Panat in postcardThe Ranums'

Panat Times

Volume 1, redone Dec. 2014

Contents

Volume 1

Panat

Orest's Pages

Patricia's Musings

Marc-Antoine

Charpentier

Musical Rhetoric

Transcribed Sources


 

Music and Devotion in the Churches of the French Jesuits


This little collection of "Fugitive Pieces" comes from the handwritten Nouvelles écclesiastiques circulated by the circle of Basil Fouquet (at the BNF). Owing to the fact that this "Church News" is quite Jansenist in orientation, the Jesuits — and especially the theatrical performances at the different collèges run by the Reverend Fathers — are a frequent target of criticism. Still, if one subtracts the hyperbole, certain constants emerge and help us add a bit of flesh to the descriptions of such performances that are published in the press. Above all, these often burlesque descriptions give us a better idea of the context in which Charpentier worked while "music master" at the Collège de Clermont.

1676:
"Croyés-vous bien que St Ignace et St François Xavier songerent à former un corps pour estudier toutes les galanteries de la cour et pour polir la politesse meme, et que l'Eglise leur donne les order sacrés à cette intention.... nous verrons les jesuites se picquer de musique mais non pas dans leurs eglises, du moins par eux memes. Deja ils sont grands mathematiciens, il enseignent les fortifications, ils disposent les mausolées, ils s'entendent en opera, il rafinent en devises, il donnent des regles de tournois, rien ne devient plus cavalier que cette rare societé." [These are, of course, allusions to the opera singers who performed at Saint-Louis, and to the writings of Reverend Father Ménetrier, S.J.of course, and to the singers at St. Louis.] BN, ms. fr. 23506, fol. 86ff.

"Les Jesuites enseignent le plain chant en leur noviciat. Ils disent la grand'messe et les vespres publiques en plus de lieux qu'ils ne faisoient. Leurs predicateurs prenent en prechant leurs surplis à longues manches ou le clergé le porte. Tout cela est tres louable; à leur naissance ils ont voulu paroitre Religieux mendans, et maintenant ils affectent fort d'estre ecclesiastsiques et meme seculiers polis scachant le grand monde , les delicatesses de la langue et de l'esprit et cela en est de trop." (BN, ms. fr. 23506, fol. 109)

September 1689: "On assure que ces jours-cy un etranger estant allé aux vespres aux Jésuites de St Louis à Paris, et n'y voyant aucun de ces Reverends peres y assister, mais une troupe de musiciens habillez presqu'en comediens avec un pretre non Jesuite les celebrer, demanda serieusement si les Jesuites estoint interdits, ne les voyant point faire l'office. Il auroit aparament demandé s'ils estoint excommuniez; s'il n'avoit vu leurs Reverences en foule au sermon, mais pas un d'eux à vespres...." (BN., ms. fr. 23499, fol. 319v-320) [The message to get from this nouvelle is that the musicians were excommunicated because they were opera singers; and the officiant was an invited outsider, because these were "extraordinary" vespers....]

December 1689: There is a long diatribe against the Jesuits — in this case, against the content of an oration by a Jesuit "grammairien" that was given at Orleans for the fete of St. Francis Xavier, on Dec. 3. There are aspects of this diatribe that can be applied to services in Paris: "Si l'auditoire fut irrité des extravagantes salies de l'orateur Jesuite, leurs oreilles furent bien adoucies par l'opera qui suivit. Il y avoit huict ou dix musiciens, des violons, des Basses de viole, et d'autres instrumens qui avoint attiré une grande foule au salut. Les airs sur l'orgue estoint joyeux, les instrumens en faisoint entendre des Prophanes, il y avoit des irreverances de toute parts, et de bonnes ames gemissoient de voir debout force libertins dont les pareils se seroint prosternés devant la statue de Nabuchodonosor......Il y a bien de l'aparence que ces spectacles n'agreent point aux saints dans le ciel ni au saint des saints." (BN., ms. fr. 23499, fol. 398)

January 1690: "Vous savez que le premier jour de l'an se solennise chez les Jesuites d'une maniere toute pompeuse, mais souvent un peu prophane, ce qui ne convient point du tout au sacré Nom de Jésus ni au mystere de ce jour. Ils firent à Orleans un magnifique concert chez eux au salut, qui n'est pas si long que vespres et qui en tient lieu à bien du monde, que de peur d'y ennuyer on divertit avec la musique. La cour de l'intendance et les belles du pays n'y manquerent pas, et meme estant venus un peu de bonne heure, un Reverend pere, fort galant homme, craignant que Mad' l'Intendante ne soufit à l'Eglise en attendant le salut, l'amena avec sa belle compagnie dans une sale de leur maison. ... Il s'y trouva grand feu et grande chaire que la joye accompagna, le tout pour se conformer au douloureux mystere de la Circoncision. ... Le salut attendit à son tour l'Intendante et les Belles jusqu'à sept heures du soir, mais l'illumination en paroit davantage dans les Tenebres. ..." (BN, ms. fr. 23500, fol. 8)

1690: at Orléans, where the compiler clearly has a very ironic correspondent: "Les bons peres ont promis à leurs amys au salut les plus charmantes serenades, de la meilleure symphonie et une compagnie de petits ecoliers travestis qui fairont une reveuë tout à fait comique. ..." (BN, ms. fr. 23500, fol. 39v)

October 1690: re a little book called "Les exercices spirituels qui se font dans les assemblées particulieres et secretes de ceux qui sont de la Congregation de Notre Dame de Bonsecours dans la chapelle interieure du college de la Compagnie de Jesus, de la tres fidèle ville de Perpignan, avec un concert de voix et d'instrumens l'espace d'une heure et demie tous les mercredis de l'année, à Perpignan, chez François Vigé, dt à la Place neuve, 1688..." Here is the summary of the book, if indeed it existed: "Auriez-vous jamais cru que les exercices spirituels si vantez dans la Compagnie se fussent changez en opera, et les meditations en musique? Voicy ce qui en est dit: Le premier quart d'heure: cinq heures sonnées, les instrumens jouent, et l'on chante un motet devot après quoy tous s'étant mis à genou, un pretre dit à haute voix l'oraison Mentes, etc., apres laquelle je recite aussy les points de l'examen de conscience. Les assistans le suivent ,et quand on est arrivé au second point, on chante le Veni Creator, etc. , aprez quoy chacun pensera en lui meme à ce qu'il aura fait ce jour ,ou dans la semaine depuis le dernier mercredy, et puis le pretre fera l'acte de contrition que l'on finira par le Miserere. Le 2d quart d'heure l'exhortation se fera ...et apres qu'elle sera faite, le prestre qui presidera expliquera deux points de meditation sur le sujet de l'exhortation, apres quoy il dira Oremus pro pontifice nostro N. La musique repondra Dominus, etc. Le pretre dira Omnipotens, etc. ... Le troisieme quart d'heure est bien plus remarquable. L'on fera la meditation pendant que les instrumens seuls joueront. Apres la meditation on dira ces oraisons: La 1re pour St Ignace, la 2de pour St. François, et la 3e pour St. Philipes. Le quatrieme quart d'heure on chantera en musique les Litanies de Notre Dame. On chantera à la fin un motet. Le 4e quart d'heure on recitera le chapelet de la bonne mort, et de Notre Dame de bons secours. Tous diront au commencement Sub tuum, etc , excepté que la musique chantera trois foix Sancta Maria, etc. On recitera à la fin ces deux oraisons, l'une de François de Sales, qui a été assistant et prefet de la Congregation de Notre Dame fondée à Paris dans le college de la Compagnie de Jesus, le Saint etudiant, et l'autre de St François de Borgia, patron de cette congregation particuliere et titulaire de l'autel à l'honneur duquel il y a à Salamanque une congregation de Gentilhommes qui voyent en ce grand Saint que la vertu peut bien s'allier à la noblesse. Le Sixieme quart d'heure la musique chantera l'Exaudia etc. On finira par le de profondis pour les morts. Tous ceux qui assisteront à ces exercices gagneront cent jours d'indulgences, soixante concedées par Alexandre VII et quarente par Monsgr notre Eveque etc., imprimatur, 21 mensis februarii 1688, Ludovicus Episcopus Eluensis." (BN, ms. fr. 23500, fol. 235vff) Even if this little book never existed, and the above statements prove to be apocryphal, the practices described come very close to what seems to the devoptional practices at the Jesuit church of Saint-Louis in Paris. And, of course, these are the very sorts of things that Charpentier was composing while at the Jesuits!]

September 1692: "Extrait d'une lettre touchant les meditations en musique des Jésuites de Perpignan:" [compare with Charpentier's "Meditation du Careme"] 
      The first reflection: when the "anachoretes" were in the desert preaching, "un diable sonnoit la trompette pour apeller les autres diables, afin que chacun fit ses efforts de distraire son moyen et de troubler l'exercice de sa priere; mais aujourd'huy les demons ont des vicegerents qui distraisent les gens plus agreablement. Ils jouent du violon, du clavessin, du luth, et de la flutte douce, et menent ainsy leurs devots en enfer par le chemin du paradis.
      La seconde reflexion sera qu'autres fois les plus fins tentateurs se transfiguroient en anges de lumiere, maix ceux-cy sont, si je l'ose dire, des anges equivoques. Ils sont noirs comme les anges du pays bas, mais ils usent de cire blanche. Ils ferment les fenetres pour imiter la terre tenebreuse, mais ils contrefont l'harmonie du paradis, si bien que comme au Sabat, on ne scait on l'on est. On ne scait ce qu'on fait. Est-on à l'eglise? Oui, car on y preche et on y prie. Est-on à l'opera? Oui, car on y entend des concerts. Et si on n'y danse pas, on en a du moins bonne envie, et le diable est icy assez accommodant pour prendre la volonté quon en a pour le fait. Prie- t-on? Oui, car rien n'est plus divertissant que la diversité des occupations qui se succedent l'une à l'autre, et des spectacles qu'on y represente.
      Je n'ajouteray que cette troisieme reflexion sur le chapellet de la bonne mort, duquel on a banny le Pater noster et l'Ave, sans doute parce que ces deux prieres sont tirées de l'Evangile de Jesus Christ, ce qui fait pense que ce n'est pas sans raison qu'on les accuse, qu'il ne le reconnoissent pas pour la leur. Un de leurs bons amis disoit, 'Icy il n'y a pas bien longtems que les Jesuites ayment le bien, mais ils veulent le faire tous seuls, et à leur mode.' Ce qui paroit icy dans l'affectation de faire un chapellet schismatique, pour ne pas le dire suivant l'usage universel, quoyque rien ne fut plus propre pour demander la bonne mort que de prier Dieu de nous remettre nos offenses, de ne nous laisser pas succomber à la tentation et de nous delivrer du mal ou du malin, ni rien plus propre que de prier la Vierge de prier pour nous, nunc et in hora morti. S'il faut changer, il faut changer en mieux, et que peut-on trouver de mieux en matiere de chapeletz que les prieres dont le chapellet commun est composé?" (BN, ms. fr. 23502, fol. 161ff)

June 1694: "Il est arrivé à Paris une choze qui vous surprendroit fort si vous n'en scaviez l'origine, car vous ne vous seriez pas atendu à une espece d'interdit de l'Eglise des Jesuites de St. Louis par ordre du Roy et à la sollicitation des eveques de la Cour. Voicy ce que c'est:
    Le pere de Treil, jeune et eloquent predicteurs jesuite, preschoit dans l'Eglise de la maison professe de la rue St Antoine avec un grand concours de gens de qualité, la pluspart pretendans aux benefices pour leur famille. Mr le Nonce , soit attiré par là, soit menagé par la societé, envoya dire aux Jesuite qu'il vouloit entendre leur predicateur le jour de l'Assension. Vous remarqueres que ce nonce, Cavaleviny, n'entend pas un mot de françois. Le predicateur luy adressa la parole, ne salua que luy et luy fit un grand compliment à perte de vue, où la papauté en cette vie, et un siege aupres St Pierre en l'autre, luy feurent solemnellement promis sous la caution des bons peres. Tout cella passa, sauf à se le faire interpreter. Mais le comble de la sotise aparamment premeditée fut que le predicateur, en finissant, invita Mr le Nonce à donner la benediction, et quoyque le nonce fut en manteau et en chapeau, il se leva gravement sur ses piedz, et benit à droit et à gauche toute l'assemblée, qui à l'exemple des Jesuites, s'inclina profondement pour la recevoir, mais tous les eveques entre eux resolurent de s'en plaindre à Mr l'Archeveque de Paris comme d'un attentat à sa dignité et d'une nouvelle entreprise insoutenable de la Cour de Rome, le nonce n'estant en France qu'embassadeur d'un prince d'Italie, et qu'il falloit etre legat pour avoir jurisdiction du pape, mais Mr de Paris qui nommé au Cardinalat n'a garde de pousser la cour de Rome, ce qui avoit autrefois fait perdre la resolution à la cour de France du tems de Mr le Cardinal de Rets, de ne jamais plus nommer aucun archeveque de Paris au cardinalat, repondit qu'il falloit accomoder cella et ayant envoyé querir le recteur des Jesuites, il se contenta de luy faire une reprimande, cr il falloit bien quelque choze qui satisfit tellement quellement la cour et le public, et en meme tems l'Eglise et l'Estat. Le recteur sachant tres bien son metier d'accomodement et de condescendance, dit que cella s'estoit fait par megarde, et parce que leur predicateur ne scavoit pas bien les rubriques de France, mais que cella n'arriveroit plus. Les Jesuites ne tiendront pas ce langage à Rome, cependant le Roy averty de ce qui se passoit entra tout de bon en colere et dit des chozes fort justes, mais que je ne juge pas à propos de vous escrire, sauf à vous de les penser. Sa Majesté voulut qu'il en feut fait une reparation autentique et la proposa à son conseil. On y ordonna que le pere de Treil seroit interdit penant un an de dire la messe et pendant toute sa vie de prescher, et que l'Eglize de St Louis seroit pendant trois mois privée de sermon. Vous jugés bien que l'on aura parlé de l'immunité ecclesiastsique à cette occasion, et voila come les bon peres donnent lieu par l'ardeur pour leurs interetz à des grosses affaires dont ilz retirent toujours come l'on dit l'epingle du feu, se mettant mediocrement en peine des mouvemens de cella cause dans l'Eglize et dans le royaume. Aussy les bons peres demanderent incontenent grace au Roy pour leur pere de Treil, dont ilz releverent fort le merite et firent louer les talens, que ce seroit domage de fermer la bouche à un si bon ouvrier. En effet on luy a randu la parolle, et on luy a seulement deffendu de prescher de trois semmaines et la chaire de St Louis a esté d'autant de tems condamnée à estre interdite. Le Parlement et la Sorbonne ont murmuré de ces adoucissemens, chacun en particulier; mais le pere de la Chaise n'estant pas meme content de cette legere peine pour un tel attentat, representa au Roy que le troisieme dimanche du mois se rencontrant dans les trois semaines de l'interdit, ce seroit un grand scandale, dit-il, s'il n'y avoit pas ce jour-là la sermon dans leur eglize, parce que c'estoit une grande devotion ches eux le troisieme dimanche pour les ames du Purgatoire, qui en soufriroint, et que tout Paris y fondoit. Tant mieux repondit le Roy, La choze sera mieux remarquée, et comme la faute qu'a fait votre predicateur a esté publique, il faut que la reparation la soit aussy, et cella a esté executé, quelque machine que la Societé ait fait jouer." (BN, ms. fr. 23504, fol. 114-16)