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Panat Times

Volume 1, redone Dec. 2014

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/103/  De Paris le premier octobre 1649

Le different d'entre M. le Prince et M. le Cardinal qui a tant fait de bruit despuis 15 jours fut enfin accommodé le 27 du passé par l'entremise de M. le duc d'Orleans, qui fit negotier cest affaire par l'abbé de la Riviere, mais comme le tout fut traitté dans le cabinet, l'on a tenu les conditions si secrettes qui [qu'il] ne s'en peut rien dire de certain. Neamoings on en a rapporté 8 articles dans lesquelz plusieurs asseurent que tout ce traitté est contenu, sçavoir:

1. que M. le Cardinal n'aura plus aucung maniement ny direction de finances;
2. que le Conseil secret sera fortiffié de quelques personnes dont M. le duc d'Orleans et M. le Prince conviendront avec la Reyne;
3. qu'aucune despesche ne seront faittes ny ouvertes pour les affaires du Roy que dans le Conseil;
4. que touttes les charges, gouvernementz, et autres graces seront données en plain Conseil à la pleuralité des voix;
5. qu'on envoyera 3 plenipotentiaires pour traitter de la paix generalle, dont l'ung sera choisy et nommé par la Reyne, l'autre par M. le duc d'Orleans, et le 3 par M. le Prince;
6. que la declaration du mois d'octobre de l'année passée sera punctuellement observée;
7. que le mariage de M. de Mercoeur avec la niepce du Cardinal ne ce [se] fera point;
8. que les articles de cest accord redigé par escript seront mis entre les mains du Premier President pour en estre conservateur et y pourveoir en cas de contraventions.

A quoy quelq'ungs adjoustent que les benefices seulement demeureront en la pleine disposition de la Reyne; que les personnes que l'on mettra de nouveau dans le Conseil donneront audiance qux ambassadeurs et residens des couronnes et princes estrangers et feront les autres affaires dont M. le Cardinal estoit chargé, lesquelles ilz rapporteront tout au Conseil, où S.E. n'aura plus que sa voix purement et simplement; que ses niepces seront envoyées à Sedan, d'autres disent en Avignon; et le duc de Mercoeur espousera Mlle de Guyse et le duc de Beaufort Mlle de Longueville.

/103v/ De quelque façon que cest accommodement soit basty, l'on en blasme fort M. le Prince; mais on leur respond qu'il a eu des puissantes raisons pour le faire, entre autres parce que M. le duc d'Orleans s'estoit declairé dès le jour precedent pour la Reyne, ne voulant pas que M. le Prince empietat d'avantage sur le gouvernement de l'Estat, comme il auroit peu faire par le moyen de l'exclusion de M. le Cardinal, qu'il auroit toutte meritée; qu'apres ceste declaration il en faloit necessairement venir à une guerre civille qui eut achevé de ruyner l'Estat et dont les ennemis eussent grandement proffité; et que par cest accord il n'a pas oublié l'interestz des Frondeurs qui luy avoient offert service, puisqu'il a entierement abattu la puissance de M. le Cardinal et l'a empesché de faire icy aucune alliance. Quelsq'ungs veulent mesmes que S.A.[R.] fait accorder au prince de Marcillac, aux marquis de Vitry et de Noirmonstier des tabouretz pour leurs femmes.

Tant que le different a duré, chacung a songé à fortifer son party et en mesme temps à detascher tous ceux qu'il a peu du party contraire. M. le Cardinal fit donner au duc d'Elboeuf dès le commencement de la semaine passée une assignation de 400 mille livres à prendre sur les forestz de Picardie, laquelle somme luy est deue pour le douaire de sa femme, que le Roy estoit obligé de dotter comme estant fille naturelle du roy Henry 4; et en mesme temps envoya au prince d'Harcourt le brevet du gouverneur de Montravel [Montreuil], dont il s'estoit emparé à la mort du comte de Lanoix, son beaupere, afin de les obliger à se mettre de son costé, ce qui luy reeussit facilement pour le peu d'intelligence qu'il y a dès longtemps entre les maisons de Condé et d'Elboeuf; et le prince d'Harcourt envoya aussytost offrir ses services à M. le Cardinal, nonobstant les grandes offres que M. le Prince luy avoit envoyé faire quelques jours auparevent; mais il n'en arriva pas de mesmes de M. d'Hoquincourt, gouverneur de Peronne, car S.E. l'ayant mandé pour s'en venir recevoir les assignations de tout ce qui luy est deubt, qu'il fait monter à 24 mille escus, et luy faisant esperer le baston de mareschal de France, il ne manqua pas de s'en venir; mais M. le Prince, qui avoit sceu les propositions /104/ que M. le Cardinal luy avoit faictes, luy dit que S.E. ne promettoit jamais que pour ne pas tenir, et que lors que l'on demandoit l'execution de ce qu'il avoit promis, il respondoit qu'il n'estoit pas esclave de sa parolle. Enfin S.A. fit sy bien qu'elle retient M. d'Hocquincourt de son party.

D'autre costé l'on avisa de quelques moyens de desunyr M. de Beaufort d'avec M. le Prince, ce qui n'avoit pas pourtant reeussy; et parce qu'on avoit sceu que S.A. estoit en disposition d'appuyer aupres du duc de Longueville (qui arriva icy le 24) le mariage du duc de Beaufort avec Mlle de Longueville, l'on offrit de la part de la Reyne à celuy cy de le marier avec Mlle de Chevreuse, et luy donner en faveur de ce mariage le gouvernement d'une place frontiere pour sa seurté (quelq'ungs veulent que s'estoit [c'estoit] Sedan) avec grandz avantages, sans l'obliger de veoir M. le Cardinal. Mme de Montbazont, qui est amie de ce duc, ce [se] chargea de ceste negotiation et avoit fait si bien qu'elle luy avoit fait gouster ces propositions, en sorte que le 24 il parut asses froit à M. le Prince parce qu'il n'avoit aucune seurté de luy et que ses amis luy conseillerent de ne se point fier à S.A. jusqu'à ce qu'elle luy eut donné quelque asseurance par escript, ce qu'il ne vouloit pas luy demander par biensceance, voulant que cela vient d'elle. Cela donna courage à M. le Cardinal, lequel ayant monstré ce jour là un visage asses gay, l'on creut que l'accommodement estoit desja fait; mais M. le Prince estant adverty de tout ce que Mme de Montbazon avoit gaigné sur luy, elle luy donna une asseurance solenelle par escrit ches M. le Coadjuteur. C'est ce qu'il fait blasmer M. le Prince, parce que M. de Beaufort à sa consideration avoit refusé genereusement tous les avantages qu'il pouvoit jamais souhaitter. S.A. eut ensuitte une longue conference avec le Premier President et le 26 fut longtemps enfermé avec S.A.R. dans le palais d'Orleans, où estoit l'abbé de la Riviere. L'on remarqua que M. le Prince en sortit avec un visage tout en feu, voyant que S.A.R. se declaroit hautement contre luy, et enfin ce fut le 27 que, soit par prudence soit par autre motif, il s'appaisa.

/104v/ Il ne sera pas hors de propos de remarquer les bruitz qui en couroint au [paravant]. Tout le monde asseuroit que M. le Prince demandoit que M. le Cardinal fut exclus du ministere apres qu'on luy auroit fait rendre conte de son administration despuis le commencement de la Regence; que les plenipotentiaires qui estoint à Munster rendissent conte de la negotiation qu'ilz y ont fait et declarassent à quoy il a tenu qu'on aye fait la paix, laquelle on asseure que M. le Cardinal auroit peu faire en 1647; que les finances feussent desormais administrées par 12 personnes de probité recognue.

Les fermiers des gabelles estant en prison demanderent rabais de la moitié de leur fermes à cause des pertes qu'ilz ont fait despuis le commencement de ses [ces[ troubles; surquoy les rentiers de Ville presenterent requeste à la Chambre des vacations du Parlement le 25 du passé par laquelle ilz demandoint qu'il fut ordonné qu'ilz seroint payés conformement aux declarations du Roy, que les fermiers feussent transferés à la Conciergerie du Palais, qui [qu'il] fut descouvrir où ilz avoint diverty les deniers provenantz des gabelles, et soubtiennent que lesdits fermiers se sont tellement enrichis despuis qu'ilz tiennent cette ferme qu'ilz ont fait des acquisitions pour plus de dix millions de livres. On avoit donné sur ceste requeste des conclusions touttes conformes à ce que les rentiers demandoint, mais cest affaire feut hyer accommodée et les fermiers sont sortis de prison moyenant 64 mille livres qui [qu'ils] se sont obligé de fournier chasque semaine à l'Hostel de Ville pour le payement des rentes, au lieu de 89 mille livres qu'ilz en fournissoint auparavant.

M. de Mondevergue, maistre de camps d'ung regiment de cavalerie de M. le Cardinal, partit hyer d'icy pour aller à Vienne faire des condoleances à l'Empereur de la part du Roy sur la mort de l'Imperatrice, et on dit mesmes qu'il doit negotier quelque chose touchant le mariage de l'Empereur avec Mademoiselle.

Le roy d'Angleterre a envoyé deux ambassadeurs en Espagne, lesquelz partirent hyer tous deux ensemble. Se [Ce] sont le chancellier et le tresorier d'Angleterre.

/105/ M. de la Vie, advocat general du Parlement de Bourdeaux, arriva hyer icy pour faire des remonstrances contre le duc d'Espernon et demander un autre gouverneur à la province de Guyenne. En arrivant, il fut visitter M. le Prince et apres s'en alla au Palais Royal. On parle de donner ce gouvernement à M. le duc d'Anjou et la lieutenance au mareschal du Plessis.

Le Roy eut hyer disputte avec M. le duc d'Anjou, et l'ayant voulu maltraitter, celuy cy esgratigna Sa M.; surquoy on le mit en prison dans une chambre du Palais Royal pour l'intimider.

Le comte de St Aignan a traitté avec M. de Liancourt de la charge de premier gentilhomme de la chambre du Roy, dont il luy donna 530 mille livres.

Le mareschal de l'Hospital forma hyer opposition à l'expedition des brevetz de duc qu'on donne au prince de Marcillac, aux marquis de Vitry et de Noirmonstier, et autres, et les ducs et pairs se sont assemblés aujourd'huy pour desliberer ce qu'ilz auront à faire là dessus.

Nostre armée de Flandres est à present campée à Marolles [Maroilles], proche Landrecy, sans rien entreprendre non plus que celle des ennemis. La garnison de St Omer a pris le courrier de Calais avec 3 cappitaines suysses qui alloint à Duncherque.

Les eschevins de la ville d'Amyens ayant obtenu puis quelques jours une lettre de cachet du Roy pour estre encor continués, la Ville a presenté requeste au Parlement par laquelle elle demande la faculté de pouvoir eslire des nouveaux eschevins tous les ans, conformement à ses privileges. Cette requeste ayant esté rapportée par M. de Broussel, il y eut hyer arrest portant deffences aux eschevins continués par cette lettre de cachet d'en faire aucune fonction à peyne de confisquation de corps et de biens, permis à la ville d'en eslire des nouveaux suivant ces [ses] privileges, et enjoint au Lieutenant General d'y tenir la main à peyne d'interdiction de sa charge. Le duc de Chaunes a esté taillé et on luy a tiré une pierre de 4 onces.

/105v/ De Bourdeaux le 20 septembre

Le Parlement a deputté M. de la Vie, advocat general, pour aller à la Cour faire des remonstrances au Roy et à la Reyne sur la mauvaise conduitte du duc d'Espernon et supplier Leurs M. vouloir donner un autre gouverneur à cette province.

Nos batteries ont fait une breche à la muraille du chateau large de 15 à 20 pas, mais parce qu'elle est deffendue par une batterie du bastion qui est tout proche, l'on a attaché le mineur au bastion qu'on veut abattre devant qu'aller à l'assaut. Le Gouverneur a demandé à sortir à composition avec armes et bagages et quelques pieces de canon, ce qu'on n'a pas voulu luy accorder. Les bourgeois sont resoulus d'en venir à bout, animés par l'asseurance qu'on leur a donné qu'il y dans le chasteau 3 millions de livres apartenant à M. d'Espernon et à ceux de son party.

Il est arrivé en ceste ville ii navires flamandes, qui n'ont encor rien tesmoigné de leurs desseings.
Nous avons sceu icy que le mareschal du Plessis s'en venoit nous apporter les ordres de la Cour par un exempt qu'il a envoyé pour nous donner advis de sa venue; mais cest exempt a esté si mal receu qu'il a eu bien de la peyne à se sauver des mains des femmes qui le vouloint deschirer.

De Paris, le 25 dudit

Le courrier de Bourdeaux qui a apporté les nouvelles cy dessus a rencontré le mareschal du Plessis à dix lieues par delà Poictiers en carrosse et rapporte que M. d'Argenson s'en revient avec les joyaux et meubles pretieux de M. d'Espernon, et sa vaiselle d'argent suit par charroy.

De Bourdeaux le 23

On continue à battre le Chasteau Trompette, qui se deffend fort bien. On fait deux mines au pied du grand bastion, lesquelles seront prestes à jouer apres demain. En mesme temps on ira à l'assaut tant par la bresche qui est desja faitte que par celles que ses [ces] deux mines feront. M. d'Espernon fait ce qu'il peut pour le secourir.

/106/ Le marquis de Teobon est arrivé icy ce matin avec 300 chevaux. M. de Sauveboeuf est malade.

On a commencé à desmolir icy la maison de M. de Pontac d'Anglade, à cause qu'il est fort partisan de M. d'Espernon. M. de Lisle Sourdiere, lieutenant des gardes du corps du roy, arriva icy le 21 et fut fort mal receu, ce qui a obligé le mareschal du Plessis de s'arrester à 6 postes d'icy jusques à ce qu'il sache de quelle façon il doit estre receu en ceste ville. Le Parlement s'est assemblé jusqu'à 3 fois pour desliberer si l'on escouteroit ses propositions, mais les voix se sont trouvées tousjours si partagées qu'on n'a encor peut rien resoudre.

Tout le monde dit hautement qu'on ne veut point de paix n'y s'arrester à aucung ordre de la Cour jusqu'à ce que le chasteau soit pris et rasé et M. d'Espernon hors du gouvernement. M. de la Vie a ordre expres de faire cette demande à la Cour, fortiffié par la lettre d'union du Parlement de Paris, sans l'aveu et advis duquel il n'acceptera aucune condition.

M. d'Espernon avoit fait avancer 500 chevaux par le pays de Medoc pour tenter le secours du chasteau, lesquelz ont esté repoussés jusques au chasteau de Blanquefort, où les paysans les ont poursuivis en queue.

De Barcelonne, le 15 dudit

Les ennemis ont embarqué la moitié de l'armée de terre qu'ilz avoint sur la frontiere d'Arragon [Aragon] en desseing de desbarquer à Mataron [Mataro], 5 lieues d'icy, afin de les employer à l'execution de la conspiration que les Cathalans mal affectionnés avoint fait sur cette ville. Ceste conspiration est à present descourverte. On en bannit plus de cent et les plus coupables, on les conduit à Parpignan [Perpignan]. M. de Marchin escript que le roy d'Espagne estoit malade à l'extremité. C'est pourquoy la reyne d'Espagne s'est arresté à Valence.

/107/  De Paris le 8 octobre 1649

Le premier du courant les ducs et pairs s'estant assemblés pour desliberer ce qu'ilz avoint à faire touchant l'expedition des 6 tabouretz accordés au prince de Marcillac, aux marquis de Vitry et de Noirmonstier, aux sieurs de Matignon pour leurs femmes, et au comte de Mioassan pour Mme du Pont, sa belle soeur, resoleurent d'y former opposition avec la noblesse comme interessé dans ceste affaire; et le mareschal de l'Hospital, qui s'estoit opposé le jour precedent par une requeste qu'il avoit presenté au Conseil d'en haut, fut deputé à ceste fin avec MM. de Monglas, de Manicamp, de St Luc, de Fosseuse, de Villersceau, et Leuville. M. de Beaufort et 5 ou 6 autres seigneurs envoyerent aussytost offrir leurs services à ces deputés, et à mesme temps les ducs et pairs escrivrent à la noblesse dans touttes les provinces pour luy donner part de la resolution qu'ilz avoint prinse là dessus et la convier de s'unir avec eux dans ceste oposition.

Le 4 l'on tient conseil au Palais Royal pour desliberer sur cette oposition, et le lendemain la Reyne envoya dire aux ducs et pairs et aux deputtés de la noblesse qu'elle ne touscheroit point à cest affaire et ne donneroit aucung tabouret ny brevet de duc à personne, jusques à la majorité. Les marquis de Vitry et de Noirmonstier refuserent leurs tabouretz dès la premiere nouvelle qu'on leur en donna, disantz qu'ilz ne les vouloint point avoir par ceste voye. Le prince de Marcillac l'a recherché avec tant d'ardeur qu'il en avoit mesmes tiré parolle de M. le Cardinal devant leur accommodement, dont M. le Coadjuteur advertit M. le prince de Conty dès le 30 du passé et luy dit qu'il ne se devoit point fier audit prince de Marcillac ny souffrir les grandes privautés qu'il avoit avec Mme de Longueville, dont M. le prince de Conty et Mme de Longueville s'offencerent contre M. le Coadjuteur; et leur mesintelligence dura jusques au 3 du mois, que M. le Prince pria son frere et sa soeur de s'accommoder, comme ilz firent; de sorte que M. le prince de Conty fut veoir M. le Coadjuteur et celuy cy Mme de Longueville. M. le Coadjuteur ayant disposé en mesme temps M. le prince de Conty d'entrer au Parlement le 4 pour assister à l'assemblée, le prince de Marcillac, qui l'avoit sceu, feut au lever de ce prince et fit si bien qu'il l'en destourna et l'amena au Palais Royal veoir M. le Cardinal, avec qui M. le Prince et M. de Longueville disnerent le mesme jour. Quand aux vrayes /107v/ conditions de l'accommodement de S.A. avec S.E., elles sont encor fort douteuses.

M. de Beaufort s'est si bien conduit dans tous ces desmeslés qu'il n'a pas moings fait veoir de prudence que de generosité. Quand il feut question de s'unir avec M. le Prince pour l'exclusion de M. le Cardinal, il declaira à S.A. qu'il ne feroit jamais rien contre le Roy, la Reyne, M. d'Orleans, et sa maison; de sorte que M. le Prince voyant qui l'alloit [qu'il alloit] chercher tant de precautions, songea à s'accommoder. Cepandant il refusa genereusement le gouvernement du Mont Olimpe et de Mezieres, qui valent 80 mille livres de rente, qu'on luy offroit de la part de la Cour pour le desunir avec M. le Prince, et les refuse encor ne voulant point s'accommoder avec M. le Cardinal.

Le 5 les ducs et pairs continuerent leurs assemblées dans l'hostel de Chevreuse, où M. de Beaufort se treuva, et la noblesse en nombre de 2 à 300 gentilhommes dans l'hostel de Sourdys, pour desliberer sur la response qu'on leur avoit fait de la part de la Reyne, dont n'estant point satisfaitz et ne se contentant point de la parolle de Sa M., ilz feurent d'advis d'en tirer asseurance par un arrest du Conseil d'en haut contenant ladite response; ce que leur ayant esté refusé, ilz resolurent de demander que tous les tabouretz et autres prerogatives qui ont esté donnés despuis 1643, tant au duc de Bouillon qu'autres qui en ont obtenu, feussent revoquées, que le tiers des benefices du rouyaume fut donné à la noblesse et les fermiers et receveurs des gentilhommes feussent deschargés des tailles, que touttes les charges de ches le Roy feussent remplies par des nobles, avec quantité d'autres privileges dont la noblesse a jouy autrefois; ce qui fait grand bruit à la Cour, ces prerogatives ayant esté signées de plus de 300 personnes et de M. de Beaufort le premier. Un conseiller du Parlement de Bourdeaux nommé Guyonnet estant arrivé icy le 2 au matin, entra dans le cabinet de la Chambre des enquestes, où quelques conseillers estoint assemblés pour desliberer sur une lettre du Parlement d'Aix, qui leur mandoit en particulier que touttes les troupes du comte d'Alais estoint encor dans la province, où elles avoint exigé plus de 600 mille livres despuis que la paix y est faitte, laquelle ce comte n'executtoit point, voulant auparavant estre remboursé des frais qu'il a fait pandant la guerre. Ce conseiller ayant demandé d'abord l'assemblée des /108/ chambres pour resoudre l'union du Parlement de Paris avec celuy de Bordeaux, ces messieurs, qui se voyoint en petit nombre, envoyerent advertir les conseillers qui estoint absens, afin de resoudre l'assemblée entre eux, pretendant n'estre pas obligés à la demander à la Chambre des vacations en cas que leurs confreres vinssent pour la resoudre; mais le president Le Coigneux, qui presidoit à cette chambre cy, en ayant eu part fit resoudre qu'on deslibereroit là dessus le 4 et que le deputté de Bourdeaux seroit mandé pour estre ouy.

Cepandant le mesme jour M. de la Vie, advocat general du Parlement de Bourdeaux, presenta à la Reyne des remonstrances où sont contenus quantité d'articles que ledit parlement et la Ville demanda, entre autres qu'il plaise à Leurs M. de leur donner un autre gouverneur; que les 2 chasteaux qui sont dans Bourdeaux avec celuy de Libourne leur soint mis entre les mains pour estre rasés comme places inutiles, que la Cour des aydes soit suprimée, que l'imposition de 2 escus pour tonneau de vin soit levée, que la province soit deschargée de la moitié des tailles, que l'interdiction du Parlement soit levée, que les troupes de M. le duc d'Espernon soint esloignées de 20 lieues, et plusieurs autres choses moings importantes; à quoy il adjousta que si Sa M. ne leur accordoit ces demandes, la paix ne ce [se] pouvoit pas faire. La Reyne luy respondit qu'elle en parleroit à son conseil et luy feroit rendre response par M. le Chancellier, lequel luy dit peu apres que l'on accorderoit volontiers la levée de l'interdiction et la desmolition de la citadelle de Libourne avec quelques autres articles, mais qu'on ne leur pouvoit pas accorder la consignation du Chasteau Trompette ny le changement de gouverneur de la province, parce que cela choqueroit tropt l'authorité du Roy; à quoy le deputté repartit qu'il avoit ordre de ne se relascher point du tout; et despuis le mareschal du Plessis, qui est à Blaye, a mandé à la Cour qu'il ne voyoit point de disposition dans les espritz des Bourdelois à se relascher en aucune façon sur ces deux pointz.

Le 4 la Chambre des vacations manda le sieur Guyonnet, autre deputté de Bourdeaux, envoyé vers le Parlement de Paris; lequel estant arrivé dans ladite chambre, on luy dit qu'il monstra sa lettre de creance, à quoy il respondit qu'il n'avoit point d'ordre de la produire si MM. des Enquestes n'y estoint presentz, et ne voulut point la monstrer en l'abscence de ceux cy. Sur quoy il fut arresté tout d'une voix qu'il ne seroit point ouy et qu'on n'accorderoit point l'assemblée des chambres jusques à ce qu'il auroit fait veoir sa lettre de creance. Cepandant les deputtés de chasque chambre du Parlement /108v/ qui feurent nommés lorsque le Parlement prit vacation s'assemblerent à la chambre St Louys pour desliberer sur cest affaire et resoleurent d'aller prendre leurs places le lendemain à la Chambre des vacations en cas qu'on leur refusat l'assemblée, laquelle ayant envoyé demander le 5, la Chambre leur envoya dire qu'elle ne pouvoit point s'assembler avec eux. Sur cela les deputtés resouleurent d'envoyer leurs huissiers à tous leurs confreres pour les advertir de se treuver aujourd'huy à l'assemblée pour y aller prendre leurs places, ce qui obligea la Chambre des vacations, afin que cest affaire fit moings de bruit, de leur envoyer MM. Laisné et Menardeau, conseillers, pour leur dire qu'on leur envoyeroit le lendemain des depputtés pour conferer avec eux et resoudre ce qu'on pourroit faire pour MM. de Bourdeaux et de Provence, et qu'ainsy il n'estoit point de besoing d'y appeller leurs confreres, dont ces messieurs feurent satisfaitz.

M. d'Elbene, antien evesque d'Alby, ayant presenté requeste au Parlement sur laquelle il y eut le 5 arrest en la Chambre des vacations portant que M. de Lude, qui jouyt de l'evesché d'Alby, viendroit plaider à la St Martin, et que cepandant M. d'Elbene recevroit 30 mille livres par prouvision sur les premiers deniers du revenue de cest evesché, preferablement à touttes choses, et que les fermiers et recepveurs seroint contraintz par corps au payement de ceste somme.

Le 6 MM. Laisné et Menardeau, deputté de la Chambre des vacations, se trouverent au cabinet des Enquestes pour conferer avec les autres deputtés, mais ilz ne peurent pas s'accorder ensemble, ceux cy s'opiniastrant à vouloir l'assemblée. Hyer les mesmes deputtés s'assemblerent dans le mesme cabinet, où il feut arresté que ce matin ceux des Enquestes entreroint dans la Chambre des vacations avec ceux qui la composent pour ouvrir le pacquet de Bourdeaux et ouyr le deputté, et qu'on y pourroit appeller d'autres conseillers suivant l'ordonnance de Francois Premier sur l'establissement de la Chambre des vacations, où il est porté que ceux qui tiendront ladite chambre pourront appeller d'autres conseillers de leurs confreres le cas le requerant.

Un courrier de Catalougne arrivé le 4 apporta nouvelle que les Espagnolz y ont fait entrer 10 mille fantassins et 3 mille chevaux, qui vont droit à Barcelonne pour s'en emparer par le moyen des grandes intelligences /109/ qu'ilz y ont; que leur armée navalle y est devant au nombre de 19 galleres, 22 vaisseaux, et quelques galions; que M. de Marchin y a envoyé 500 chevaux et fait prendre les armes partout; et qu'il n'a que 3800 chevaux et 1500 fantassins, avec quoy il tient la campagne et a envoyé ce courrier pour demander promptement secours d'hommes et d'argent et un viceroy. Sur cela l'on expedia hyer les routes pour y faire passer les troupes que le comte d'Alais retient encor en Provence, et l'on parle d'y envoyer le comte d'Harcour pour viceroy; mais de l'argent il ne s'en est point trouvé, et l'on y a envoyé des pierreries.

Hyer au matin le Roy entra au Conseil des finances, qui se tient au Louvre. Contarin, ambassadeur de Venise et mediateur de la paix, partit le 2 de ce mois apres avoir conferé avec l'archiduc Leopold et le duc de Lorraine sur les moyens de faire la paix, et arriva hyer à la Chevrette, où M. le Cardinal le feut veoir, luy donna à disner, et apres eut une conference particuliere de 2 heures avec luy.
Le president de Flexelles mourut hyer au soir en ceste ville. Le duc de Joyeuse est sur son despart pour aller espouser Mlle d'Alais en Provence. Il a desja fait partir son train.

Le comte d'Harcourt est tousjours aux environs de Landrecey avec l'armée. Vous aures veu les particularités de la prise de Maubeuge, qui sont imprimées.

De Bourdeaux le 22 septembre

Les 260 chevaux et 200 fantassins que le marquis de Teobon nous a amenés ont notablement renforcé nostre armée et nous en vient encor tous les jours; mais il y a peu d'argent en ceste ville et on contraint tous les bourgeois à donner ce qu'ilz en ont, et l'on n'en fait prester à ceux qui n'en ont pas, mais il ne s'en trouve plus à present.

On travaille à saper le chasteau, qui se deffend fort bien, la garnison estant forte de 150 hommes. Les travaux qu'on avoit fait pour les mines soubz le bastion pour le faire sauter ont esté inutiles parce qu'il s'est treuvé des contremines. Le Gouverneur fit faire hyer une sortie par une fausse porte au dessous du port, où il y eut 2 de /109v/ nos pionniers tués, 4 blessés, et 2 faitz prisonniers et menés dans le chasteau. Il fait tirer sur la ville continuellement de tous costés, et l'on croit qu'il pourra encor tenir 8 jours. M. d'Espernon est à Cadillac, où il enrage de n'avoir pas asses de force pour le secourir. Quant à M. de Lisle Sourdiere, apres l'avoir bien amusé, on luy a dit qu'il feroit bien de s'en retourner, comme il a fait. M. le mareschal du Plessis est despuis sabmedy dernier à Lormond, où les juratz le feurent trouver hyer au matin accompagnés de quelques cappitaines de Ville. M. Constant, l'ung des juratz, luy parla bien hardiment et luy dit qu'il n'avoit que faire de venir icy s'il n'avoit plain pouvoir d'accorder ce qu'on luy demandoit, qui est le rabais de la moitié des tailles selon l'arrest du Parlement, le desdommagement à la Ville de tous les desgatz qui ont esté faitz par ordre de M. d'Espernon en general et en particulier, le changement de gouverneur, et que le chasteau soit baillé à la Ville pour en faire ce qu'elle avisera. M. le Mareschal respondit qu'il satisferoit à tout et qu'il avoit pour cela de bons ordres. Il a escript au president de Tresne. Le Parlement est assemblé presentement pour desliberer ce qu'on luy doit respondre.

M. de Sauveboeuf est tousjours fort malade. On le traitte comme s'il avoit le pourpre. M. de Caussade, conseiller, est mort de la blessure qu'il avoit receue à l'espine du dos.

De Bourdeaux le 30 septembre

Le 27 du courant le Parlement deputta 6 juratz et 40, tant de bourgeois que cappitaines des quartiers, pour aller à Lormond trouver le mareschal du Plessis et sçavoir ce qu'il venoit faire. Le Mareschal leur dit d'abord qu'il estoit venu pour leur commander de la part du Roy de mettre les armes à bas de part et d'autre et apres faire la paix; à quoy ilz repartirent qu'ilz ne pouvoint pas luy obeir sans sçavoir de quelle façon il pretendoit faire la paix. Il repliqua que la paix ne ce [se] feroit point qu'on n'eut posé les armes, et les deputtés se retirerent; mais comme ilz s'en revenoint, ce mareschal les fit /110/ rapeler et leur dit qu'il vouloit mettre le Chasteau Trompette entre les mains de M. de Lisle Sourdiere, lieutenant des gardes du corps du roy, parce que ceste place apartient à Sa M., et que pour le reste il avoit ordre de leur donner toutte la satisfaction qu'il devoint souhaitter. Ilz respondirent à cela qu'ilz ne pouvoint escoutter aucune proposition qu'au prealable le chasteau ne fut à la disposition des bourgeois et que le Roy n'eut donné un autre gouverneur à la place du duc d'Espernon. Ce mareschal voyant leur resolution, leur dit qu'ilz voyoit bien qu'ilz ne demandoint que guerre, qu'on leur en tailleroit tant qu'ilz en voudroint, et qu'on leur aprendroit à assieger un place qui appartient au Roy. Il y eut beaucoup de replique mais sans aucung effect. Les deputtés s'estantz retirés, il despescha incontinent 3 courriers, on ne sçait où, et demande une galiotte pour aller à Blaye, laquelle luy feut envoyée. Neamoings on nous dit qu'il n'est pas encor party de Lormond. On presse tousjours le Chasteau Trompette qui se deffend à son ordinaire, y ayans beaucoup de monde dedans. On doibt bientost faire jouer d'autres mines qu'on y a faittes et monter à l'assaut par plusieurs endroitz. La garnison nous a tué un major qui entendoit bien la guerre.

Hyer l'apresdisnée M. Thibaud Jambe de Bois estant allé ches M. de Banc Mauvesin, où se tient d'ordinaire le Conseil de guerre, pour se plaindre de ce qu'on avoit ordonné que son regiment iroit relever ceux qui sont à l'Isle St Georges, y rencontra le marquis de Lusignan et luy reprocha que c'estoit luy qui luy avoit joué ce tour. Ce marquis luy respondit que cela n'estoit point et que le Conseil de guerre l'avoit ainsy ordonné. Thibaud ayant soubstenu que si, il y eut quelques parolles picquantes entre eux, qui obligerent M. de Lusignan de le menacer de la canne; sur quoy Thibaud ayant mis l'espée à la main, les gardes de ce marquis luy presenterent le pistolet pour luy tirer, mais ilz en feurent empeschés par leur maistre; mais estant sorty en mesme temps, on luy demanda ce que c'estoit. Il respondit que ce traitre de Thibaud /110v/ avoit mis l'espée à la main pour le tuer, et sur cela le peuple, à qui Thibaud a tousjours esté suspect, se remassa devant ceste maison, et l'ayant environnée, enfonça les portes et, estant dedans, on tua Tibaud. On jetta son corps par la fenestre et ensuitte on le deschira en mille morceaux, qui feurent jettés dans la riviere. Cela donne bien à penser à MM. du Parlement, car on dit tout haut qu'on en fera autant à ceux qui ne feront pas leur devoir.

On a fait reveue de l'armée du Parlement, qui s'est trouvée de 700 chevaux et 4 mille fantassins sans y comprendre ce qui est sur l'armée navalle, qui est composée de 5 grandz navires, 2 fregattes, 20 galiotes, deux demy galiottes. Les troupes de M. d'Espernon ont fait des grandz desordres sur les terres de M. de la Force, ce qui le pourroit bien obliger à venir icy.

De Paris le 8 septembre

Ce matin MM. des Enquestes estantz entrés dans la Chambre des vacations, le president de Nesmond, qui y presidoit, leur a dit que la Chambre trouvoit fort estrange qu'ilz prissent ceste liberté dans un temps de vacation, et que les affaires de Bourdeaux n'estoint pas pressé puisque l'on a envoyé ordre aux troupes de M. d'Espernon de marcher en Catalougne. Il y a en quelques contestations là dessus, apres lesquelles il a esté arresté que la Chambre des Vacations deslibereroit sur cest affaire mardy prochain et tascheroit de l'accommoder.

111/ De Paris le 15 octobre 1649

Le 9 du courant MM. de la Noblesse ayant continué leurs assemblées dans l'hostel de Sourdis, où tousjours les mareschaux de France ont assisté, et où MM. les princes et ducs et pairs ont envoyé 2 deputtés de leurs corps, le mareschal d'Estrée porta la parolle à la Compagnie que la Reyne accordoit à la noblesse tout ce qu'elle luy avoit demandé par la requeste presentée par le mareschal de l'Hospital accompagné de 8 depputtés du corps. C'est à dire que Sa M. accordoit la revocation de tous les tabouretz donnés non seulement en dernier lieu mais encor despuis 1643, avec la revocation de ce qui feut accordé à M. de Bouillon lors qu'il fit son traitté pour la recompense de Sedan, qui estoit de le faire recevoir prince estranger, de luy en faire tenir le rang, et par ce moyen de luy faire aussy precedder les ducs et mareschaux de France, lesquelles graces Sa M. declairoit nulles, promettant de n'en plus accorder à l'advenir et d'en donner mesmes une asseurance par escript. MM. de la Noblesse accepterent ces offres, et n'estant plus question apres cela que de sçavoir de quelle façon on devoit escrire ceste seurté, ilz nommerent pour cest effect 12 deputtés pour dresser un project de l'acte qu'ilz devoint demander à Sa M., pour le rapporter le lendemain à 2 heures apres midy dans l'assemblée, afin de l'examiner et reduire en la forme qui seroit jugée la melieure pour la seurté d'ung chacung.

MM. du Clergé desirans de se joindre à la noblesse en cest affaire la prierent le mesme jour de leur donner jusques au 12 pour s'assembler afin de resoudre la deputation qu'ilz vouloint faire vers elle, pour l'asseurer qu'ilz veulent estre unis à ses interestz.

Le 10 il y eut grand bruit dans l'assemblée de la noblesse sur ce que le mareschal d'Estré y estant arrivé vers les 4 heures apres midy et ayant veu l'escript qu'avoint dressé les 12 gentilhommes deputtés le jour precedent, dans lequel estoint nommés tous ceux qui avoint des tabourtez despuis la Regence, parmy lesquelz est celuy de Madame sa femme, dit que la Reyne n'entendoit pas que l'on nommat personne dans cest escript, lequel d'allieurs devoit estre examiné, et que c'estoit un affaire de longue haleine qu'il falloit remettre au lendemain, n'y ayant pas asses de temps dans le reste de l'apresdisnée pour la vuider. Ce mareschal avoit amené quelques gentilhommes, et la Reyne, M. d'Orleans, M. le Prince, et M. le Cardinal y en avoint envoyé d'autres en si grand nombre qu'ilz avoint peu, lesquelz faisoint une mesme brigue avec ce mareschal et feurent d'abord de son advis, ce qui obligea l'assemblée de faire /111v/ affront à 7 ou 8 de ceux cy, qu'on chassa de l'assemblée, leur disantz qu'ilz n'estoint point gentilhommes, et que s'ilz pretendoint d'opiner il falloit qu'ilz fissent veoir leurs tiltres de noblesse. Ce sont MM. de Beringan, du Plessis Besançon, les marquis de Jersey et de Mombrun Soucarriere, le baron de Raré, le chevalier de la Valette, et d'Amboise, qui estoit mareschal de camp en Italie; mais despuis les 2 premiers y feurent receus, sçavoir M. de Beringan tant à cause de sa charge de premier escuyer du roy que sur quelques lettres de noblesse qu'il avoit du feu Roy, et M. du Plessis Besançon, à cause qu'il apporta quelques registres du Parlement par lesquelz il prouve sa noblesse despuis 200 ans. C'estoit le marquis d'Aluye, filz du marquis de Sourdis, qui luy avoit fait cest affront, ayant apporté dans l'assemblée un papier où il avoit escript la genealogie dudit du Plessis, qu'il faisoit venir d'ung palafrenier. En mesme temps on dit aussy quantité d'injures au mareschal d'Estrée, qui l'obligerent à sortir avec tous ceux qui avoint esté de son advis et les autres mareschaux de France qui s'en offencerent aussy, à la reserve du mareschal de l'Hospital, qui estant demeuré le dernier feut retenu par le comte de Montresor et quelques autres, qui dans ceste division rassemblerent environ 60 ou 80 gentilhommes, lesquelz resoleurent de continuer ladite assemblée le lendemain matin ches le mareschal de l'Hospital.

Le xi au matin la noblesse s'estant trouvée ches M. le mareschal de l'Hospital, le mareschal d'Estrée et les autres mareschaux de France ne laissarent pas de s'y trouver, mais il n'y feut rien resolu parce que le mareschal d'Estrée y ayant apporté le brevet du Roy promis le jour precedent portant revocation en general de tous les tabouretz et de touttes les lettres de noblesse données despuis 1643 sans nommer personne ny parler de l'affaire du duc de Bouillon, il y eut 3 advis differentz, dont le premier estoit de demander pour seurté une declaration du Roy veriffiée en Parlement contenant ceste revocation, dans laquelle seroint nommés tous ceux qui ont receus des tabouretz ou brevetz de duc despuis ce temps là. L'autre estoit de demander que dans le brevet envoyé par la Reyne ceux qui ont eu des tabouretz feussent nommés et que le brevet feut enregistré à la chancellerie afin que l'affaire fit moings d'esclat. Et le 3 de recevoir le brevet de la façon que la Reyne l'avoit /112/ envoyé. L'on remarqua que ceste derniere opinion estoit plus forte de 20 voix que les deux precedentes, mais sur cela, l'heure ayant sonné et y ayant encor 50 voix qui n'avoint pas eu le temps d'opiner, l'assemblée feut remise au lendemain 9 heures du matin.

Cepandant MM. du Clergé devant s'assembler pour resoudre l'union avec la noblesse, et M. le coadjuteur de Paris pretendant d'y presider, resoleurent de s'assembler ches M. le Cardinal, comme ilz firent, et envoyerent le mesme jour des depputtés à la noblesse pour l'asseurer qu'ilz vouloint se joindre avec elle dans tous leurs interestz; mais ceste jonction ayant esté concertée ches M. le Cardinal, l'on en fit peu d'estat parce que l'on vit bien que c'estoit autant de voix pour la Cour.

Le 12 MM. de la Noblesse s'estant assemblés, l'archevesque d'Ambrun y arriva de la part du clergé et leur fit une harangue qui feut admirée de toutte la compagnie. Elle feut si longue qu'elle tient tout le temps de l'assemblée, ce qui n'empescha pas que ceux qui n'avoint peu opiner le jour precedent ne disent leur advis, et ainsy l'affaire feut arrestée et le brevet feut receu de la façon qu'il avoit esté envoyé de la Reyne, à condition d'estre enregistré a la chancellerie. Il porte simplement et purement revocation de tous les tabouretz qui ont esté donnés despuis 1643, avec promesse de n'en donner plus à l'advenir, et de touttes les lettres de noblesse, mais il ne parle point des brevetz de duc.

Le 13 l'assemblée deputta 24 gentilhommes, qu'elle envoya à la Reyne pour la remertier, lesquelz feurent accompagnés par MM. les mareschaux de France, et le mareschal d'Estré y porta la parolle comme le plus antien de ceux qui sont en ceste ville.

M. le Prince, qui avoit faict donner les derniers tabouretz, voulut sur cela que ceux qui avoint esté donnés despuis 1643 feussent revoqués aussy bien que les autres, et que ceste prerogative n'estant deue qu'aux femmes des ducs et pairs receus au Parlement, qu'il n'y en eut point d'autres; à quoy Mme de Montbason s'opposa à cause de sa fille, qu'il avoit [qui l'avoit] obtenu d'avant 1643, et feut protegée par M. de Beaufort et par toutte la maison de Vendosme; mais cela n'empescha pas que la Reyne voyant que M. le Prince s'obstinoit à cela, ne luy envoya hyer un brevet de revocation de tous les tabouretz donnés auparavant, suivant le desir de S.A., ce qui obligea Mme de Montbason /112v/ et la maison de Vendosme d'avoir recours à la protection de M. le duc d'Orleans, qui n'y a rien fait encor.

L'on a remarqué que M. le prince de Marcillac a eu despuis 4 jours une assignation de 300 mille livres, soit pour son indennité de la perte du tabouret de sa femme, soit pour avoir faict l'accommodement de M. le Prince avec M. le Cardinal. Et le comte de Miossant a eu pour recompense du tabouret qu'il avoit obtenu pour Mme du Pont, sa belle soeur, la charge de la garderobe de M. le duc d'Anjou avec 12 mille livres de rente sur le domaine du Roy. Voila ce qui s'est passé dans l'affaire des tabouretz, et voicy ce qui s'est passé dans le Parlement:

Le 12 la Chambre des vacations ayant mis en desliberation ce qu'on devoit faire sur l'affaire de Bourdeaux, pour laquelle les depputtés des Enquestes demandoint l'assemblée, il fut arresté qu'on vuideroit cest affaire le lendemain au matin et qu'on donneroit satisfaction aux depputtés, lesquelz cepandant resoleurent d'aller prendre leurs places à la Chambre des vacations, comme ilz firent; mais le president de Believre, qui y presidoit et qu'ilz avoint creu Frondeur, les receut tres mal, leur ayant dit qu'ilz entreprenoint par tropt et qu'on avoit tropt souffert d'eux. Ilz ne manquerent pas de repartir qu'on abandonnoit l'interest public pour le particulier, et enfin la Chambre n'ayant voulu rien faire avec eux, ilz sortirent et retournerent dans le cabinet des Enquestes, où ilz resoleurent en mesme temps l'assemblée generale de tout le Parlement pour mardy prochain et à ceste fin firent appeller tour [tous] leurs huissiers, ausquelz ilz donnerent commission d'aller advertir tous leurs confreres, tant ceux qui sont à la campagne que ceux qui sont en ceste ville, de s'y trouver.

Hyer M. Olin [Quelin], conseiller du Parlement, ayant donné un soufflet à un gentilhomme dans le Palais, ce gentilhomme ne manqua pas de luy rendre sur le champ, mais il feut mit en prison.

Les Estatz de Languedoch n'ont pas encor finy. Ilz offrent d'accorder au Roy un million cinq cens cinquante deux mille livres, et en veulent retrancher 737160 livres. M. de Choisy leur ayant dit que le Roy revoqueroit le edit de Beziers pourveu qu'ilz vouleussent accorder 4 millions /113/ à payer dans 4 ans, ilz ont respondu que l'edit estoit revoqué par la declaration du mois d'octobre de l'année derniere puis qu'il n'a jamais esté veriffié par le Parlement de Thoulouse, et qu'il est porté par ceste declaration qu'on ne levera aucungs deniers qu'en vertu des editz deuement veriffiés, et qu'ainsy ilz ne devoint pas accorder plus qu'ilz n'avoint accoustumés d'accorder devant le edit. M. de Choisy a reparty que le Roy ne pouvoit pas accepter si peu, et l'on en est encor sur ceste contestation.
Le mareschal de Granmont arriva icy le 9 de ce mois. L'on rappelle aussy le marquis de Roquelaure, auquel l'on a mandé de revenir à la Cour.

M. de la Riviere envoya le 9 un courrier à Rome avec des lettres du Roy fort pressantes au Pape, laquelle feut accompagné de celle de M. le duc d'Orleans, de M. le Prince, et de M. le prince de Conty pour prier Sa Sainteté de faire la promotion.

Le bruit cour que le marquis de Carracene a desja formé le siege devant Casal, mais cela est douteux.

Les avis de Barcelonne du 27 du passé portent que les ennemis n'y avoint encor fait aucune entreprise, et que le baron de Marchin observoit leur contenance avec 4000 chevaux et 2000 fantassins qu'il a.

En Flandres les ennemis assiegerent le chasteau de La Motte aux Bois le 5 du courant, et la garnison en sortit le x à composition au nombre de 300 hommes. M. le comte de Paluau est malade d'une fievre double tierce, qui l'a empesché de l'aller secourir. M. le comte d'Harcourt partit des environs de Landrecy avec une bonne partie de l'armée aussytost qu'il eut la nouvelle de ce siege, mais la place feut prise avant qu'il y arriva.

On a nouvelle d'Angleterre du 22 du passé que le general Cronvel a pris d'assaut une ville et a tous passé au fil de l'espée et mesmes le gouverneur avec la garnison composée de 3560, tant officiers que soldatz.

De Bourdeaux le 7 octobre

M. de Sauveboeuf n'a plus de fievre puis 3 jours et commence à guerir. On espere qu'il pourra sortir dans la semaine prochaine et qu'apres cela nos affaires prendront un melieur train. Les communes des quartiers /113v/ de St Michel et de Ste Eulalie le vouleurent hyer veoir, s'imaginant ou qu'il feut mort ou qu'on le desrobat expres à leurs yeux. Les plus considerables officiers de leur milice le feurent saluer dans sa chambre au nom des autres et luy firent des grandes protestations de leur zele pour son service, adjoustant que si les medecins ne l'eussent bien traitté, ilz les eussent mis en pieces. Il les remertia fort et leur tesmoigna estre bien ayse d'avoir recognu par là la grande affection que le peuple a pour luy.

L'on bat tousjours le Chasteau Trompette, qui nous tue aussy beaucoup de monde. Les mineurs sont attachés à la tour quarée vis à vis le pont de Blaye, qui est presque tout ruyné, aussy bien qu'au bastion, sur lequel il y avoit quelques pieces de canon que ceux de la garnison ont desja ostées; et l'on remarque encor que la terre dans le milieu est eslevée de 4 ou 5 piedz par dessus les deffences qui sont autour du bastion, ce qui fait croire qu'ilz travaillent à eventrer ceste mine et qui [qu'ilz] se retranchent au delà du bastion. Les eschelles sont touttes prestes pour monter à l'assaut aussytost apres l'effect des mines. Les bourgeois se lassent fort de fournir tousjours d'argent et souffrir des taxes exorbitantes et de veoir que les affaires vont en longueur.

Le bruit courut avant hyer que M. d'Espernon estoit prest à partir pour venir tenter le secours du chasteau, mais on a sceu despuis qu'estant sur le point de partir, il receut un pacquet par un courrier qui luy fit changer de desseing. On dit qu'il attend du secours par mer et par terre, et qu'on luy envoye 10 vaisseaux de Brest et de Brouage; et cepandant ses troupes font vendanges et portent le vin à Libourne.

Le peuple a empesché que 2 batteaux chargés de bled qu'on disoit estre pour envoyer à Paris ne soint passés, bien qu'ilz eussent passeport de quelques conseillers du Parlement.

On descouvre icy tous les jours quantité de trahisons. Le mareschal de la Force nous promet un puissant secours, mais quelq'ungs croyent /114/ que c'est pour tirer quelque advantage de la Cour. Le mareschal du Plessis est encor à Lormond et attend le retour de ses courriers, qu'il a envoyé à la Cour et allieurs. Il est cause de la mort de Thibaud Jambe de Bois parce qu'aussytost qu'il fut arrivé à Lormond il demanda à parler à luy, ce qui le rendit d'abord suspect au peuple.

Le marquis de Lusignant est party d'icy avec 4 à 500 chevaux pour aller rocognoistre et observer les desseings du duc d'Espernon, sur l'advis qu'il a eut que ce duc s'en venoit pour tenter le secours du chasteau.

/115/ De Paris le 22 octobre 1649

Le 15 du courant M. d'Amboise, mareschal de camp, enleva en ceste ville une fille unique d'ung riche bourgeois de Paris nommé Fleuriot, parente du Procureur du roy au Chastelet de Paris, laquelle ce mareschal de camp pretend faire espouser à son filz, quoy qu'elle ne soit aagée que de 12 ans. Cest affaire a fait grand bruit à la Cour, où les plaintes en ont esté apportées, et touttes les puissances ont esté supliées de ne point proteger M. d'Amboise en ce rencontre.

Le 16 on eut advis que l'archevesque de Bourges estoit mort. Cest archevesché est donné à M. de Mexmac [Maimac].

Le mesme jour on eut aussy nouvelles que l'archevesque de Rheins estoit fort malade et qu'on desesperoit de sa convalescence. Sur cet advis M. l'abbé de la Riviere demanda cest archeveschée en cas que l'Archevesque vint à mourir, et en eut parolle de la Reyne. M. l'abbé d'Aumal l'ayant en mesme temps demandée, en eut parolle de M. le Cardinal; et Mme de Puisieux ayant aussy demandé pour M. le bailly de Valencey les deux abbayes que possedoit cest archevesque, en eut parolle pour l'une, qui est celle de Bourgueuil; mais despuis on a sceu que cest archevesque se portoit mieux.

Le 17 M. de Comminges, lieutenant des gardes de la reyne, arriva icy revenant d'aupres du duc d'Espernon pour solliciter promptement le secours qu'on doibt envoyer contre les Bourdelois, à quoy l'on a donné ordre; mais on asseure que les Holandois ont resolu d'assister les Bourdelois à cause des interestz qu'ilz ont en leur conservation afin d'y maintenir le commerce.

Le 18 on eut advis à la Cour que le marquis Sfrondati marchoit avec un corps d'armée du costé de la mer, et que 4 cent Allemantz se sont destachés de l'armée du comte d'Harcourt et avoint esté piller la ville de St Paul [Saint-Pol], qui apartient à Madame de Longueville et au prince Thomas, comme venant de la succession du feu comte de Soissons, nonobstant les /115v/ sauvegardes tant de France que d'Espagne; et que les habitans de ceste ville là s'y estant voulu opposer, ces Allemans en avoint tué environ 60; à quoy les mesmes adjoustoint que ce comte estoit party avec l'armée du lieu où il estoit campé à 6 lieues d'Arras et s'estoit avancé vers la Bassée; et que l'armée souffroit beaucoup, n'ayant de pain de munition. Le Comte fait des grandes instances à la Cour pour obtenir son congé, voulant s'en revenir.

Le 19 un officer du corps d'armée de M. le comte de Paluau arriva icy, estant envoyé expres pour demander un autre chef pour commander ce corps à cause que ce comte est malade à l'extremité. Cet officier [a] raporté qu'il avoit apris en passant à Calais que le comte de Charrau, qui en est gouverneur, n'ayant point d'argent pour entretenir sa garnison, avoit mandé les receveurs et commis de la douane de Calais; lesquelz estant arrivés ches luy, il leur avoit demandé l'argent qu'ilz avoint appartenant au Roy; et que ceux cy luy ayant fait response qu'ilz n'en avoint point, ce comte les avoit fait arrester prisonniers et s'estoint saisy de leurs registres, estant resolu de se rembourcer de tout ce qui luy est deubt par le Roy.

Le 20 on eut advis que le marquis de la Ferté Seneterre avoit prit la fort de Vasserbilick [Wasserbillig] dans le pais de Luxembourg et ensuitte forcé la petite ville d'Ecternac [Echternach], qui est proche de ce fort, laquelle fut pillée par les soldatz. En mesme temps on aprit que les troupes allemandes s'estoint detachées de l'armée du comte d'Harcourt et estoint revenues camper vers Guise, où elles ont refusé une demy monstre qu'on leur a offert, voulant avoir la monstre entiere; et que l'armée de l'Archiduc estoit campée à Mons en Haynaut.

Quant aux affaires du Parlement, MM. des Enquestes s'estant assemblés le 19 au cabinet de leur premiere chambre, suivant ce qui avoit esté arresté la semaine passée, resoleurent que le lendemain au matin les lettres de Bourdeaux et de Provence seroint ouvertes et les deputtés de ces deux Parlements ouys en la Chambre des vacations; et que l'apresdisnée ilz s'assembleroint tous en la /116/ chambre de St Louis pour resoudre la response qu'on feroit des remonstrances à la Reyne sur les abus qui ce [se] commettent par les gouverneurs de Guyenne et de Provence, et que Sa M. seroit supliée d'y mettre bon ordre, dont il y eut hyer arrest en la Chambre des vacations suivant la resolution qui en avoit esté prise entre les deputtés.

De Bourdeaux le 14 octobre 1649

L'on est encor icy à la continuation du siege du Chasteau Trompette, dont nous esperons de vous envoyer la nouvelle de la prise par le premier ordinaire, parce qu'on est sur le point de monter à l'assaut, touttes choses estant disposées pour cela. On l'a differé jusques icy pour beaucoup de considerations.

M. de la Vie, advocat general, fut hyer ouy au Parlement, lequel a remis jusques apres la prise du chasteau à desliberer sur les propositions que ledit sieur de la Vie a apporté de la part de la Cour. On a eut icy advis que M. d'Espernon marchoit avec 1200 fantassins et 800 chevaux et 4 ou 5 pieces de canon dans le Pays d'entre Deux Mers et qu'il estoit desja arrivé à Creon; qu'il a fait des degatz extraordinaires ce qui a obligé le Parlement et le Conseil de guerre de resoudre de faire sortir dès aujourd'huy bon nombre de cavalerie et d'infanterie pour s'opposer à ses desseings.

M. de Sauveboeuf se porte tousjours de mieux en mieux.

De Barcelonne le 6 octobre

M. le baron de Marchin ayant eu advis que les ennemis avoint resolu de venir assieger Barcelonne et qu'ilz avoint à cette fin fait embarquer une partie de leur armée à Tarragonne, nous a envoyé en diligence 800 chevaux avec 4 regimentz d'infanterie et 500 Suisses, qui font environ 2 mille fantassins, ce qui pourra leur faire changer de desseing; d'autant plus que cette garnison est bien capable de tenir en bride tous ceux qui sont d'intelligence avec les Espagnolz. Cepandant le sieur de Marchin cottoye les ennemis et observe exactement leur contenance.

/117/  Suitte du 20 octobre 1649 de Paris

M. le Prince s'estant opiniastré à vouloir que les tabouretz de Mme la princesse de Guymené et de Mlle de Montbazon feussent revoqués, M. le duc d'Orleans, à qui Mme de Montbazon avoit eu recours en cest affaire, l'a accommodée en sorte qu'on luy a accordé la continuation du tabouret de ladite princesse de Guymené et revoqué celuy de Mlle de Montbazon, laquelle s'abstiendra d'aller au Palais Royal pandant un mois, dans lequel temps on treuvera moyen de l'en indenniser en luy donnant quelque autre chose au lieu de ceste prerogative.

Quant à l'affaire du duc de Bouillon, on luy asseure le comté d'Evreux avec la duché de Chasteau Thierry et la baronnie de la Tour, mais on luy a promis quelque autre au lieu du comté et duché d'Auvergne qu'on ne luy donne pas à cause des oppositions qu'il y a. Pour ce que est du rang de prince estranger qu'on luy avoit promis par son traitté, ce point a esté remis à la majorité du Roy.
Le mareschal de Turenne receut le 20 de ce mois deux bonnes assignations, l'une de 300 mille livres et l'autre de 60 mille livres pour ce qui luy est deubt.

L'on avoit mandé à M. d'Hemery de s'en revenir à la Cour et l'on parloit de le restablir dans la charge de surintendant des finances, ce qui avoit obligé M. d'Aligre, qui en est directeur, à demander son congé, qui luy avoit esté accordé; mais on dit que pour certaines considerations il a despuis esté contremandé.

Hyer MM. de Sorbonne celebrant leur feste de Ste Ursulle, la Reyne y feut avec la musique du roy, pour laquelle ces messieurs firent une espece de theatre à l'endroit de la sepulture du deffunct cardinal de Richelieu, ce que Mme la duchesse d'Aiguillon et M. le duc de Richelieu trouverent fort mauvais, en firent de grandz reproches à ces docteurs, qui ne vouleurent point changer ce theatre; ce qui avoit mis le duc de Richelieu en si grande colere qu'il estoit en resolution de leur aller faire violence dans la Sorbonne mesme, mais il en feut empesché par Mme d'Esguillon.

Les lettres de Dunquerque du 20 du courant portent que le comte de Palluau se portoit mieux et ne font point mention que les ennemis ayent fait aucune entreprise du costé de la mer. Par la mesme voye on a eu de Calais la confiermation de ce qui a esté dit du comte de Charrost /117v/ et que le comte d'Harcourt est fort mescontent des munitionnaires de l'armée, qui n'ont pas fourny le pain a proportion de l'argent qu'ilz ont receu.

On parle de faire le proces à M. de Bouillon, qui estoit gouverneur de La Motte aux Bois, lequel on accuse d'avoir rendit la place 8 ou 10 jours plus tost qu'il ne devoit afin de sauver par une capitulation les profitz qu'il avoit fait dans ce gouvernement, lesquelz on dit ce [se] montent à 50 mille escus.

On a resolu d'envoyer à M. d'Espernon 7 ou 8 regimentz de l'armée de Flandres, qui seront embarqués pour eviter les desordres qu'ilz pourroint faire en allant en Guyenne.

De Bourdeaux le 18 octobre

Hyer à 11 heures du matin toutte l'armée du Parlement et la bourgeoisie fut commandée de se mettre soubz les armes pour faire les attaques du chasteau, auquel on devoit aujourd'huy donner l'assaut. Ilz ont passé la nuit en cest estat, et ce matin l'on a commencée à disposer touttes choses pour l'assaut et d'aporter les eschelles au nombre de cent pour y monter apres que deux mines qui estoint prestes à jouer feroint leur effect. Les assiegés se voyant reduitz à cette extremité, demanderent à veoir les mines, promettant qu'apres ilz capituleroint; ce que leur ayant esté accordé, deux officiers sortirent du chasteau pour les visittes et y entrerent apres pour en faire leur rapport au sieur de Haumont, gouverneur, lequel demanda aussytost à capituler, ce qui a esté executté aujourd'huy sur les 3 heures apres midy à la maniere qui en suit:

Articles de la capitulation faittes aux sieurs Filoise, major, et le sieur de Talange, lieutenant, envoyés par le sieur d'Haumont, gouverneur du Chasteau Trompette.
Premierement, tant ledit sieur de Haumont que tous les autres qui sont dans le chasteau:
1. Sortiront la ville sauve avec leurs armes, tambour battant, mesche allumée pr les 2 boutz, balle en bouche et bandouliere pleine;
2. Pourront aussy tant ledit sieur de Haumont que tous les autres qui sont dans le chasteau emporter emporter leur bagage, qui consistera en leurs habitz et linges /118/ necessaires d'eux et de leur femmes, lequel bagage sera visitté pour plus grande asseurance, ensemble ameneront deux chevaux appartenant audit sieur de Haumont;
3. A esté accordé que les capitulantz sortiront dès aujourd'huy dudit chasteau et le mettront entre les mains de M. le marquis de Sauveboeuf, et pour sauf conduit il sera fourny des batteaux suffisantz pour les conduire jusques à Rion avec escorte necessaire pour leur seurté, en fournissant de part et d'autre des ostages pour l'asseurance du retour des bateaux escorte et conduitte.
Fait à Bourdeaux au camp devant le chasteau le 18 octobre 1649.

M. d'Espernon avec toutte son armée n'ayant osé aprocher la ville du costé de Greves [Graves?] ny tenter le secours dont il a si souvant menacé les Bourdelois, a fait exercer touttes les violences, ravages, pilleries, viollement, et desolation dans le Pays d'entre Deux Mers, ayant ruyné tous les vignobles et vendanges, ouvertes et laché touttes les cuves, qui estoient desja pleines, vuidé et ruyné tous les barriques et vaisseaux à vin pour les mettre hors de service, et enfin desolé toutte la campagne qu'il a tenu dans le chemin despuis Cadillac jusqu'à Lormond. Il avoit 2 pieces de campagne et faire courre le bruit qu'il venoit camper au port de la Bastide, mais il n'en a pas aproché, ayant sceu que l'on y avoit envoyé bonne garde; et l'on vient d'avoir advis qu'il s'est retiré. Du despuis on a sceu par un courrier extraordinaire que les Bourdelois ont rasé le Chasteau Trompette et qu'ensuitte ilz ont esté raser une maison apartenant à M. d'Espernon nommée Polin [Puy Paulin], et qu'apres l'armée et une partie de la bourgeoisie est allée à Cadillac pour la prendre et en faire de mesmes.

/119/  De Paris le 29 octobre 1649

Le 23 du courant au matin le president de Novion, qui presidoit dans la Chambre des vacations, y ayant fait grand bruit sur le subject des assemblées que les rentiers faisoint tous les jours à l'Hostel de Ville, et sur la requeste qu'ilz avoint presentée conre le Prevost des Marchandz, son cousin, il y eut dans ladite chambre arrest portant deffenses aux rentiers de s'assembler desormais audit hostel; mais ilz ne laisserent pas de s'y assembler encor le 25. Leur requeste feut plaidée le 26 dans ladite Chambre des vacations par le fameux advocat Bataille, qui fit veoir les profitz inmenses que les fermiers des gabelles ont fait despuis qu'ilz tiennent cette ferme, et comme c'estoit auparavant des personnes de neant. M. Crespin, doyen des conseillers, y presida parce que les rentiers avoint recusé ledit sieur president de Novion comme parent du Prevost des Marchandz, et il y eut arrest par lequel l'affaire feut apointée, dont ceux cy murmurerent fort à cause que, par ce moyen, l'affaire traisnera en longueur tant que la Cour voudra.

Le mesme jour 23 M. de Broussel, qui est aussy dans la Chambre des vacations, dit dans l'assemblée qu'il faloit adjouster aux remonstrances verbales qu'on avoit resolu de faire à Leurs M. sur les affaires de Bourdeaux et de Provence qu'il estoit necessaire de desabuser le Roy et la Royne des pernitieuses maximines qu'on leur donnoit et dans lesquelles on eslevoit Sa M., en leurs faisant entendre qu'elles ne sont point obligées de tenir parolle à leurs subjectz. Là dessus il soutient que les roys ne sont pas moings obligés de garder la parolle à leurs subjectz, que ceux cy au Roy, le serment de fidelité apres le leur avoir presté.

Le 25 les deputés du Parlement feurent au Palais Royal au nombre de 14, la pluspart Frondeurs, pour faire les remonstrances sur les affaires de Guyenne et de Provence. C'estoint entre autres le president de Novion, MM. de Broussel, Ferrand, Laisné, Loisel, Coulon, et quelques autres. On les fit entrer dans la chambre du Conseil, dont l'on ferma les portes aussytost apres, afin que personne n'entendit ce qu'ilz avoint à dire. Ce fut le president Novion qui porta la parolle, et le discours qu'il fit à la Royne feut le plus hardy qui aye encor esté fait, s'estant mesmes servy des termes que M. de Broussel avoit est[é] d'advis d'y adjouster, comme vous aves veu dans l'article precedent, et ayant soubstenu que tous les malheurs qui estoint arrivés dans l'Estat ne precedoint que de ce que on n'avoit pas tenu les parolles données aux subjectz; mais l'on remarqua que parlant des affaires de Provence, /119v/ quoy qu'il desduisit tres bien les desordres qui s'y estoint commis, neamoings il ne voulut du tout point nommer le comte d'Alais ny dire qu'il en avoit esté l'autheur, parce qu'il avoit esté prié par M. le Prince de n'en point parler. La Reyne leur fit response qu'elle prenoit leur deputation en bonne part, mais elle leur tesmoigna des grandz ressentimentz du procedé des Bourdelois, leur ayant dit que le Roy avoit tousjours envoyé à Bourdeaux des nouveaux deputtés pour donner la paix à cest province, et que quelque proposition qu'on aye peu faire aux Bourdelois, ilz les avoint tousjours rejettées, et qu'il n'avoit pas tenu au Roy qu'ilz n'eussent la paix. M. le Chancellier encherit par dessus ce que la Reyne avoit dit, ayant fort blasmé non seulement le proceddé de ceux cy, mais particulierement la hardiesse du sieur Guyonnet, leur deputté, qui est icy pour faire assembler le Parlement. Apres Sa M. leur dit qu'elle leur feroit rendre response par son conseil, qui ne l'a point encor rendue.

Le sieur Loppe, Arragonnois, mourut icy le 21. Il a laissé quantité de biens à son nepveu, qui est icy, mais il luy est deubt 900 mille livres à la Cour, sçavoir 200 mille livres par le feu Roy, 400 mille livres par la Reyne, et 300 mille livres par M. le Cardinal.

Le sieur Faber, gouverneur de Sedan, ayant esté mandé à la Cour par diverses lettres de cachet, dont la derniere portoit en termes expres qu'il ne seroit icy que 4 jours et qu'on avoit à luy donner des ordres importantz qui ne se pouvoint donner que de bouche, il fit response la semaine passée qu'il estoit important pour le service du Roy qu'il demeurat dans son gouvernement, parce que les ennemis rodoint fort aux environs et qu'il avoit subject de craindre qu'ilz n'y eussent quelque intelligence, et que d'ailleurs il estoit indisposé.

L'on remarque que M. le Cardinal est despuis quelque temps dans une plus grande deffiance que jamais, sur un advis qu'il a eu qu'il y avoit des conspirations contre sa personne, dont on accuse le marquis de Noirmonstier et le baron de Laigue, qu'on dit en avoir fait mesmes la proposition à M. le Prince lors qu'il estoit en different avec S.E.; mais comme ce sont des choses dans lesquelles il faut supposer qu'ilz doibvent avoir gardé le secret, l'on n'en peut parler que comme d'ung bruit de ville. Cepandant S.E. est parfaittement bien gardée dans le Palais Royal, dont elle n'a point sorty il y a plus de cinq semaines. D'autres bruitz ont couru ces jours passés qui seroint à remarquer si on y adjoustoit foy, mais on n'y veoit point encor aucune aparence de verité. L'on disoit que M. le Cardinal estant encore en resolution de faire le mariage de sa niepce /120/ avec le duc de Mercoeur, a proposé à M. le Prince qu'on luy donneroit l'admirauté s'il y vouloit consentir et ceder à ce duc la charge de grand maistre de la maison du roy; et qu'on treuveroit moyen de donner à M. de Longueville la charge de colonel des Suisses qu'il avoit demandé estant à Munster, dont on recompenseroit le mareschal de Schomber en luy donnant la lieutenance du gouvernement de Languedoch, en donnant celuy de Bretagne à M. le duc d'Orleans. Par mesme moyen l'on parloit aussy de donner au comte d'Harcourt le gouvernement de Guyenne au lieu de celuy d'Alsace, qu'on donneroit au duc d'Espernon; et d'autres vouloint qu'on deut donner a ce duc le gouvernement de Metz, Toul, et Verdun qu'il a eu cy devant. Tous ces bruitz proceddent de ce que les Bourdelois estant resolus de faire oster à M. d'Espernon le gouvernement de Guyenne, il feut proposé au Conseil de changer tous les gouverneurs des provinces afin de mettre à couvert l'authorité royalle.

Le mareschal de l'Hospital ayant traitté avec le duc de Montbason du gouvernement de Paris seul, moyenant 100 mille livres, ce duc s'estant reservé celuy de l'Isle de France, ce traitté a est[é] admis à la Cour. Le mareschal d'Estrées en avoit traitté auparavant, mais on dit qu'on ne l'a point voulu recevoir à la Cour à cause qu'il estoit suspect aux Parisiens.

Le 26 arriva icy un courrier envoyé par les Cathalans à leur ambassadeur pour demander un prompt secours d'hommes et d'argent, à cause que l'armée d'Espagne, qui est de 13 à 14 mille hommes, s'est advancée par terre jusques à 5 lieues de Barcelonne, ayant pris en passant les fortz de Constantin et Sallo, qui mettoint la Catalougne à couvert des courses de la garnison de Terragonne [Tarragona], dont leur armée navalle estoit partie fort de 19 galleres et 23 vaisseaux qui tendoint droit à Barcelonne. Sur cela l'on a envoyé d'icy le 27 un courrier à M. de Marchin avec 80 mille livres et 3 ou 4 commis de l'Espargne partirent en mesme temps pour aller recevoir à Narbonne 200 mille livres qu'ilz luy doibvent envoyer aussytost, ayant pris des lettres de change pour cest effect; à quoy l'on adjouste qu'on a aussy envoyé ordre au comte d'Alais d'envoyer promptement touttes ses troupes en Catalougne et de s'en revenir icy. On asseure tousjours que le duc de Mercoeur doibt aller en qualité de viceroy.

On a parlé tous ces jours passés au Conseil de faire un nouveau surintendant de finances, mais on n'en est pas encor demeuré d'acord. M. d'Hemery estoit le premier qui avoit esté proposé, mais il feut resolu dès le 25 qu'il ne seroit point rappellé à cause que le peuple commenceoit desja d'en gronder, /120v/ et mesmes l'on avoit fait courir certains billietz seditieux sur ce subject. Despuis l'on avoit proposé le marquis de la Vieuville; mais le partisans s'estantz assemblés le 26 ches le sieur de Launay Gravey, resoleurent de tout quitter si on luy mettoit ceste charge entre les mains, ne voulans point avoir à faire avec luy. L'on a encor proposé de donner ceste charge au president de Maison, mais M. d'Avaux pretend qu'elle luy apartient et qu'on ne la peut pas donner à un autre à son exclusion.

Le mareschal de Schomberg partit d'icy le 27 pour aller en son gouvernement de Metz, Toul, et Verdun.

Le comte d'Harcour, ayant obtenu son congé, est attendu icy demain. L'armée de Flandre ne fait rien non plus que celle des ennemis, et l'on attend qu'ilz se mettent en quartier d'hyver pour en faire de mesmes. Les Allemans on[t] pillé le bagage du comte d'Harcour et continuent leurs desordres à leurs ordinaire.

L'on a esleu pour confesseur du Roy le P. Paulin, Jesuiste.

M. Le Tellier doibt aller aujourd'huy au Bois de Vincennes deslivrer le mareschal de Ransau. On asseure que la charge de surintendant des finances est donné à MM. d'Avaux et de Maisons pour l'exercer conjoinctement.

Response du Parlement de Paris à la lettre de celuy de Bourdeaux
Messieurs,
Nous avons apris un desplaisir tres sensible le continuation de vos malheurs par les lettres qui nous ont esté presentées de vostre part et par la creance de celuy de vostre Compagnie que vous aves envoyé, ce qui nous a fait resoudre d'adresser des remonstrances au Roy et la Reyne regente, lesquelles nous ferons aussytost qu'il plairra à Leurs Majestés nous donner audiance, ne pouvant manquer de vous donner ceste assistance puis que nous sommes unis avec vous au desseing commung du bien de l'Estat et la conservation de vos interestz.
 A Paris, le 24 octobre 1649                                                 
 Messieux vos bons freres et amis
 les gens tenant la cour du Parlement
 en la Chambre des vacations,
Signé, Guyet

/121/ De Bourdeaux le 21 octobre 1649

La capitulation ayant esté faitte, comme vous avez sceu, par la redition du Chateau Trompette, M. de Sauveboeuf commanda le major de son regiment pour aller escorter le sieur de Hautmon [Haumont], qui en estoit gouverneur, avec sa garnison, qui estoit de 150 hommes. Ilz feurent menés jusques à Rions par dix bateaux, lesquelz estant revenus hyer au matin, le Parlement en corps avec MM. de Sauveboeuf, Chambaret, et de Lusignan, et les principaux officiers de l'armée allerent en ordre sur les xi du matin entendre la messe à l'esglise St André, où ilz firent chanter le Te Deum par la musique de St André et celle de St Severin, qui firent merveille, ce qui feut suivy d'un descharge de toutte l'artillerie de l'armée et des grandes aclamations de "Vive le Roy et le Parlement!" L'on a trouvé dans le chasteau 40 pieces de canon de fonte, 30 de fer, 800 mousquetz, 500 quintaux de poudre, 6000 bouletz, 41 pipe de farine, quelque peu de lard, et 6 muis de vin. Il s'y est trouvé aussy 3 belle tentures de tapisserie de haute lice, des belles garnitures de lict en broderie, de la vaiselle d'argent, quelque peu d'argent monnoyé, le manteau ducal de M. d'Espernon, et beaucoup d'autres meubles qu'on estime plus de 150 mille livres.

On travaille dès hyer à desmolir le Chasteau Trompette res pied res terre du costé de la ville, et l'on a resolu d'en faire autant au Chasteau de Ha et la maison de M. d'Espernon appellé Puy Polin [Puy Paulin], scitué en ceste ville, apres quoy on ira essayer d'en faire autant à celle de Cadillac.
Hyer on fit trencher la teste en effigie aux sieurs de Pontac, Langlade, Cairac, Trichet, Tausin, de Barsac, et autres Bourdelois qui sont officiers dans l'armée de M. d'Espernon, comme pilleurs, bruleurs, et sacrileges. M. d'Espernon a esté jusques à Lormond, dont il a pris le chasteau, d'autant plus facilement qu'il n'estoit deffendu que par un homme; mais il [l']a aussytost abandonné et s'est retiré. Nostre port est remply de plus de 300 vaisseaux qui sont venus pour charger des vins et autres marchandises.

De Paris le 27 octobre

Un courrier extraordinaire arrivé avant hyer icy /121v/ a raporté que les Chasteaux Trompette et du Ha et la maison de Puy Paulin sont entierement à bas; et que l'armée des Bourdelois, apres avoir fait reveue et receu de l'argent, en estoit partie pour aller à Cadillac, le Parlement ayant donné arrest portant que le proces seroit fait à M. d'Espernon et les maisons rasées.

Consult other years:
Fronde 1648
Fronde 1649
Fronde 1650
Fronde 1651
Fronde 1652
Fronde 1653