Panat in postcardThe Ranums'

Panat Times

Volume 1, redone Dec. 2014

Contents

Volume 1

Panat

Orest's Pages

Patricia's Musings

Marc-Antoine

Charpentier

Musical Rhetoric

Transcribed Sources


 

Beaumarchais' Death Inventory, edited by Donald Spinelli

Reviewed in 1997

Des 236 pages de l'inventaire après décès de Caron de Beaumarchais éditées par Donald C. Spinelli (Honoré Champion, l997) exactement 110 sont consacrées aux affaires financières embrouillées de l'auteur du Mariage de Figaro. Caron était un fonçeur de tous les côtés—un vrai amateur-aventurier-esthète de type fréquent au dix-huitième siècle. La publication de sa fameuse édition des oeuvres de Voltaire dans les beaux caractères Baskerville (importés d'Angleterre pour être moulés à Paris et expédiés à Kehl pour imprimer l'édition de Voltaire en pays étranger afin d'éviter la censure!) et son trafic d'armes avec les rebelles américains, ont laissé beaucoup à faire à ses exécuteurs testamentaires et à ses notaires après sa disparition le 29 floréal an VII (l8 mai l799).

Sur une des nombreuses listes de créditeurs se trouvent son ami Pierre Samuel Dupont de Nemours, fils d'horloger comme Caron lui-même, et que malgré tout ce que celui-là invente de physiocracie à l'Assemblée Nationale, et celui-ci de fantaisie sur le thème de l'amour au théâtre, ne perdent nullement le flair pour la technologie de pointe de leur temps. L'un comme l'autre avaient appris de pères horlogers l'exigeant art de faire les montres—art auquel ils renonceront bien sür, comme des jeunes révolté contre leurs parents, mais cette formation artisanale a laissé en eux une attitude entreprenante et progressiste, sinon au moins détendue devant la technologie. Comment garder unis le goût pour la littérature, de la musique, de la cour, et la recherche d'une fortune? Gagner de l'argent en imprimant un auteur de grand renom n'est qu'un aspect de l'affaire; il a fallu aussi trouver des caractères Baskerville, c'est à dire la recherche des caractères plus masculins, voire romain, que ceux de la France, qui accorde avec les moeurs républicaines. Quant à Dupont, la fabrication des poudres se faisait en Amérique avec la recherche d'une puissance explosive de plus en plus forte dans une usine installée dans un lieu idyllique du Delaware.

La belle maison que Beaumarchais a fait construire sur un terrain d'environ 7,500 m2 près de la Bastille n'existe plus. Elle n'était nullement typique. Un important atelier de fonte de caractères l'alliait à une résidence de prestige avec bureaux et jardin. Oui, le constructeur avait prévu qu'un certain bosquet dans son jardin serait pour son tombeau, et ceci dans Paris. Ses cendres ont été déplacées pour construire le canal St. Martin. Celles de Dupont et de ses richissimes descendants reposent toujours sur leurs terres, non pas loin des premiers moulins à poudre.

D'un goût tout particulier,mais s'accordant parfaitement avec le moment historique, la disposition des pièces et le mobilier indiquent comment Beaumarchais avait crée une vie raffinée, et presque tout à fait réservée pour les siens et ses amis. Il n'y a pas des grands espaces d'accueil de prestige, les immenses treppenhausen de réception à l'italienne tant à la mode à Paris du temps des Bourbons. Il y avait une salle de billard, et une cave contenant l25 bouteilles de vin rouge de Bourgogne, l06 bouteilles de vin vieux blanc d'alican, 25 bouteilles de Juranson [sic] 28 de rhum, l0 demie bouteilles de vin de paille, cinq de Malvoisie de Madère, 40 de Malaga et 86 de vin de Lunel, 42 de Madère, 28 de vins inconnus, l2 bouteilles de vin de rota, cinq de la Côte, l25 bouteilles de Barsac, et 300 bouteilles de gros verre vide.

La bibliothèque est impressionnante par la quantité des livres et leur petit format. C'est une sorte de bibliothèque-bijou oû son principal lecteur a sans doute cherché de préférence les in l2o et 8o et dans les éditions les plus récentes. L'auteur-imprimeur-fondeur de caractères qu'est Beaumarchais ne semble pas avoir été piqué par la passion du collectionneur des vieux beaux livres. A côté des oeuvres d'Homère se trouvent celles de Pope, de Rousseau, les Mémoires de Sully, l'Histoire ancienne de Rollin. Il y a du Shaftsbury, La Bruyère, Congreve, le Traité des Superstitions de Jean-Baptiste Thiers, du Regnard, du Shakspeare [sic], du Malebranche, la Phisique [sic] de Regnault, et bien entendu, enfin, un gros livre, l‘Enyclopédie de Diderot, mais en quelle édition et en quel format? L'ordre des livres sur les rayons ne semble pas évident. Peut-être leur propriétaire n'avait pas de programme pour les ranger? Bien entendu, il a fallu que le notaire Lemoine fasse appel à un expert pour estimer le prix des livres, et tout le matériel d'imprimerie.

Le grand secrétaire à cylindre en ‘bois roze et en bois de rapport a fleurs orné aux quatre coins de figures de femme avec balustrade et autres riches ornemens de cuivre doré dor moulu' (actuellement chez les Rothschild de Waddesdon Manor) fut estimé à l500 livres. Daté de l779 il aurait été fait par Riesener pour le prix de 85 000 livres. Sic transit gloria mundi.

Le deffunt avait un modèle de la cathédrale de Strasbourg en argent haut de 54 centimètres, y compris le clocher, deux pistolets, deux vieux fusils, l9 paires de draps de maître, 6 de drap de chef, quinze douzaines de serviettes et dix sept nappes de toile damassé. A côté des 28 chemises en parties usées se trouvent dix bonnets de coton, dix paires de vieux chaussons,. huit paires de bas-dont quatre en fil de coton et quatre autres de soie. Les 6 mouchoirs, les 2 vielles paires de souliers, et les deux paires de pantouffles, les deux rasoirs, n'étonnent pas, sauf, si on considère ce qui manque. D. Roche, dans son beau livre, la Culture des Apparences (Paris, Fayard, l989) a déjà remarqué l'absence relative des sous-vêtements dans les inventaires du XVIIIe siècle, une confirmation de sa thèse de ce qui ne se voyait pas ne comptait pas dans le vêtement au dix-huitième siècle. Mais les domestiques ont-ils fait les rayons et tiroirs avant le notaire? La tradition de prendre mais de ne pas prendre tout, a dû subsister, (comme le recours au notaire!) en dépit de la Révolution. L'absence de beaux costumes de cour est peut-être la conséquence du climat ambigu envers les signes extérieurs de richesse, et Beaumarchais ne semble pas avoir été attiré par la mode extravagante du mouvement Incroyable!

Il est émouvant de passer quelques moments intimes avec Beaumarchais. Il est désormais possible de le faire gràce au professionalisme de ses notaires, et au travail de l'éditeur de l'inventaire, M. Spinelli.