserans [Couserans] qu’il a, à l’abbé de Marmiès, lequel s’est aussy chargé de donner encor 6 mille livres de pension à ce chevalier. Celuy de Thule [Tulle] a esté donné à l’abbé de Vaillac, frere du deffunct evesque de ce lieu là; et celuy d’Authun [Autun] à l’evesque de Rietz, qui resigne le sien à l’abbé de Valavoir. Le cardinal Mazarin avoit promis au Milord Montegu, pendant la negotiation qu’il menageoit ces jours passés, de luy faire donner en mesme temps quelques abbayes, mais il luy a manqué de parolle; et ce milord s’en est si fort offensé qu’il a pris congé de la Cour, pour se retirer, et est sur le point d’aller faire un voyage à Rome.

Dès qu’on a sceu à la Cour que le gouverneur de Milan avoit assigé Trin, l’on a aprehendé pour Casal; et M. de Montpesat, qui en est gouverneur, a tant pressé pour avoir les choses necessaires à la conservation de cette place, qu’il a enfin obtenu des lettres de change, pour recevoir 50 mille escus à Lyon, apres l’acceptation desquelles il s’en retournera en diligence, avec la qualité qu’on luy a donné de lieutenant general de l’armée de Piedmon, où le Roy n’en a point; mais on luy promet d’y envoyer des troupes au plus tost.

On escrit de Barcelonne, du 10 de ce mois, que le mareschal de la Motte y est tousjours, où il se porte beaucoup mieux de la blessure, dont il sera bientost guery; qu’il avoit cepandant envoyé 200 soldatz hors de la ville par mer, afin d’espargner les vivres; que 40 petits barques ou batteaux chargés de prouvisions vouleurent essayer d’y entrer le 4, mais que les galleres d’Espagne leur donnerent si bien à dos, qu’ilz en prirent 5 ou 6, et obligerent les autres de s’en retourner en arriere, à la reserve de celles qui entrerent dans le port, fort maltraittées, et n’y porterent pas grande chose; qu’on cherchoit l’occasion d’y en faire entrer une grande quantité de françoises, qui estoint arrivées à St Felix, chargées de bled en attendant le secours de Provence, qui doit partir de Marseille le x du mois prochain; q’ung frere du comte d’Isle qui est du party des Espagnolz, ayant assemblé quantité de miqueletz et autres gens revoltés pour l’Espagne, avoint esté defaitz à Vich, et luy mesme tué; qu’on avoit fait quantité de prisonniers de ces gens là, à qui on faisoit le proces.

Un courrier que S.A.R. avoit envoyé avant hier au duc de Lorraine, en revient hier au soir, et raporta que Don Gabriel de Tolede y estant arrivé, l’avoit d’abord fait resoudre de venir au secours de MM. les princes. Pour cest effect, il partit hier, au matin, de l’abbaye de Cassy, 3 lieues de Fismes, avec touttes son armée, qu’on asseure estre de 9 à 10 mille hommes, pour venir coucher à Ouchy [Oulchy] le Chasteau, 6 lieues en deça; qu’il doit arriver ce soir à La Ferté Milon, demain aux environs de Dammartin, apres demain vers St Maur, et qu’il sera en estat de passer la Seine lundy prochain, sur un pont de bateaux que S.A.R. luy doit faire tenir prest au Port Langlois, vis à vis de Charanton, une lieue d’icy; où l’on a fait marcher, ce matin, les troupes qui estoint encor dans Paris, desquelles M. le Prince fit faire reveue avant hier, et il ce [se] trouva qu’il y avoit plus de 1500 fantassins et 500 chevaux. Le comte de Rieux et le chevalier de Guyse ne sont aupres de ce duc que pour le visitter, et luy /87/ demander employ de lieutenantz generaux dans son armée.

MM. de Langeron et de Gaucourt sont revenus aujourd’huy d’aupres du duc de Lorraine, et ont confirmé tout ce qui en a esté dit cy-dessus, et adjousté qu’il arriveroit icy dimanche ou lundy, aussytost qu’il auroit fait passer son armée sur le pont de batteaux, auquel on a commencé de travailler cette apresdisnée; et le sieur de La Lande, qui est allé commander, y fait en mesme temps faire des bons retranchementz, pour le garder. Ce duc viendra loger dans le palais d’Orleans, où S.A.R. luy a fait preparer l’apartement que l’abbé de la Riviere y avoit autrefois.

Ce soir, M. le Prince ayant receu une lettre du comte de Tavannes, qui luy mande qu’hier, à 9 heures du matin, le sieur de Ste Marie, lieutenant des gardes suisses du Roy, s’estant presenté à la porte d’Estampes avec un trompette, demanda à parler à ce comte de la part de Sa M. On luy envoya le colonnel Houx, pour luy dire que ce comte estoit indisposé. Ste Marie dit alors qu’il estoit venu luy porter l’ordre de ne faire plus tirer, et de respecter la personne de Sa M., qui vouloit venir dans Estampes veoir son armée en bataille; à quoy ce colonnel, se deffiant que ce feut une ruse mazarine, luy respondit qu’on auroit tous les respectz possibles pour Sa M., mais que le cardinal Mazarin y estant, on ne pourra pas empescher les soldatz de tirer sur luy, et de luy tuer, luy et sa sequelle; sur quoy cest envoyé s’estant retiré avec son trompette, ce comte fit une sortie, avec le baron de Clinchamps, sur le quartier du mareschal de Turenne, où ilz tuerent beaucoup de monde, et entre autres 4 mareschaux de camp, et firent aller leur cavalerie au fourrage, à la veue de leurs ennemis. Le courrier qui a apporté cette nouvelle, a adjousté que le comte de Grandpré est mort de sa blessure.

On croit que la Cour va en Bourgoigne.

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