Henri-Auguste de Loménie de la Ville-aux-Clercs; Claude Mangot; Armand-Jean de Richelieu; Raymond Phélyppeaux d'Herbault; Nicolas Potier d'Ocquerre; Charles de Beauclerc
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[475] Lomenie
Henry Auguste de Lomenie seigneur de la Villauxclercs, filz d'Anthoine de Lomenye Conseiller du Roy en ses Conseilz d'Estat et privé et Secretaire d'Estat et de ses commandemens et finances de france et de Navarre et de dame Anne D'Aubourg fille de Charles daubourg chevallier seigneur de Porcheux fut de temps en temps receu aux charges du sieur de Lomenie son pere a sa survivance en recognoissance tant de ses services que ceux de son pere, (19) il commença par celle de secretaire du Cabinet du Roy, ensuitte il fut receu Conseiller secretaire du Roy maison et Couronne de france du College des vixx au membre des bourses a la survivance de son pere le 25 octobre 1612 et obtint permission le dernier May 1613 de signer conjoinctement avec luy toutes sortes d'expeditions concernans la charge de secretaire du Roy.
[475v] Le sieur de la Villauxclercs obtint ensuitte la charge de secretaire des commandemens de Navarre a la survivance de son pere dont Brevet et Lettres patentes furent expediees a Fontainebleau le x octobre 1613, il en presta le serment ez mains de Monsieur de Sillery Chancellier de France de de Navarre le 22e octobre 1613.
Le Roy luy donna une commission pour signer en finance avec gages de mil livres par chacun an par lettres du 6e janvier 1614 d'ont il presta le serment le 19 (20) decembre 1614.
En l'annee 1615 Le Roy luy accorda la survivance de la charge de secretaire d'Estat et des commandemens et finances de france de Messire Anthoine de Lomenie son pere pour lexercer et en faire la fonction en labsence [476] de son pere, le Brevet et les lettres de provision sont du x jour d'Aoust 1615, et le serment de ladicte charge presté par ledict sieur de la Villauxclercs entre les mains du Roy es du xii jour desdicts mois et an.
Par la reunion de la Couronne de Navarre a celle de france les charges du Conseil d'Estat de Navarre estans sans fonction le Roy continua audict de Lomenie pere et filz leur vie durant les appoinctemens qu'ilz avoient jusques alors touché comme secretaires d'Estat de Navarre et leur en accorda un Brevet a Chise le 29 May 1621.
Le Roy choisit le sieur de la Villauxclercs pour servir en plusieurs employs importans et l'envoya en lannée 1624 Ambassadeur extraordinaire en Angleterre ou Monsieur d'effiat estoit Amabassadeur ordinaire pour la negotiation du Mariage de Madame Marie Henriette ]476v] de france sa soeur avec Charles Roy de la grande Bretagne. L'université de Cantebridge prit a tres grand honneur qu'un personnage du merite et du sçavoir du sieur de la Villauxclercs, auquel les Langues latines, Italienne Espagnole et allemande sont familieres avec une cognoissance generalle de l'histoire tant ancienne que moderne fut aggregé à leur corps et le prierent d'avoir agreable d'estre docteur et Maistre ez arts de leur université dont ils luy baillerent lettres en forme Autenticque dattées a Cantebridge le 12e decembre 1624.
En l'année 1632 le Roy luy accorda des lettres de Conseiller d'honneur au Parlement de Paris pour avoir seance et voix deliberative comme les autres Conseillers dudict Parlement les lettlres expediees a c'est effect sont dattées a Fontainebleau au 18e Aoust 1632 registrees au Parlement le 28e jour desdictz mois et an. (21)
Le sieur de la Villauxclercs fut pourveu en l'année 16... [sic] de la charge de prevost et maistre des ceremonies des ordres de sainct Michel et milice du saint Esprit par la resignation de Francois Pot seigneur de Rodes. Il assista l'an 1619 en cette qualité a la Ceremonie qui se fit a la creation des Chevalliers du sainct Esprit, apres que l'information de la noblesse de sa maison eust esté faicte par les Chevalliers comme a cest effect sur titres et actes autentiques rapportez en l'assemblee de Chapitre du sainct Esprit tenu le 20 decembre 1619.
Il resigna cette charge au mois de juillet 1621 a Messire Charles Lomenie son Cousin Conseiller du Roy en son Conseil, et eut permission (22) nonobstant Sa resignation de porter le Cordon et la Croix desdicts ordres par declaration expediée en sa faveur le 17e [477v] Juillet 1621 par laquelle outre la permission le Roy declara qu'il vouloit qu'il jouist durant sa vie des privileges honneurs et franchises appartenans a la charge de prevost et Maistre des Ceremonies des ordres de sa Majesté nonobstant Sa resignation.
Le Roy luy accorda ensuitte des lettres de retenue en datte du ........ pour estre admis a l'ordre du sainct Esprit comme Chevalier qu'il presenta en l'année 1633 a la promotion qui fut faicte a Fontainebleau., Mais comme il n'estoit pas lors en faveur lon luy dit qu'estant secretaire d'Estat le Roy ne trouvoit pas lors apropos de ladmettre a l'ordre du sainct Esprit et quil seroit receu a la premier promotion d'ont fut dressé un acte duquel j'ay tiré coppie collationnée sur le registre du greffe de l'ordre en ces termes
[478] Est ordonné que Monsieur de la Villauxclercs a la suivante promotion jouiroit du contenu aux lettres qu'il a pleu au Roy luy octroyer.
Le (23) suject de ce refus et de la disgrace du sieur de la Villauxclercs procedoit de ce que le Cardinal de Richelieu s'estant rendu maistre absolu de L'esprit du Roy vouloit que tous ceux qui approchoient de sa personne fussent ses creatures et promissent de luy obeir sans reserve, ce que Monsieur de la Villauxclercs n'ayant jamais voulu faire ny se laisser gagner aux advantages qu'il eust peu se promettre de sa bienveillance, le Cardinal resolut de l'esloigner des affaires et luy osta une des principales fonctions de son departement qui estoit de dresser l'estat des pentions et la fit donner a Monsieur de Chavigny secretaire d'estat qui avoit le departement des affaires Estrangers, [478v] lequel dressa l'estat par son ordre puis l'envoya a Monsieur de la Villauxclercs pour le signer sans en prendre aucune connoissance ce que Monsieur de la Villauxclercs n'ayant voulu faire, Monsieur de Chavigny le signa et luy osta depuis entierement c'est employ qu'il annexa a son departement, ce refus et la resolution qu'avoit prise Monsieur de la Villauxclercs de perdre son emploi plutost que de ployer et se sousmettre ny faire aucune lascheté porterent tousjours dautant plus le Cardinal a se (24) mettre mal en l'esprit du Roy lequel estant susceptible de touttes les impressions que luy donnoient ses favoris se refroidit beaucoup de l'affection qu'il avoit eue pour Monsieur de la Villauxclercs dans la croyance que lon luy fit prendre qu'il trouvoit a redire en tout ce qu'il faisoit. Ce refroidissement du Roy et la haine du Cardinal porterent [479] Monsieur de la Villauxclercs a demender au Roy la permission de se deffaire de sa charge, ce que Monsieur le Cardinal luy fit absolument refuser afin que la posterité ne luy reprochast q'une personne qui avoit depuis trente cinq ans continué soignement (25) les services que ses ancestres avoint rendu a l'estat eust esté absolument tirée de l'employ sans autre sujet que sa Malveillance. (26)
Apres le deceds du Cardinal Monsieur de Villauxclercs voyant que la constellation malheureuse qui l'avoit persecuté continuoit encores ses influences, et que le Roy n'avoit plus pour luy le mesme visage et les mesmes demonstrations d'amitié qu'il luy avoit autresfois faict paroistre, soit qu'il eust honte d'avoir auparavant par trop lasché la bride a ses envieux, ou que les maximes du temps passé le portassent a lesloigner de la Cour.
[479v] Il demenda de nouveaux permission de se deffaire de sa charge de secretaire d'estat avec telle instance qu'enfin quoy que le Roy insistast pour l'en dissuader, il obtint permission d'en tirer recompense telle qu'il la pourroit avoir, ce que le Roy luy accorda sans limitation du prix, scachant certainement qu'ayant tousjours vescu en tres homme de bien, il n'avoit pas pris advantage de son emploi pour profiter et augmenter son bien au preiudice des particuliers comme il luy eust esté facile, s'il eust preferé les richesses a son salut et a son honneur.
Plusieurs personnes desirerent sa resignation qu'il accorda a Monsieur du Plessiz de Guenegaud apres qu'il eust esté agrée par le Roy moyennant recompense de vii c[ent] m[ille] lt et x m[ille] lt pour la chaisne, qui furent payez comptant et les provisions dudit sieur de Guenegaud expediees le ................
[480] Le Roy estant a Fontainebleau accorda le 18 jour d'aoust 1632 des lettres de Conseiller d'honneur au parlement de Paris a Monsieur de Villauxclercs lequel se fit recevoir en cette charge le 28e jour des mesmes mois et an.
Il eschangea son office de secretaire du Roy du College des vixx anciens au membre des bourses avec Maistre Nicolas Moret qui luy bailla un office de secretaire du roy du College des vixx nouveaux des finances d'ont ledit sieur de la Villauxclercs se deffit du mesme jour 20e juillet 1639 et obtint des lettres d'honneur de ladicte charge de secretaire du Roy comme ayant exercé plus que les vingt ans les lettres sont données a sainct Germain en Laye le 23 novembre 1641 registrées au grand Conseil le 4e jour de decembre suivant.
Apres que Monsieur de la Villauxclercs [480v] eust resiné sa charge de secretaire d'Estat il prit sa place dans le Conseil d'estat du jour de son Brevet de Conseiller d'Estat, et continua d'aller au parlement comme Conseiller honnoraire ainsy qu'il avoit avant qu'il se fust deffaict de sa charge.
[Cange 4591 relates this information in an elaborate manner:] Le (27) decez du Roy Louis xiiie changea les affaires de la Cour plustost par les remords de la conscience des particuliers qui avoient esté emploiez contre la Reyne qui ne pensoit qu'a s'affermir en sa regence par les moyens les plus doux et les plus facilles sans innovation. Entre ceux qui s'affaroucherent davantage furent Messieurs le Bouthillier pere et fils l'un surintendant des finances l'autre Secretaire d'Estat ayant le d'Epartement des Estrangers le plus important et le plus honorable de tous les autres departemens des secretaires d'Estat.
Le Surintendant demanda le premier d'estre deschargé du maniement des finances ce qui luy fut facillement accordé. Mr de Chavigny son fils s'imagina qu'il devoit faire le semblable et suplia la Reyne d'avoir agreable qu'il remit sa charge de secretaire d'Estat entre ses mains.
Cette proposition fut receu avec joye de la Reyne qui avoit promis a Messire Henry August de Lomenie Comte de Brienne de luy donner une charge de Secretaire d'Estat pour reconnoistre les bons services qu'il luy avoit rendus durant sa plus grande persecution du vivant du Cardinal de Richelieu et promit au sieur de Chavigny de luy en faire donner 300000lt de recompense en baillant sa demission.
Les amis de Monsieur de Chavigny ayant veu ce qu'il avoit fait ne l'aprouverent pas. Monsieur le Duc d'Orleans duquel il estoit chancelier pour quelques considerations tesmoigna pour cela ne le vouloir abandonner. Cela fit que Monsieur de Chavigny voulut se dedire et ne point bailler sa demission. Mais la parolle ayant esté donnée il ne pouvoit plus la revoquer.
La Reyne ayant desja donné la charge a Monsieur le Comte de Brienne et Monsieur fut esclarcy de tout ce qui le portoit a empescher que Monsr de Brienne ne fut receu à la charge de Secretaire d'Estat, et aussi Monsieur de Chavigny n'ut [sic] plus a contester que sur le prix et demanda 61xx m[ille] lt davantage ce qui luy fut accordé et receut la somme de 420000 lt des deniers de Monsieur de Brienne moyennant laquelle Monsieur de Chavigny bailla sa demission et Monsieur de Brienne fut de nouveau pourveu de la charge de Secretaire d'Estat et les lettres expediees le ........... presta le serment le ..............
La Reyne avoit donné la charge gratuitement mais la necessité de l'Estat en empescha l'effet, la Reyne ayant seulement promis de le rembourser des premiers deniers desquels elle le pouroit faire hors de la necessité de l'Estat et de ses affaires. (28) [end of passage from Cange] 4591]
{481] Mangot
Claude Mangot Conseiller du roy en ses Conseils et premier president en sa Cour de Parlement de Bourdeaux fut appellé au Conseil estroit du Roy (29) Par le Mareschal d'Ancre lequel ayant esloigné Pierre Brulard sieur de Puisieux de la Cour fit que le Roy commit et ordonna ledit sieur Mangot a l'exercice et fonction de la charge de secretaire d'estat de ses commandemens et finances dudit sieur de puisieux pour enjouir aux honneurs, privileges, &a, dont jouissoit ledit sieur de Puisieux et pour signer par le sieur de Villeroy a la survivence duquel ledit sieur de Puisieux estoit receu et par ledit sieur Mangot conjoinctement ou separement en sa presence ou absence l'un de l'autre toutes expeditions concernans ladite charge, mesmes celles du taillon et de la gendarmerie ainsi qu'il se pratiquoit entre ledicts sieurs de Villeroy et de Puisieux aux gages de xvii m[ille] lt comme Conseiller d'Estat le tout jusques a ce quil en eust esté autrement ordonné faire (30) toucher neantmoins aux appoinctemens du sieur de Villeroy. Par les mesmes lettres le Roy donna pouvoir au sieur Mangot de signer toutes lettres comme secretaire du Roy encores qu'il ne fust pouveu aucun office de secretaire jusques a ce que l'occasion se fust (31) offerte au Roy de le pourvoir de quelque office de secretaire, lesdictes lettres données a Paris le 9 jour d'aoust 1616 fort extraordinaires pour la forme et pour le serment que le Roy declare qu'il recevra et mande au garde des seaux du Vair de faire jouir ledit sieur Mangot de ladicte charge de secretaire d'Estat.
Le sieur de Vair ayant rendu les seaux au Roy, le Roy les donna au sieur [482] Mangot le 25 novembre 1616 et la commission de la charge de secretaire d'Estat au sieur de Richelieu Evesque de Lusson qui en eut lettres a Paris le dernier jour de novembre 1616 beaucoup plus amples que celles du sieur Mangot qui navoit esté commis que jusques a ce quil eust esté autrement ordoné ce qui n'estoit pas en l'acommodement du sieur de Richelieu.
Le Mareschal d'Ancre ayant esté tué par commandement du Roy tous ceux qui avoient esté par luy establis au Conseil furent chassez Monsieur le garde des seaux Mangot mis a la Bastille et Monsieur du Vair rappellé et nouvelle declaration en son nom le 25 avril 1617.
Le sieur Mangot deceda quelques temps apres n'ayant pas longtemps jouy de sa faveur et de ses employs les premiers de l'Estat.
[483] Richelieu
Armand Jean du Plessiz de Richelieu Evesque de Luçon Conseiller du Roy en son Conseil d'Estat et grand aumosnier de la Reyne regnante fils de ............. du plessiz seigneur de Richelieu Chevalier des ordres du Roy et grand prevost de France, fut eslevé par le Mareschal d'Ancre qui gouvernoit l'esprit de la Reyne mere et commis par sa recommendation par le Roy a l'exercice de la Charge de secretaire d'Estat de Pirre Brulard vicomte de Puisieux, apres que le sieur Mangot eust esté chargé de la garde des Seaux de france au lieu de Monsieur de Vair la commission dudit sieur de Richelieu donnée a Paris le dernier jour de Novembre 1616 est conceue en ces termes
Louis par la Grace de Dieu Roy de [483v] France et de Navarre A nostre amé et feal Conseiller d'estat grand aumosnier de la Reyne nostre tres chere et tres amée Compagne Messire Armand Jean du plessix Evesque de Luçon, Salut. Le Roy nostre tres honoré seigneur et pere ayant tesmoigné l'estime qu'il faisoit du sieur de Villeroi, Secretaire d'estat et de nos commandemens et finances a cause des services qu'il luy avoit rendus depuis cinquante ans qu'il est pourveu de ladicte charge il luy auroit permis et accordé la survivance d'icelle en faveur du sieur de Puisieux lequel s'estant par nostre commandement et pour certaines causes et considerations importantes au bien de nostre service et de nos affaires esloigné de nous et departi de l'exercice et fonction de ladicte charge, nous aurions pour le grand age dudit sieur de Villeroy que nous employons en nos plus importans affaires et pour le soulager de l'exercice [484] penible et laborieuse de ladicte charge a cause de l'estendüe d'icelle et de la multitude et diversité des expeditions et depesches ausquelles elle est incessemment sujette et pour l'assiduité qu'il est necessaire d'y rendre faict delivrer a Messire Claude Mangot sieur de Villarseau lors Conseiller en nostre Conseil d'Estat et premier president en nostre parlement de Bordeaux nostre commission pour exercer ladicte charge de secretaire d'estat de nos commandemens et finances comme il auroit faict depuis le mois d'Aoust mais ayant confié la garde des seaux audit sieur Mangot il est necessaire de commettre a la fonction de ladicte charge personne qui s'en acquitte dignement, ne pouvant faire meilleur choix que de la vostre pour la pieté, probité et integrité qui est en vous et pour l'affection que vous avez a nostre service, A ces causes nous vous avons commis et deputé [484v] a l'exercice dudit office de secretaire d'Estat et de nos commandemens et finances, ainsi qu'en a cy devant joui ledit sieur de Villeroy et particulierement pour avec luy conjoinctement ou separement en presence ou absence l'un de l'autre faire et signer touttes lettres et expeditions concernans nos affaires tant dedans que hors nostre Royaume celles de L'ordinare ou extraordinaire de la guerre et touttes les autres fonctions qui dependent de ladicte charge et office aux gages et entretenement et pentions du sieur de Villeroy dont nous voulons qu'il jouisse sans diminution et sans que pareillement autre personne puisse pretendre au titre de ladicte charge que ledit sieur de Villeroy et en l'exercice d'Icelle que luy et vous revocquans pour cest effect touttes lettres de desnomement (32) et autres qui peuvent [485] avoir esté accordees par le moyen desquelles lettres l'effect et execution de ces presentes pourroit estre empesché, et d'autant plus que vous ne pourrez signer nos lettres patentes quelques commandements que vous eussiez si vous nestiez pourveu de l'office de l'un de nos secretaires maison et Couronne de france et de nos finances, nous attendans que l'occasion soffre de vous en pourvoir de quelqu'un vous avons donné pouvoir de signer touttes lettres pattentes comme si vous estiez pourveu d'un office de nosdicts secretaires nonobstant tous Edits et ordonnances contraires, Si donnons en mandement a nostre tres cher et feal le sieur Mangot garde des seaux de France que vous duquel nous recevrons le serment en tel cas requis il fasse jouir et user &a, donné a paris le Dernier Novembre 1616 signé Louis et plus bas Par le Roy Phelipeaux.
C'est la substence de la [485v] commission du sieur de Richelieu par laquelle l'on void quel estoit son pouvoir.
Le mesme jour, les lettres furent expediees en faveur dudit sieur Evesque de Lusson par lesquelles le Roy poiur le traitter favorablement selon la dignité de son caractere episcopal luy accorda la preseance par dessus les autres secretaires d'estat tant en ses conseils qu'en tous autres lieux sans que toutesfois que cette concession peust estre tiré a consequence pour quelque autre que ce soit qui entre cy apres en pareille charge.
La fortune n'estant pas toujours esgale se joua de tout cest establissement et le renversa en un moment pour en faire apres l'intervalle de quelques années un autre plus ferme et plus solide en la personne mesme du sieur de Richelieu, lequel se servit de la disgrace [122v] dans laquelle il tomba lors pour monter au plus hault point d'honneur auquel un particulier puisse aspirer sans avoir titre souverain.
Le Mareschal d'Ancre ayant esté tué le 24 avril 1617 la face de la Cour fut toute changée, l'on donna des gardes a la Reyne mere, le Roy redemanda les seaux au sieur Mangot qui fut mis a la Bastille et les rendit au sieur du Vair, et quand a l'Evesque de Lusson il fut quitte pour faire retraitte en son Evesché apres avoir ouy des parolles aigres et facheuses de la propre bouche du Roy qui luy firent connoistre de quelle sorte il estoit en son esprit.
Baptiste le Grain en sa decade du Roy Louis xiii en dit ces mots: et quant a Monsieur de Richelieu evesque de Lusson qui se portoit premier secretaire d'Estat et en faisoit la fonction, estant a la relevée du mesme jour entré [123] en la chambre du roy sa Majesté l'advisant luy dit ces mots, Monsieur nous sommes aujourd'huy dieu mercy delivres de vostre tyrannie, apres lesquelles parolles ce fut a luy a hausser les espaules et dire a Dieu a la Cour Telle fut la fin du regne court de ce nouveau conseiller d'Estat.
Apres l'esloignement du sieur de Richelieu Evesque de Lusson les sieurs de Villeroy et de Puisieux furent restablis en la charge de secretaire d'estat pour en jouir et l'exercer comme ils faisoient auparavant les commissions des sieurs Mangot et de Richelieu. Le roy en fit expedier des lettres patentes a Paris le dernier avril 1617 qu'il envoya a la chambre des Comptes ou elles furent registrées, les sieurs Mangot et de Richelieu y estoient traittés avec un mespris extraordinaire en ces termes
Louis etc, A tous ceux qui ces presentes [123v] lettres verront Salut ayans advisé pour le bien de nostre service et la reputation de nos affaires de rappeller pres de nos personnes nos ames et feaux Conseillers en nostre Conseil d'estat Messire Nicolas de Neufville Chevalier seigneur de Villeroy secretaire de nos commandemens et finances et Pierre Brulard chevalier seigneur et vicomte de Puysieux pourveu dudit estat et charge par la demission et resignation dudit sieur de Villeroy a condition de survivance esloignes et distraicts des fonctions d'icelle commises premierement par lettres du 9 aoust 1616 a Claude Mangot et depuis par autres lettres du dernier novembre audit an a Armand Jean du Plessis surnommé de Richelieu Evesque de Lusson scavoir faisons etc. que nous avons ordonné et commandé auxdits sieurs de Villeroy et de Puisieux de prendre l'exercice de ladicte charge pour doresnavant tous deux nous y servir conjoinctement et separement a la mesme [124] condition de survivance comme ils ont cy devant faict etc. revoquant les commissions expediees auxdits Mangot et Richelieu etc. et affin que ledit sieur de Puisieux donne plus de moyen audit sieur de Villeroy de nous servir nous voulons qu'il jouisse doresnavant a commencer du premier jour de May prochain de xvii m[ille] lt d'appointement en ce compris ii m[ille] lt qu'il avoit comme conseiller d'Etat sans diminution des appointemens dudit sieur de Villeroy, si donnons etc. Donnée a Paris le dernier avril 1617.
A la presentation des lettres a la chambre des Comptes pour estre registrees Messieurs des Comptes eurent compassion du changement de la fortune des sieurs Mangot et Richelieu, et du mespris avec lequel les noms avoient esté couches en ces lettres, de la main d'un d'entreux ils firent escrire le mot de Messire devant le nom propre de [124v] chacun deux [sic] qui ny avoit point esté mis et les enregistrerent de ceste facon le 24 May 1617.
Dautant que les lettres de preseance du dessus des autres secretaires d'estat obtenues par le sieur Evesque de Lusson sous pretexte de sa dignité episcopale pouvoient servir au temps advenir a ceux de pareille dignité qui seroient receus secretaires d'estat pour pretendre semblables preseances.
Les quatre secretaires d'estat restablis obtinrent du Roy les lettres patentes par lesquelles le Roy declara que cela ne leur pouroit prejudicier a l'advenir et ny aucune autre personne sans quelque pretexte que ce fust n'obtiendroit pareille grace. Elles sont dattees a Paris le 18 aoust 1617 registrees es registres du conseil d'estat le 19 aoust 1617.
[125] Messieurs de Villeroy et de Puisieux furent ainsi restablis.
Phelypeaux
Raimond Phelippeaux sieur d'Herbault (33) conseiller du Roy en ses conseils et tresorier de son espargne fut faict secretaire d'estat le 5e jour de novembre 1621 par le deceds de Paul Phelippeaux sieur de Pontchartrain son frere.
Apres le deceds du sieur de Pontchartrain il y eut de grandes brigues pour la charge de secretaire d'estat, plusieurs personnes considerables employans leur credit pour obtenir cette charge en payant les soixante mil escus de recompense d'ont il falloit rembourser les enfans de Monsieur de Pontchartrain, celuy qui avoit la meilleure part en esperance estoit Monsieur Troncon secretaire du Cabinet dont les interests estoient portes par [125v] le pere Arnoul Jesuiste Confesseur du Roy qui en avoit faict sa propre affaire et mesme tire parolle en sa faveur de Monsieur le Connestable de Luyne, il l'eust emporté sans difficulté si Monsieur d'Herbault frere du deffunct et sieur de Pontchartrain meilleur courtisan que Monsieur Tronson et le Pere Arnoul n'eust employé les puissances ausquelles personne ne resiste a la Cour, il alla trouver le sieur Monsigot secretaire de Monsieur le Connestable et offrit de payer comptant a Monsieur le Connestable soixante mil escus outre les soixante mil escus qu'il baileroit aux heritiers de son frere, s'il le faisoit recevoir secretaire d'Estat.
L'offre ayant esté receu et l'argent paye il feut fort plausible de presenter le frere du deffunct au Roy, lequel estant agree les provisions furent expediees en sa faveur et en presta le serment entre les mains du Roy le ........
[126] Le Pere Arnoul se picqua si fort de ce que Monsieur Troncon n'avoit esté faict secretaire d'estat comme l'on luy avoit promis qu'il s'emporta a dire beaucoup de choses contre Monsieur le Connestable et la Cour qui furent ensuitte cause de son esloignement.
Raymond Phelipeaux sieur d'Herbault secretaire d'estat estant a la suitte du roy a Suze en l'année ......... tomba malade et deceda le ...........
Louis Phelipeaux sieur de la Vrilliere son second fils fut receu en sa charge a Privas le ..................
Potier
............... Potier sieur d'Ocquerre fut pourveu de la charge de secretaire d'estat par la resignation de .................... sieur de Gesvre le 15 jour d'octobre 1622.
Monsieur Bouthillier secretaire des commandemens de la Reyne mere fut faict secretaire d'estat en son lieu.
Messieurs d'Oquerre eurent ii c[ent] L m[ille] lt de recompense de Monsieur Bouthillier et c[ent] m[ille] lt que la Reyne donna.
Le sieur d'Ocquerre decedda la .....................
Beauclerc
L............. Le Beauclerc fut pourveu de la charge de secretaire d'estat le 5 febvrier 1624 au lieu de Pierre Brulard vicomte de Puisieux qui avoit esté disgracié.
Le sieur de Puisieux ne voulu jamais recevoir de recompense laquelle l'on luy [127] offrit avec beaucoup d'instance pour avoir sa resignation dans lesperance qu'il avoit que sa faveur venant a changer comme il avoit desja experimenté il rentreroit en sa charge, Mais estant decedé en l'annee .......... la charge fut absolument perdu pour sa famille sans acucune recompense.
Le sieur le Beauclerc decedda l'an ................. en son lieu, ................. Servien fut pourveu de la charge de secretaire d'estat.
Le Roy avoit faict choix du sieur de Flexcelles pour le pourvoir de cette charge, qui l'en avoit remercié, avoit aussi fait son compliment a Monsieur le Cardinal de Richelieu lequel avoit eu peine de faire perseverer le roi en son choix pour ce qu'au petit coucher l'on avoit joué, Monsieur de Flexcelles et faict quelque [sic] chansons de luy que le Roy avoit luy mesme chantees. [127v] Le sieur de Flexcelles estant comme assuré de la charge de secretaire d'estat s'advisa de faire un acte de reconnoissance des obligations qu'il avoit a la maison de Monsieur le Chancellier de Sillery (34) auquel il devoit sa fortune, et alla trouver Monsieur le Cardinal et luy dit qu'il le supplioit de n'avoir pas desagreable qu'il ne fust pas meconnoissant envers Monsieur de Puisieux en la charge duquel il estoit receu sans luy donner recompense et qu'il luy permist de luy faire trouver bon, Monsieur le Cardinal jugeant par cette pensée que Monsieur de Flexcelles estoit plus attaché a la faveur passée qu'a la sienne, fit semblant de trouver qu'il avoit raison de ne vouloir rien faire qui peust estre mal pris de Monsieur de Puisieux et comme s'il se fust ressouvenu de quelque chose dont il eust perdu la memoire il luy dit qu'il l'advertissoit de ne plus penser a la charge de secretaire d'estat et que [128] le Roy avoit changé de volonté a son esgard et qu'il ne vouloit plus qu'il en fust pourveu et le renvoya de la sorte, puis ayant changé d'advis Monsieur le Cardinal et ceux du conseil chercherent entre tous ceux qui estoient dans les charges qui pourroit exercer la charge de secretaire d'estat. Monsieur de Chasteauneuf nomma Monsieur Servien auquel on ne songeoit point auparavant et qui en fust ainsi pourveu.
Notes
19. The italicized words are not in CCC 136.
20. CCC 136 reads 29, but Ms. Fr. 18236 reads very clearly 19.
21. This passage, and others set in this sans-serif font, come from Cangé 4591 and have been inserted in the text according to chronology.
22. The italicized words are not in CCC 136.
23. In Cange 4591, the four paragraphs that precede this note were replaced with the following: Ayant servy depuis l'année 1622 en la charge de Secretaire du Roy Maison et Couronne de France Il permuta cette charge avec Monsieur Nicolas Moret le 20e juillet 1639 qui luy bailla un office de secretaire du Roy des 120 de nouvelle creation dont il se defit en mesme temps et obtint du Roy des lettres d'honneur pour joüir des privileges accordez a ceux qui sont pourveus de la dite charge comme ayant servy plus de vingt années. les lettres sont dattées a St Germain en Laye le 23e novembre 1641 registrées au grand Conseil le 4e decembre ensuivant.
Estant necessaire que quelqu'un des Secretaires d'Estat demeurast a Paris pour signer les expeditions d'Estat des finances et autres concernans les affaires publiques qui seroient resolües au Conseil que le Roy laissoit pres de Monsieur le Prince de Condé et de Monsieur le Chancelier pendant son voyage de Languedoc et les datter du lieu auquel le Roy seroit, sa Majesté donna commission au sieur de la Villeauxclercs de signer les dites expeditions et en fist expedier et sceller des lettres données à St Germain en Laye le 26e Janvier 1642 [fol. 132v-133].
24. CCC 136 was corrected to read Le.
25. Instead of soignement, CCC 136 reads si dignement.
26. Cange 4591 relates this same information in an elaborate manner: Le Cardinal de Richelieu s'estant depuis longtemps rendu Me de l'esprit du Roy voulut que tous ceux qui aprochoient sa personne fussent ses creatures ou luy eussent promis une obeissance aveugle. Il tascha de s'obliger le sieur de la Villeauxclercs lequel estant bien esloigné de ses maximes ne jugea pas en conscience et avec honneur pouvoir estre lié qu'avec son Roy auquel il devoit toute fidellité et ne voulu jamais se laisser aller aux avantages qu'il eust pû se promettre de la bienveillance du Cardinal Lequel voyant que luy seul ne se vouloit entierement soûmettre a ses volontés resolut de l'esloigner des affaires et le mettre mal en l'esprit du Roy susceptible des impressions que ses favoris luy donnoient sous pretexte qu'il n'aprouvoit pas aveuglement tout ce qui se faisoit sous le nom de sa Majesté et y trouvoit a reidre et refroidit l'esprit du Roy envers luy sans que neantmoins on luy fist aucune proposition pour l'obliger a se deffaire de sa charge, au contraire sa vertu estoit en une telle veneration et respect que non obstant toutes ses froideurs qui sont les compagnes de la haine, jamais quelque instance que le sieur de la Villeauclercs peût faire le Cardinal ne luy voulut faire permission de se deffaire de sa charge en la fonction de laquelle il demeura jusqu'a son deceds.
Le Cardinal jaloux d'honneur ne voulu pas tomber dans le blasme dont la posterité eut pû le flestrir s'il eut esté cause que le sr de la Villeauclerc eut quitté un employ dans lequel il avoit depuis tant d'années continué les services de ses ancestres si dignement envers l'Estat.
27. In Cange 4591 (fol. 128) one finds the passage shown in brackets.
28. This passage was also included at the end of Cange 4591, in a form scarcely different from that of the older manuscripts. The sums of money in above version differ from those at the end of Ms. 4591, and from those in CCC 136.
Above all, Cange 4591 includes two versions of this text, one before the material on Lomenie, and another at the end of the manuscript. (The text is to be found at the end of both Ms. Fr. 18236 and CCC 136.) It is interesting to note that the version at the beginning of Cange 4591 starts much like fol. 142 of Ms. Fr. 18236, but the remainder of the text is elaborated upon slightly and some facts (principally monetary sums) are changed. On the other hand, the version at the end of Cange 4591 is very close to the one in CCC 136, most variants involving omissions of words, modernization of style, and so forth. That said, a few sentences in Ms. Fr. 18236 differ from those in the other two manuscripts.
29. The italicized words are not in CCC 136.
30. Ms. Fr. 18236 reads faire, but CCC 136 reads sans.
31. The italicized words are not in CCC 136.
32. CCC 136 reads survivance.
33. The italicized words are omitted from Ms. Fr. 18236 but present in CCC 136.
34. The name seems to be Silloie in 18236, but CCC 136 reads clearly Sillery.