Quoy que les Pères de la Merci prez de l'Hôtel de Guyse, ne se fussent proposés de regaler le Samedi Saint, d'un beau concert de voix et d'instruments, que les personnes distinguées de leur voisinage ; le bruit de cette musique, dont le peuple de Paris est fort avide, s'estant repandu en plusieurs endroits de la Ville, attira chés eux un si grand concours, que l'Eglise fut bien tôt trop-petite pour les contenir : Quelques déterminés voulurent s'aller placer dans une tribune qui estoit gardée pour les amis & bienfaiteurs de la maison, & dont l'entrée estoit deffenduë par six Freres Lais des plus vigoureux de l'ordre, qui eurent en cette rencontre autant de bravoure, mais non pas autant de bonheur, qu'en eut autre fois Frere Jean leur Predecesseur, lorsqu'il se vit obligé de deffendre les vignes de son monastere, avec le baston de la Croix ; Le combat fut rude & opiniatre, les Freres receurent les assaillans avec beaucoup de fermeté, mais enfin apres une resistance de trois quarts d'heures, leurs habits furent telement dechirez qu'on leur voyoit ce que tout Moine doit cacher aux yeux du public ; Les Clefs du refectoire qu'un des Freres portoit, furent perduës dans la bagarre, de sorte que la musique finie les Peres furent mortifiés de trouver les Portes des lieux Ventriculaires fermées : aprés deux heures de Penitence, tout se racommoda, mais un des coupables (qui fut arresté, & mis au fonds du Dortoir jusques au Lendemain,) y fut aparement mal regalé.
Source: Nouvelles extraordinaires du mardi 15 avril 1687, et est datée « De Paris, le 8 avril ». I thank Jérôme de la Gorce for giving me a photocopy of this account.