Panat in postcardThe Ranums'

Panat Times

Volume 1, redone Dec. 2014

Contents

Volume 1

Panat

Orest's Pages

Patricia's Musings

Marc-Antoine

Charpentier

Musical Rhetoric

Transcribed Sources


 

Richelieu et La Querelle de la "Mère et du fils" (1)

Published as: "Richelieu et la querelle de la 'mère et du fils'," in Le "Siècle" de Marie de Médicis, ed. F. Graziani and F. Solinas (Alessandria: Edizioni dell'Orso, 2003), pp. 57-65. I wish, first, to compliment the Edizioni dell' Orso on having produced that beautiful illustrated book; and second, to thank them for autorizing me to publish to our site this revised version of the above article, plus a Coda in English, written in late 2013.

L'élite politique qui réfléchit et qui agit dans la France des années 1610-40 se trouve confrontée à un phénomène qui est pour elle à la fois impensable et incompréhensible: la querelle -- et même la guerre civile -- entre la Mère, Marie Reine de France et Régente, et son fils Louis XIII. À force de constater cet état de fait, elle exprime non sans réticence ses propres sentiments d'angoisse, de frustration et d'inquiétude. Certains finissent par essayer de commenter et même de conseiller, par la plume, leurs souverains. Ce sera par leurs remarques que nous commençerons notre analyse.

 N'oublions pas que cette querelle a éclaté en public, prenant la forme d'échanges épistolaires entre la mère et le fils, publiés et diffusés dans tout le royaume. (2) Le flot de pamphlets et de chansons, de véritables "voix publiques," ne cessera qu'avec la mort des principales parties. Les ré-éditions, suivies de commentaires sur quelques-uns des principaux textes, continueront jusqu'au XVIIIe siècle.

La première et la plus fréquente réflexion concernant cette Querelle est une version de la vieille et éternelle critique, celle qui vise les conseillers malveillants qui, pour consolider leur pouvoir, profitent de ces jalousies si ordinaires dans une famille. (3) Le comportement de Louis XVI à Varennes finira par détruire cette perspective qui servira toujours pour innocenter non seulement les rois mais aussi tous les membres de sa famille. Les conseillers sont ici les payeurs: sans la zizanie d'un Concini, d'un Luynes, d'un Brûlart, d'un La Vieuville, ou d'un Richelieu, tout irait bien dans la famille royale. Je ne m'attarderai pas sur ce type de réflexion; il est pourtant très important pour saisir l'encadrement par lequel les Français politiques estimaient Richelieu. Les pamphlets de Matthieu de Morgues nuanceront cette perspective par l'accusation maintes fois reprises que le cardinal a rompu la fidélité qu'il devait à celle qui l'avait créé, Marie de Médicis.

Le deuxième type de commentaire a trait à l'efflorescence de la vieille attitude misogyne partagée par presque tous les membres de cette élite politique imbue d'idées républicaines et antiques. De vagues allusions à Aristote, à Cicéron et à des penseurs paternalistes comme Bodin n'auraient pas surgi dans leurs réflexions sur la Querelle, si les pouvoirs exercés par Catherine de Médicis et Marie de Médicis avaient été moins apparents, et de durée moins longue. Des Régences de femme qui se suivaient de près, jointes à des guerres civiles, ont inévitablement fait croire à un rapport entre les unes et les autres. La misogynie de Richelieu est bien connue des spécialistes (4); elle est peut-être moins virulente que celle de beaucoup de membres de sa génération. À titre d'exemple, citons la remarque de Fontenay-Mareuil:

On s'était étonné, d'abord, de leur présence. On remarquait que cela n'arrive pas dans les autres pays, "où les femmes étant plus particulières et nourries seulement dans les choses de leur métier, elles ne peuvent pas prendre tant de connoissance des affaires publiques". ... car, " étant ordinairement ambitieuses et vaines et ne se trouvant pas assez considérées tant que les choses demeurent dans l'ordre, elles font le plus souvent tout ce qu'elles peuvent pour le troubler." (5)

Pourtant, bien des commentateurs-conseillers font un effort sensible pour s'en tenir à une analyse des jeux de pouvoir des mauvais conseillers, c'est-à-dire pour ne donner ni dans l'anti-italianisme, ni dans l'anti-féminisme. L'effort qu'ils font pour tout expliquer par l'influence des méchants conseillers est révélateur de la cohérence et de la vitalité de la philosophie politique en France -- enrichie en profondeur par l'Humanisme des juristes et par des réflexions sur les désordres des guerres de Religion et des Régences.

La troisième réflexion à laquelle se livrent les contemporains sur la Querelle provient de la pensée stoïcienne sur la Nature. Les lieux communs sur la Nature et la famille se trouvent dans bien des avis et des conseils écrits. Une mère, surtout une veuve, aime par nature ses enfants; elle les protège, elle les fait avancer. Elle n'a que les intérêts de ses enfants au cœur, selon cette loi naturelle. S'il y a donc une brouille dans la famille royale, elle ne peut provenir que des princes ambitieux ou des favoris. J'ai cherché un témoignage de l'époque qui accuserait Marie d'agir contre nature quand son inclination la porte vers Gaston, aux dépens de son aîné, Louis; mais jusqu'à présent je n'en ai point trouvé dans la littérature pamphlétaire. Selon la philosophie stoïcienne, les lois naturelles doivent prévaloir sur les jalousies et les inclinations; mais il se peut que cette volonté consciente de limiter leurs réflexions aux rapports au-delà de l'intime et du particulier ait prévalu chez les commentateurs. Dans l'ensemble, les analyses de la Querelle par les contemporains font partie de la culture politique profonde -- elles expriment les attitudes plus que les idées courantes. Celles-ci sont souvent le reflet des conflits religieux récents.

Ici et là, on trouve aussi quelques parallèles historiques révélateurs; par exemple, Alexandre qui pleure devant sa mère à propos du comportement d'un favori, ou la mère et l'épouse de Coriolanus qui tombent à genoux en larmes, pour prévenir ce grand capitaine de ce même danger, le pouvoir et l'ambition d'un favori. (6)

Quoique bien au-delà de notre thème, n'est-il pas possible de suggérer que l'angoisse psychologique provoquée par la querelle entre Marie et Louis ait suscité une interrogation en profondeur, interrogation qui a préparé le public au théâtre antique de Corneille, de Rotrou et de quelques autres? Le thème majeur de ce théâtre est presque toujours celui des rapports entre les membres d'une famille royale, les amants, les amis et le pouvoir.

* * *

Tournons-nous maintenant vers une analyse à la fois historique et structurelle de la Querelle de la Mère et du Fils. En effet, la Querelle s'insère dans une série de chocs politiques (Naudé les appellera des "coups d'État") qui se situent au plus haut niveau de la Monarchie et qui commencent avec la disgrâce, violente et massive, par Henri III, de ses ministres, le 8 septembre 1588. Villeroy, Bellièvre, Pinart et Brûlart, et le chancelier Cheverny, reçoivent l'ordre de regagner leurs maisons de campagne. Leur première réaction est de courir vers Catherine de Médicis pour apprendre la raison de cette disgrâce. Et c'est pour découvrir qu'elle n'en savait rien; son fils ne l'a même pas informée de ce limogeage brutal. Catherine, parce qu'elle n'a pas été informée, est elle aussi disgrâciée en quelque sorte, mais Henri la laisse à la cour, non sans l'avoir écartée de son conseil. (7) Peu de temps après, Henri commande expressément les exécutions du duc de Guise et de son frère, le cardinal, encore une fois à l'insu de sa mère. Cette fois-ci, Henri rend catégoriquement sa mère responsable de l'extrême faiblesse de la Monarchie face à la Ligue. (8)

Pour bien dégager l'arrière-fond de ces deux événements de choc, il est nécessaire de caractériser le type de gouvernement, celui de l'oikos, ou du gouvernement domestique, c'est à dire, un type de monarchie où le roi n'est pas monarque, le pouvoir réel restant partagé, bien après sa majorité, entre ceux de sa maison, notamment la mère d'Henri, et les ministres qui sont ses créatures. Les décisions prises au Conseil du roi étaient régulièrement modifiées -- en demi-mesures, sinon dans les lettres patentes qui disaient presque le contraire de ce qui y avait été décidé. (9) À travers Villeroy, Bellièvre et Cheverny, Catherine pouvait toujours intervenir pour nuancer les décisions royales. Les nominations aux charges, même militaires, flottaient dans un climat d'intrigues hérité de la Régence. Exaspéré par ces manœuvres, Henri vacille entre une extrême lassitude et une action frénétique et violente, afin d'imposer ses seules volontés dans son royaume. Les charges des maisons royales étaient aussi souvent tenues par ceux qui siégeaient au Conseil, mélangeant ainsi, au quotidien, les affaires de l'État et les affaires domestiques. Les secrets de couloir et de cabinet semblaient compter autant que les secrets relatifs aux négociations diplomatiques. Bien sûr, le gouvernement par l'oikos était relativement stable et modéré, fruit d'une sorte de consensus, surtout quand on le compare à celui qui fut appellé le Ministériat, forme de gouvernement qui donnait au roi seul le pouvoir de décision, après conseil pris auprès de qui il voulait -- le type de gouvernement pratiqué par Louis XI, François Ier, Henri II, Henri IV et Louis XIV. La caractéristique majeure du Ministériat est que tous peuvent être remerciés, et à n'importe quel moment.

Un principe fondamental de la Monarchie française avait été formulé par Bodin en termes linguistiques et philosophiques -- dans le sens du mot monarque -- et à chaque décision brutale prise par Louis XIII pendant la Querelle de la Mère et du fils, ses sujets ont éclaté de joie. (10) Est-ce que Catherine et Marie, quand elles étaient jeunes, ont été aidées dans leurs efforts pour comprendre les caractériques et le fonctionnement de la Monarchie française? Peut-être pas. Pour elles, le pouvoir était le pouvoir; les formes, les rapports entre les charges et les attributions de responsabilité ne comptaient pas beaucoup. Dans les actions de choc, Henri III a donc fondé son gouvernement sur le principe que le roi gouverne seul, même s'il s'aide d'un conseil.

Avant d'aborder le règne de Louis XIII, notons que le gouvernement d'Henri IV n'a jamais eu les caractéristiques de l'oikos, même si quelques-uns des compagnons du roi avaient des offices dans une des maisons royales. Le modèle de commandement militaire, avec le conseil du roi -- calqué sur le modèle du conseil de guerre -- n'a jamais permis le moindre écart entre la décision royale et les ordres expédiés par les secrétaires d'État. Henri pouvait écouter un conseil qui déplaisait, mais une fois sa décision prise, personne dans le gouvernement n'osait ni nuancer ni contremander ses ordres. (11) Et en ce qui concerne la fidélité à lui seul, et le secret --surtout dans les rapports avec les agents étrangers -- le sort de Biron a dû peser lourd dans la mémoire des serviteurs.

Le premier choc du règne de Louis XIII est l'arrestation manquée, vite remplacée par l'exécution du maréchal d'Ancre et de sa femme, suivie par la disgrâce brutale des ministres qui étaient les fidèles de Marie, dont l'évêque de Luçon. (12) Bien entendu, ce choc violent a été décidé à l'insu de la reine-mère -- et inévitablement contre elle et contre le gouvernement de type domestique qu'elle avait constitué après la disgrâce de Sully et l'arrestation de Condé. Louis XIII donne l'ordre que tous ses serviteurs doivent dorénavant répondre à lui seul -- il adopte le même type de comportement qu'avait Henri III après la disgrâce de Villeroy et de Bellièvre.

Le second choc violent est la guerre (en fait la seconde) entre d'une part, les armées du roi et d'autre part, celles de la mère du roi et des princes rebelles, qui se termine par la victoire du roi aux Ponts-de-Cé en 1619. (13) Louis n'était pas capable d'établir un vrai Ministériat, surtout après l'accommodement avec sa mère. Malgré la présence de Richelieu, entre 1624 et 1630, le gouvernement reste de type domestique, avec le pouvoir de la signature royale désormais entre les mains de Marie, de Louis et des secrétaires d'État lors des fréquentes absences du roi, en campagne militaire. Du type de l'oikos, donc, mais plus efficace que celui de Catherine, à cause des efforts de Richelieu pour établir une série de règlements sur les juridictions des conseils royaux et des secrétaires d'État. Louis et Marie reconnaissent par écrit qu'ils partagent l'un avec l'autre les décisions ultimes. Mais Richelieu se plaint de "l'inexécution des loix."

Évidemment, chaque personne de la famille royale a sa propre maison. Tous et chacun des plus intimes dans ces maisons conseillent leur maître, partageant les secrets, et en concurrence avec les autres. Tous ces petits mondes ont des candidats pour tous les offices de l'État et de l'Église; tous ont des parents à placer; quelques-uns possèdent des liens avec différents ordres religieux et des clientèles régionales. Le gouvernement de type de l'oikos fonctionne par un pouvoir essentiellement négatif, c'est-à-dire, par la capacité d'arrêter ou de nuancer les initiatives d'autrui. Les principaux membres ne peuvent être disgraciés, la maison fonctionne plus comme une famille où tout un chacun a son mot à dire, à la manière des rapports intimes dans les comédies de Molière. Les relations entre Gaston et son frère aîné sont continuellement conflictuelles, Gaston, le cadet, n'acceptant pas l'autorité absolue de son roi. Dans chaque petite affaire, Gaston se sert toujours de ceux de sa maison pour justifier sa conduite. La Vieuville a conseillé au roi de disgrâcier les conseillers les plus influents de la maison de Monsieur, notamment d'Ornano. Le pouvoir dans le gouvernement du type de l'oikos est inévitablement défini comme ayant la capacité d'avoir dans sa maison les personnes qu'on veut avoir. Richelieu tentera bien des fois, et avec l'appui de Louis et de Marie, de négocier un accord avec Gaston. Ce dernier ne respectera aucun des accords, à titre d'exemple celui de 1626. (14)Au moment de la conspiration de Chalais, un véritable procès-verbal est rédigé et signé par Louis, Marie, Richelieu et Gaston. Ce dernier ne le respecte pas; c'est donc sa mère qui le tanse:

La Reyne disant à Monsieur qu'il avoit manqué à un escript si solennel duquel le Roy avoit voulu qu'elle fust dépositaire, il a respondu qu'il l'avoit signé, mais qu'il ne l'avoit promis de bouche en quoy sa mémoire l'a mal servi, veu la lecture de l'escript, jurant qu'il le garderoit inviolablement, le Roy et la Reyne luy faisants souvenir que, plusieurs fois depuis, il avoit juré solennellement de ne penser jamais quelque chose qui tendist à se séparer d'avec le Roy. Il a dict qu'il avoit toujours quelque intelligence et qu'il réservoit quelque chose en jurant. Et estant pressé par beaucoup de choses qu'il a jurées clairement, il a recognu que depuis qu'on a faict une faute on en faisoit en suite cinquante autres.... (15)

Est-ce que Gaston aurait tenu son engagement envers son frère et sa mère si ceux de sa maison l'avaient ainsi conseillé? Il est bien jeune -- il a 18 ans -- mais il a dû se rendre compte, en tant qu'héritier d'un frère sans enfants, que l'État que soutenait son frère pourrait un jour être le sien. Mais non, le pouvoir du type domestique est le seul que Gaston ait jamais pu envisager. Il est bien, en ce sens, le fils de sa mère.

Plus tard, Marie se rendra compte que son propre pouvoir dépend de celui de Gaston; mais pendant bien des années elle pensera pouvoir jouer ses fils l'un contre l'autre, comportement que Louis n'a jamais accepté. Richelieu réussira à réintégrer le prince de Condé non seulement dans la Cour, mais dans les débuts d'un Ministériat -- succès que personne n'osera critiquer, mais qui sera à la longue nuisible au pouvoir de Marie. Condé ne s'est jamais accommodé d'un gouvernement du type de l'oikos; il a respecté les règlements du conseil et des secrétaires d'État, règlements qui établissent le Ministériat et qui ne livrent les secrets d'État qu'à une poignée d'hommes, tous serviteurs du cardinal et du roi. (16)

Les éléments précurseurs du troisième choc, la Journée des Dupes, naissent, comme sous Henri III, d'une contradiction profonde entre le roi et sa mère concernant la politique à mener avec l'Espagne; mais ils s'expliquent encore davantage par la perte d'influence de Marie auprès de son fils, Louis. (17) Pendant l'été 1630, Richelieu a pu ramener provisoirement Gaston dans le camp du roi, le faisant ainsi abandonner la reine-mère -- chose qu'elle ne pouvait point accepter. (18) La première décision de la reine-mère, avant les rencontres avec Louis des 10 et 11 novembre, est de ne plus écrire à Richelieu et de le disgrâcier en l'expulsant, lui et sa nièce Mme de Combalet, de sa maison, et en enlevant au cardinal les trois charges qu'il y détenait. Marie n'a jamais apprécié ni les attributions, ni les responsabilitiés strictement établies pour les différentes charges au plus haut niveau du gouvernement ou dans sa maison. (19) La Journée des Dupes a rendu possible un type de gouvernement en forme de Ministériat, aussi instable que péremptoire, mais efficace et conforme au principe de la Raison d'État. Les frères de Marillac et ceux de leur parti se trouvent structurellement dans la même position que les officiers qu'Henri III a disgraciés en 1588.

Le dernier choc violent de la Querelle entre la reine-mère et son fils aura lieu après la fuite de Marie hors du royaume, et même après sa mort; mais sa présence avait été envisagée depuis des années dans les efforts d'un grand renversement du Ministériat que complotaient Cinq Mars et ses complices, dont Gaston et le duc de Bouillon. M. le Premier finit par agacer et ennuyer le roi, qui ayant été informé du complot qui envisageait l'assassinat de Richelieu, ordonna l'arrestation de Cinq Mars, suivie de son procès et son exécution. (20)

* * *

Il nous reste à lire attentivement quelques passages de la très riche correspondance entre le roi, la reine-mère et Richelieu, afin de pouvoir juger de l'extraordinaire différence entre la royauté de l'oikos, et la royauté du Ministériat. Et en conclusion il sera possible de dégager les liens religieux entre la santé du roi et celle de son État, et de l'intervention dans les deux corps par la Raison et par l'intelligence appliquée du cardinal.

Cette correspondance est intime, elle prend habituellement la forme de billets autographes, signés et scellés au petit sceau. Elle est affective, ou prétend l'être; et elle aborde constamment le thème de la santé. Autrefois, il me semblait que ces allusions à la santé étaient en partie sincères, bien sûr, mais qu'elles étaient aussi une sorte de mot de passe du langage de la cour, un thème neutre, si l'on veut. (21) C'est sans doute le cas, mais il y a bien plus.

Non seulement Louis XIII et Richelieu sont souvent malades, mais ils se meurent tous deux à partir de la fin des années 1630. Marie, en revanche, a plutôt une santé de fer, malgré les soucis, les échecs, les longs voyages; mais elle meurt en 1642 sans avoir communiqué directement depuis de longues années ni avec son fils aîné, ni avec le cardinal.

Or, dans cette correspondance il se trouve qu'il y a une rhétorique de la santé; et comme toute rhétorique, celle-ci exprime le pouvoir. Par ses médecins, et par la culture médicale de son temps, Louis XIII a été formé à croire sincèrement que toute action déplaisante ou critique de ses propres actions aurait un effet néfaste sur sa santé. Maladif sa vie entière, morose et de mauvaise humeur, le roi croyait (nous dirions aujourd'hui comme un dépressif) en la théorie des humeurs et en les déséquilibres qui pouvaient aggraver une santé déjà sombre. À la fin des années 1620, Marie et Louis partageaient réellement le pouvoir monarchique; ni l'un ni l'autre ne cherchait à décider seul des grands dossiers diplomatiques ni des nominations majeures concernant les charges, militaires ou autres.

Richelieu s'est peut-être rendu compte que, loin de la cour, la santé du roi s'améliorait presque toujours -- par exemple, quand il vivait simplement au milieu des troupes pendant le siège de La Rochelle. Le cardinal s'est aussi rendu compte que s'il s'agissait de maintenir le bon ordre dans l'armée, il n'était pas difficile d'amener le roi à descendre en Italie. Ce rapport entre la guerre et la santé du roi, et sans doute l'absence de sa mère, est peut-être apparu à Richelieu vers 1628-29. Une chose est certain: le cardinal a décidé de promouvoir autant qu'il le pouvait, sans rompre les ponts, une forte présence diplomatique en Italie et dans l'Empire -- stratégie qui répondait aux signaux espagnols mais qui était susceptible de déclencher une guerre. C'est le jeune diplomate, Giulio Mazarini qui, cette fois-là, calmera les esprits de tous côtés. Mais voyons, à travers la correspondance, les préparatifs faits pour une réunion de la mère et du fils, afin de décider de la voie qu'il faudrait suivre. Louis et Richelieu sont dans le Sud-Est. Marie est dans le Nord. Et voilà que Richelieu propose qu'elle descende jusqu'à Grenoble pour conférer avec le roi, qui voudrait bien quitter l'armée pour la rejoindre. Le cardinal envisage la possibilité pour le roi de monter jusqu'à Lyon pour cette réunion; mais il note que les affaires publiques souffriront si le roi quitte trop longtemps ses troupes. Marie ayant répondu qu'une indisposition l'empêche d'aller jusqu'à Grenoble, Louis se dirige vers Lyon, tôt le matin du 15 juin 1630. Ni Richelieu, ni le roi ne semblent se demander si la reine est réellement indisposée. Le cardinal lui écrit à propos du roi son fils:

La meilleure nouvelle que je puisse mander Vostre Majesté est le soing qu'il a pleu au roy maintenant prendre de sa santé. Depuis huit jours il s'est baigné, et a pris trois lavements, à quoy il ne se rend pas difficile. Mais il n'y avait pas eu moyen de le resoudre à prendre une médecine jusqu'à hier, luy representant la peine en laquelle vous seriez. il s'y resolut pour vostre seul respect. (22)

D'ailleurs, le roi allait très bien avant de décider de se soigner. Ne serait-il pas question ici d'une stratégie destinée à augmenter, par ce régime médical et draconien, le pouvoir (on disait au XVIIe siècle le crédit) du roi vis-à-vis de sa mère?

La maladie, ou la prétendue maladie, voire l'indispostion, est un lieu de pouvoir. Richelieu se sert d'un style baroque quand le roi et la reine-mère l'interrogent sur sa santé. Il écrit à Marie:

Je n'ay point de paroles qui puissent exprimer à Vostre Majesté le ressentiment que j'ay de la faveur extraordinaire qu'il a pleu me faire d'envoyer apprendre des nouvelles de ma santé. (23)

À Louis, il écrit, à propos de la santé du roi:

Il m'est impossible de vous tesmoigner la joie que j'ay de l'asseurance qu'il vous a pleu me donner de vostre bonne santé. [...] la santé de Vostre Majesté, et ceste bonne intelligence [avec la reine-mère et avec Gaston] et de l'argent rendront le succez de vos affaires infaillible. (24)

Le cardinal craint que le roi ne retombe dans une de ses crises de "dégoût" pour les affaires. Il fait tout son possible pour être optimiste devant les choix difficiles, toujours assortis d'une reconnaissance envers Dieu pour les victoires contre les Huguenots et les Espagnols. Dans les grands mémoires rédigés après La Rochelle -- de véritables chefs d'œuvre d'analyse politique -- le cardinal n'hésite pas à critiquer le roi; mais il offre aussi une analyse du caractère de Marie et de celui du roi:

Les changements de la reyne viennent de son naturel, à mon avis, qui de soy-mesme est ombrageux, et qui, ferme et résolu aux grandes affaires, se blesse aisément par peu de chose [...].
Les dégousts du roy peuvent provenir de diverses causes, et du mesme naturel soubçonneux et ombrageux de la reyne, de qui par raison naturelle il doit tenir.... (25)

Le cardinal distingue clairement entre la rhétorique de la santé et l'emploi métaphorique de ce mot. Il ironise:

Toutes les maladies qui consistent en imagination se guérissent quand on satisfait à l'appétit du malade. Si donc le roy veut accorder le gouvernement demandé, le mal présent cessera, et Monsieur se deppartira volontairement de son mariage. (26)

Richelieu n'est pas non plus lui-même épargné par la rhétorique de la santé -- souvent accompagnée d'une offre de se retirer des affaires ou de se dispenser d'un devoir ecclésiastique. Je ne citerai pas ici ces passages si connus. C'est un être très nerveux et sensible. Il se couche après avoir vu que les habitants de Privas vivent dans une misère extrême. (27) Notons aussi cette réflexion adressée à Louis:

Mais les deux dernières sont causes de mon mal quand il m'en arrive; par exemple, les bons offices du commandeur Souvré, qui volontiers par la conduite de Rasto [Toiras] chargeoit ouvertement sur le marquis de Brézé, pour que le contre coup vinst sur moy, aidoit à me mettre mal à la Rochelle. (28)

L'incident l'a sans doute fait se souvenir de la mort de son frère, tué en duel, et a ainsi perturbé sa santé.

Le temps nous manque pour dégager l'ensemble des stratégies employées dans cette rhétorique de la santé. En guise de conclusion, notons trois brefs passages à propos de la santé de Marie. Richelieu et Louis se mettent d'accord: le roi viendra à Lyon pendant l'été de 1630 pour débattre (29) des grandes options concernant la paix ou la guerre. Il ne sait pas encore si Mazarin réussira dans sa tentative de paix. Richelieu écrit au secrétaire des commandements de la Reine, Rancé: "La maladie de la reyne m'auroit mis en une extraordinaire peine"; et il résume le diagnostic du médecin:

La maladie de la reine n'a esté qu'un éblouissement causé par des vapeurs: les larmes qu'elle a versées l'ont beaucoup soulagée.

L'ironie misogyne sous-jacente nous prévient qu'il ne faut pas accepter, comme vrai, tout ce que Richelieu écrit à propos de la reine-mère. Reste à vérifier même les descriptions de ses maladies. Mais dans cette saison de pré-orage, Marie reste indisposée, pour ne pas rencontrer sa créature, le cardinal.

Lyon: la rencontre de la mère du fils a lieu à un moment où Louis XIII est gravement malade et a failli mourir, apparemment d'un abcès intestinal.

La remontée de la troïka vers Paris, chacun de son côté, est lente. Ce n'est qu'en octobre que les déplaisirs de la reine-mère envers sa créature, Richelieu, redeviennent explicites. Le cardinal écrit des lettres d'excuse, ne sachant pas ce qu'il pourrait faire pour lui plaire. Il est informé que les trois charges qu'il possède dans la maison de la reine lui ont été retirées.

Nous n'allons pas revoir la Journée des Dupes dans son ensemble. Selon le résident anglais, Marie a commencé de cette façon sa plaidoirie auprès de son fils, pour faire disgrâcier le cardinal:
La reine mère a fait part au roi qu'elle a un abcès au cœur, qui s'il n'est ouvert et vidé lui coûterait la vie. Elle dit enfin au roi en propres termes qu'elle avait tant souffert de la part du cardinal qu'il fallait que le cardinal ou elle quitte necessairement la Cour. (30)

La reine naviguait dans des eaux dangereuses quand elle parlait d'un abcès dans un sens métaphorique, alors qu'un véritable abcès avait tout récemment failli emporter le roi.

Richelieu a toujours pris littéralement ce que le roi lui disait de ses symptômes, et il a cherché à soigner son maître en lui promettant la victoire, et en lui faisant miroiter la possibilité de la gloire, une gloire individualisée et française. Il ne voit la descente des Anglais sur quelques îles de l'ouest que comme une occasion de gloire pour Louis XIII. (31) Et après ce choc violent que constitue l'arrestation de Cinq Mars, de Thou et de Bouillon -- et à l'exception de ses contacts avec l'ennemi -- il trouve que le tort de M. le Premier a été d'avoir provoqué la maladie du roi. Le cardinal a vite conclu qu'il valait mieux insister sur ce qui allait bien. Il écrit au roi:

Vostre Majesté aura tout à la fois deux nouvelles bien différentes: L'une est la reddition de Perpignan, qui est la plus belle et la plus considerable place de la terre pour la France.

L'autre est la condamnation et l'execution de M. le Grand et M. de Thou.

Ces deux événements font voir combien Dieu ayme Vostre Majesté. Je le suplie qu'il continue à verser ses bénédictions sur elle, et qu'il me renvoie la santé que je désire pour la servir. (32)

La victoire à Perpignan et la condamnation de Cinq Mars sont autant de preuves que Dieu aime Louis XIII. Dans ce moment quasi extatique, dans ce moment aussi de fatigue morale, Richelieu laisse entendre qu'il y avait une troisième chose très importante pour le roi: la guérison du cardinal. Celle-ci n'aura pas lieu.

* * *

L'historien peut donc comprendre la Querelle de la Mère et du fils de deux façons très distinctes. La première est qu'elle fait partie d'un phénomène politique qui est structurel ethistorique, un phénomène déclenché par les minorités, les régences féminines et leur façon de gouverner selon le mode de l'oikos. Ni Catherine, ni Marie ne semble avoir réfléchi aux options politiques qui s'offraient à elles; et les ministres qu'elles avaient préférés -- de solides et honnêtes gens -- n'ont fait que suivre leurs maîtresses, confondant les matières d'État avec celles de la maison, et ne cherchant pas la gloire du roi.

Ou bien l'historien peut mettre en valeur les éléments biographiques, surtout l'antipathie profonde entre Marie et Louis, afin de comprendre comment une querelle entre deux personnes royales a pu avoir de si graves conséquences pour la stabilité de la Monarchie. L'exemple à suivre est celui qui donne des garants, je veux dire l'historiographie de Tacite. La Monarchie, sans doute entre les mains d'une élite particulièrement politique, par des décennies successives de guerre civile, ne désire qu'une chose: que le roi gouverne seul. Louis XIII n'a pas peu contribué à l'hostilité de ses sujets envers ses ministres, dont Richelieu. Même s'il était incapable de gouverner seul comme l'était son père et comme le sera son fils, Louis a gardé le pouvoir suprême, pour s'assurer seul la gloire (dans le monde, au Ciel). Laissons lui le dernier mot. C'est Bassompierre qui dit au roi, en mai 1618: "J'ay ouy dire que le feu roy Charles à force de sonner du cor, se rompit une veine dans le poulmon, qui luy causa la mort." Louis rétorque: "Vous vous trompés, ce qu'il se mit mal avec la reine Caterine sa mère à Monceaux, et qu'il la quitta ... et s'en revint à Meaux...." (33) Pour Louis XIII, il n'y avait aucun doute: sa querelle avec sa mère le menaçait et de la maladie et de la mort. Le roi était, pour ainsi dire, son propre historien et son propre médecin.

Continuez à la Coda de 2014

Notes

1. Je dédie cet essai à Lloyd Moote, ami et biographe sensible et érudit de Louis XIII.

2. J. Sawyer, Printed Poison; Pamphlet Propaganda, Faction Politics, and the Public Sphere in Early Seventeenth-Century France (Berkely, U. of California Press, 1990), passim. D. Bayley, "Writers against the Cardinal; a study of the Pamphlets which attacked the Person and Policies of Cardinal Richelieu", Ph. D. thesis, University of Minnesota, 1972; "Les pamphlets de Mathieu de Morgues (1582-1670): Bibliographie des ouvrages disponibles dans les bibliothèques parisiennes...",Revue française d'histoire du livre 18 (1978) 3-48.

3. À titre d'exemple, la "défiance" entre la mère et le fils n'est autre que les pouvoirs exercés par Luynes: "Qui osera dire que la Royne vostre Mere n'aye point aimé vostre grandeur? Mais trouveroit-on bien un homme si esloigné de raison, et abandonné de Dieu, qui peut s'imaginer que la Royne vostre Mere ne cherit tendrement vostre persone? Ceste pensée est un crime de leze Majesté. Seroit-il possible que la Royne vostre Mere eust quelque amertume contre son Roy et son enfant, puisqu'elle pardonne si franchement à des serviteurs ennemis?" p. 132, Véritez Chrestiennes au Roy. Et " ...les difficultés qui se trouverent aujourd'huy en l'accommodement entre le Roy et la Royne Mere, naissent à cause des interests particuliers de Luynes, et non de ceux de leurs Majestez. Le Roy et sa Mere estans de trop bons naturels pour se rendre des desservices les uns aux autres. Le souhait de la Royne est d'estre aupres du Roy: Ces noms de mere et de fils ne peuvent souffrir division. Le bien des affaires du roi requiert cela. Au contraire, (le bien des affaires de Luynes, et des ses parens est que leurs Majestez soient divisez.) Et voila la source du mal," p. 109. Le Comtadin Provençal in anon, Recueil des Pièces les plus curieuses qui ont esté faites pendant le regne [sic] du Connestable de Luynes (Quatrième édition, augmentée des pieces les plus rares), s. l., s. éd., 1628). De 600 pages, ce volume a sans doute continué de consolider la perspective des conseillers méchants bien après la mort de Luynes. C'est une source fondamentale pour l'historien qui étudie la culture politique du règne de Louis XIII. Ce n'est pas notre propos ici de présenter des identifications des auteurs.

4. Le Testament politique de Richelieu, éd. par Françoise Hildesheimer (Paris, 1995), p. 224. L'étude de la pensée politique du cardinal a été fortement renouvellée par Hildesheimer. Relectures de Richelieu (Paris, 2000), passim.

5. Fontenay-Mareuil, cité par G. Hanotaux, Histoire du Cardinal de Richelieu (Paris, Firmin-Didot, 1896), II, p. 110. Après la référence à Fontenay-Mareuil, Hanotaux remarque: "Je ne me serais pas permis ces réflexions. Je les emprunte ...." Son analyse indique pourtant que l'anti-féminisme et même l'anti-italianisme, avaient la vie longue: "Dans une cour où une reine commande, où la principale actrice des événements est une favorite, où les Italiens ont apporté leur sens aigu du jeu des passions intérieures, dans ce milieu où des prêtres au geste doux, et des vieillards aux paroles ouatées, renouent sans cesse des fils rompus trop souvent par la brutalité des hommes d'action, il n'est pas étonnant que les femmes aient joué un grand rôle. On les admettait, à la suite de la reine mère, dans les réunions où les destinées de l'État se discutaient si futilement."

6. Ibid., p. 142.

7. Cette disgrâce intrigue les historiens depuis des siècles. Le renouveau sur la question commence avec N. M. Sutherland, The French Secretaries of State in the Age of Catherine de Medici (London, 1962), chapter XVII. Voir aussi R. F. Kierstead, Pomponne de Bellièvre (Evanston, 1968) 52-55; E. Dickerman, Bellièvre et Villeroy (Providence, 1971), p. 6 et passim; E. Dickerman et A. Walker, "The Language of Blame: Henri III and the Dismissal of his Ministers", French History 13 (1999) 77-98; O. Poncet, Pomponne de Bellièvre (1529-1607) (Paris, 1998) 159-165; et Y.-M. Bercé, "Les coups de majesté des rois de France...", Complots et conjurations, Colloque International (Rome, 1996) 491-505. Tissé à travers cette littérature se trouve l'analyse du gouvernement par l'oikos, sans que les auteurs s'en rendent compte. Par une analyse du vocabulaire utilisé autour de la Saint-Barthélémy, Denis Crouzet affirme la possiblité qu'elle fût un coup d'État ou de majesté, du même type. "La Nuit de la Sainte-Barthélémy ...", Le Second Ordre, l'idéale nobiliaire, éd. par C. Grell et A. Ramière de Fortanier (Paris, 1999) 55-81.

8. O. Ranum, "French Rituals of Tyrannicide", Sixteenth Century Journal XI, 1 (1980) 63-82.

9. Dickerman, p. 67.

10. Les travaux récents sur Bodin ont mis en valeur bien des aspects de sa pensée et de son rôle politique inconnus ou mal compris; mais ils n'ont pas réduit la valeur de la synthèse de W. F. Church, Constitutional Thought in Sixteenth-Century France (Cambridge, 1941), passim. Sur la notion aristotélicienne de l'oikos, J. G. A. Pocock, Le Moment Machiavélien, trad. par L. Borot (Paris, 1997) 74-79.

11. B. Barbiche, Les Institutions de la Monarchie française à l'époque moderne (Paris, 1999); et Sully, en collaboration avec Ségolène de Dainville-Barbiche (Paris, 1997), passim. R. Mousnier, "Sully et le Conseil d'État et des Finances: La lutte entre Belièvre et Sully", Revue historique 192 (1941) 68-86, est très important pour montrer comment deux ministres pouvaient enfin résoudre un différent sans faire appel à leurs alliés politiques -- c'est un Ministériat. Sur le Ministériat en Europe, M. Portemer, Une tête à gouverner quatre empires (Paris, 1997) 207-264.

12. O. Ranum, "French Rituals of Tyrannicide", art. cit.

13. Bassompierre, Mémoires de ma vie (Paris, 1873) I: 138-222, qui donne les déplacements des parties, et un sens des enjeux, pénibles pour l'auteur. La meilleure analyse est L. Moote, Louis XIII(Berkeley, 1989), chapitre 5, assez hostile à Marie, ce qui est de droit chez un biographe de Louis XIII.

14. G. Dethan, La vie de Gaston d'Orléans (Paris, 1992), chapitre V, assez hostile à Arnauld d'Andilly, ce qui est de droit chez un biographe de Gaston.

15. P. Grillon, éd., Papiers d'État de Richelieu (Paris 1975) I, pièce 160, p. 418.

16. K. Béguin, Les Princes de Condé (Paris, 1999) 38-56; le chapitre 7, "Au cœur du système: la maison domestique", est un modèle d'analyse de l'oikos comme instrument pour consolider le pouvoir, non pas pour le diluer, les Condé connaissant bien l'importance du secret, de véritables hommes d'État.

17. Richelieu s'est tenu à l'écart des négociations avec le prince, laissant quelques fidèles (de La Valette) faire le nécessaire, mais il tranche et rapporte un succès incontesté devant le roi.
18. Les travaux de Pierre Chevallier ont entièrement renouvellé la questions, notamment "La Véritable Journée des Dupes ...", Mémoires de la Société académique de l'Aube 108 (1974-77) 3-63.

19. R. Mousnier, "Les Règlements du Conseil du Roi sous Louis XIII", Annuaire Bulletin de la Société de l'Histoire de France (1946-47) 92-211; O. Ranum, Les Créatures de Richelieu, trad. par S. Guenée (Paris, 1966), appendice A.

20. O. Ranum, "Clemency in Corneille and Richelieu in 1642", Cahiers d'Histoire (Montreal, 1996) 16: 80-100. L'analyse dans la narration faite d'après les textes édités par Avenel, dans R. Mousnier, L'Homme rouge (Paris, 1992) 733-740, est aussi juste qu'admirable.

21. Sir John Elliott, Richelieu et Olivares (Cambridge, 1984; et Paris, 1991), donne une analyse biographique et politique qui est profondément historique et juste, mais il voit dans le discours autour de la santé comme des indices que Olivarès et Richelieu n'étaient que des "hypochondriaques," p. 18. Moote vérifie l'état de la santé du roi dans les moments de crise politique, se référant au Journal d'Héroard (éd. par M. Foisil, Paris, 1989) 2: 1619, où les effets d'insomnie et d'angoisse sont nettement liés aux rapports conflictuels avec sa mère, Moote, p. 111; Héroard, p. 2601.

22. Richelieu à Marie, 14 juillet 1630, Avenel, Lettres, Instructions diplomatique et papiers d'État du cardinal de Richelieu (Paris, 1858) vol. III, lettre CDXXV.

23. Richelieu à Marie, 21 août 1628, Avenel, vol. III, lettre CCXXVI.

24. Richelieu à Louis, 20 avril 1630, Avenel, vol. III, lettre CCLII.

25. Richelieu à Louis (advis...), 13 janvier 1629, Avenel, vol. III, lettre CV.

26. Richelieu à Louis (conseil général, en 1629), 14? juillet 1629, Avenel, vol. III, lettre CCIV, iv (p. 379).

27. Louis à Marie, 30 mai 1629, Avenel, vol. III, lettre CXXI. " Dieu m'a fait ceste grâce que je n'ay point veu ceste tuerie, parce que si peu de travail et de fatigue qu'il a fallu depuis 7 ou 8 jours de siège m'avoit contraint de garder le lict le jour du malheur de ces misérables."

28. Richelieu à Louis (advis...), 13 janvier 1629,Avenel, vol. III, lettre CV, p. 203.

29. Avenel, vol. III, lettre CXVIII, 22 octobre 1630.

30. Chevallier, p. 7; p. 18. Voyez le manuscrit curieux daté du 10 novembre 1630 (est-ce certain?) dans le Catalogue Charavay, No 809 (juin 1994), pièce 44233, note du cardinal (assez mal transcrite) indiquant qu'il n'attendait que des critiques sur les négociations avec Rome au sujet du mariage de Monsieur, et de ses propres droits et ambitions dans le Sud-ouest. Si ce texte est authentique et correctement daté, il mettrait en doute l'importance des affaires d'Italie dans le "grand orage", au moins comme Richelieu le voyait venir.

31. "Ils sont venus pour vostre gloire...", Avenel, vol. III, lettre LXXXVI, 28 septembre 1628.

32. Avenel, vol. VII, lettre LXX, 12 septembre 1642.

33. Éd. cit., p. 139. Moote, p. 111.