The
Ranums'
Panat Times
Volume 1, redone Dec. 2014
Henry Pons au travail:
Deux lettres et quelques détails sur les matériaux à utiliser
pour la construction de la nouvelle église de Panat
Le dossier 4V36 des Archives départementales de l'Aveyron renferme des documents de la main de Henry Pons, architecte départemental, à propos des spécifications techniques et des matériaux préconisés pour la nouvelle église de Panat.
Il y a le Cahier des charges où Pons mentionne chaque élément: la maçonnerie brute ("les moellons seront grossièrement équarrés et disposés en assises..."), la maçonnerie de pierre de taille ("les pierres de taille seront exactement les dimensions prescites ..."), le dallage ("les dalles seront posées bien jointères [sic] et en liaison ..."), les enduits ("les enduits devront recouvrir de 0.01m les parties les plus saillantes des moellons ..."), la charpente ("le bois à employer seront des bois de chêne provenant du pays ..."), la couverture ("les ardoises seront de la meilleure qualité ...), la menuiserie ("les bois pour les menuiseries seront blanchis sur toutes les faces et assemblés à tenon et mortaise ..."), et ainsi de suite.
Il y a aussi l'Analyse des prix de règlement, où l'architecte établit le coût de chaque élément: maconnerie ("moellon rendu sur les lieux ... 3 fr, sable rendu sur les lieux, 4 fr. ... ; maçonnerie de moellon piqué, 10 fr. 10"); couverture ("... en ardoise, 5.50 le mètre); menuiserie: ("porte d'entrée, 12 fr"); serrurerie ("gros fers, le kilogramme, 0.70). Il décompose chacun des ces éléments en "sous-détails": ainsi l'estimation de la couverture prend-elle en considération la volige, les clous, les ardoises, la main d'œuvre, plus les "faux-frais" et les "bénéfices"!
Nous nous contenterons ici de citer quelques détails particulièrement révélateurs (en caractères gras) tirés de le premier de ces deux documents. Ensuite nous reproduirons deux lettres révélatrices que Pons a adressées au préfet.
Voici quelques passages tirés du Cahier des charges:
no 13: "Maçonnerie brûte: Les moëllons seront grossièrement équarrés et disposés en assises d'une hauteur variant de 0,12 à 0,18; les parements seront rejointoyés avec soin ..."
"no 18: "Charpente: Les bois à employer seront les bois de chêne provenant du pays, du sapin du nord, du peuplier et du chataigner selon les prescriptions de l'architecte. L'entrepreneur devra abattre, tailler et transporter les bois offerts par les habitants."
no 19: "Couverture: Les ardoises seront tirées des carrières des Farguettes, elles seront de la meilleure qualité, unies, lisses, d'un grain fin, d'une couleur bleuâtre, uniforme et bien taillées ..."
no 23: "Vitrerie: Les verres proviendront des meilleures fabriques de France; ils seront d'une teinte pure, sans piqures, bulles ou taches quelconques ..."
Les deux lettres de Henry Pons permettent d'imaginer ce que c'était,
ce chantier pour la nouvelle église. On allait chercher la brique à la
"station" de Nuces. Sans doute le transporteur était parfois un
paroissien de Panat qui avait "souscrit"
au projet en nature et qui montait lentement depuis Nuces avec une
charette qui débordait de briques, tirée par une paire de vaches, voire
par une paire de bœufs. On imagine la poussière qui montait le long de
la "Grande Côte," qui servaient de carrière et où peinaient les maçons
qui préparaient le moellon et les pierres à tailler. On imagine
Guillaume Lacombe de Panat qui surveille l'extraction du sable d'un
terrain qui lui appartient. On imagine d'autres hommes de Panat et des
environs -- Joseph Palayret, Louis Foulquier, Pierre Foulquier, Henri
Revel, Auguste Palous, Pierre Boudou, Jean La Droche, Louis Anglade de
Serres, Pierre Bonnefous de Roade, et le fils de la veuve Solignac de
Lacas -- qui contribuent leur sueur, ayant promis des "journées d'homme"
lors de la souscription de 1878. Finalement, on imagine la frustration
de l'entrepreneur et de l'architecte devant le sol instable du patus où
se creuse les fondations de l'église:
Lettre autographe d'Henri
Pons, au préfet de l'Aveyron: reçu par le préfet le 16 juin 1881: "Eglise
de Panat, modifications du projet primitif." Les mots soulignés sont
soulignés par un crayon rouge.
Monsieur le Préfet,
J'ai l'honneur de vous adresser les plans et devis de l'église de Panat modifiés conformément aux instructions ministérielles.
Prenant en considération les observations de la commission des Édifices diocésains, relativement à l'insuffisance de la descente, j'ai refait le mètre des parties qui n'ont pas subi des modifications et je n'y ai pas trouvé d'erreurs ou d'omissions. J'ai étudié à nouveau le sous-détail du prix de règlement et en tenant compte des conditions particulières aux quelles on pourra se procurer les matières premières; je n'ai pas cru devoir les modifier.
En effet, le moellon ordinaire se trouve sur place et sans frais d'extraction, la pierre de taille se trouve à 300 mètres du chantier au bord du chemin et à fleur de sol. Il n'y a pas de droit de carrière à payer. Il en a été extrait pour des particuliers à raison de 10 fr le mètre cube et le transport dans les même conditions a ét payé 3 fr le mètre cube.
La brique se fabrique en grande quantité et à bas pris à la station voisine de Panat. Le sable et la chaux sont très rapprochés et tout fait prévoir que l'on trouvera sur place en creusant les fondations de bon sable de carrière.
La comparaison des prix établis pour l'église de Panat avec ceux adoptés pour plusieurs églises du voisinage déjà construites montre qu'ils sont en général plus élevés. Les entrepreneurs de ces églises ont cependant consenti un rabais lors de l'adjudication et l'on peut assurer déjà qu'il en sera de même pour l'église de Panat.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l'assurance de on dévouement respectueux,
l'architecte du département,
Henry Pons
Lettre autographe d'Henri Pons, au préfet de l'Aveyron: 31 août 1884: Église de Panat, Travaux supplémentaires:
Les modifications apportées au devis primitif sur l'avis de Mr le Ministre des Cultes, ont produit dans la maçonnerie et la charpente une augmentation de 2008 fr 80.
L'examen du projet modifié et du projet primitif permet suffisamment de se rendre compte de cette augmentation.
La nature du sol sur lequel repose l'église nécessite des fondations plus profondes et plus coûteuses que celles qui étaient prévues. Le sol, formé d'une succession d'argile et de grès rouge, a dû être creusé en redents, d'où une augmentation de 1278 fr 55 pour le terrassement et les fondations sur le chiffre porté au devis. Le chiffre ajouté à celui de 2068.80 et à celui de 167.37 pour honoraires de l'architecte, donne un déficit total de 3514 fr 73.
Rodez, le 31 août 1884
l'architecte chargé de la direction des travaux,
Henri Pons
[Tampon: vu et approuvé Rodez le 17 mars 1885]
First published in 2012 as http://ranumspanat.com/pons_plans.htm