Panat in postcardThe Ranums'

Panat Times

Volume 1, redone Dec. 2014

Contents

Volume 1

Panat

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Marc-Antoine

Charpentier

Musical Rhetoric

Transcribed Sources


 

L'Affaire de l'Issalinie

L'Issalinie veut quitter la paroisse de Panat pour faire partie de celle de Balsac

En 1842 l'abbé Amans Besse, curé de Panat, parle d'une menace qui risque de compromettre l'avenir de la paroisse. Si on ne donne pas raison à Panat dans l'Affaire de Calzins, "Les habitans de L'Issalinie, qui forment le groupe le plus considérable après Panat, ... demanderont d'être mis de la paroisse de Balsac, dont ils ne sont éloignés que par un espace d'un parcours plus facile." (1)

À en juger du Livre de la paroisse, la menace gronde, mais les habitants de l'Issalinie ne militent pas en faveur d'une telle scission.

Ce n'est pas dire que tous les habitants de l'Issalinie soient contents de leur sort. Certains trouvent Clairvaux trop éloigné et préféreraient se tourner vers Balsac. En 1865 ils font même des démarches auprès du préfet, dans l'espoir de quitter la commune de Clairvaux et de former une nouvelle commune avec Balsac:

"Les habitants de la section de Balzac et quelques habitants du village de l'Issalinie, qui fait partie de la section de Panat, ont formé une demande tendant à ce que les territoires de la section et du village dont il s'agit, ... soient distraits de la commune de Clairvaux, dont ils font partie actuellement, pour être érigés en commune distincte, dont le chef-lieu serait fixé à Balzac.

"Ils exposent:

1o Que la distance qui les sépare de leur chef-lieu actuel varie, our les divers groupes de maisons et habitations isolées de la section, entre 6 et 10 kilomètres, et qu'ils ne peuvent y aboutir que par des chemins très difficiles en été et presque impraticables en hiver;

2o Que Clairvaux est situé dans une vallée, à 300 mètres au-dessous de la section de Balzac, qui est placée sur le plateau, tout-à-fait à l'extrémité du territoire de la municipalité, e qui rend très pénibles aux habitants de cette section leurs relations avec leur chef-lieu; ..."

Comme pour l'Affaire de Calzins des années 1840, tout tourne sur l'argent. Clairvaux regarde d'un œil noir la perte des revenues que lui apportent l'Issalinie.

Les habitants de l'Issalinie, quelle position prenaient-ils?

"Jusqu'ici, dit le rapport soumis au préfet, les habitants de ce village, composé de six feux, s'étaient unanimement prononcés contre leur annexation à la nouvelle commune [Balsac], et ce n'est que hier que nous avons reçu une pétition dans laquelle, changeant tout-à-coup d'opinion sur cette question, trois d'entre eux demandent à en faire partie."

Compte tenu que "le plus grand nombre de ses habitants s'y opposent," la préfecture décide que l'Issalinie fait partie de la section de Panat, non pas de celle de Balsac. Balsac deviendra une nouvelle commune, mais la préfecture insiste que que "le village de l'Issalinie continue à faire partie de l'ancienne commune." (2)

Quinze ans plus tard, un nouveau curé de Panat, l'abbé Cayron, se rend compte que, par une erreur administrative, une des maisons de l'Issalinie — "Issalinie-Haute" — a été attribuée à la paroisse de Balsac. Autrement dit, depuis des années la paroisse de Panat perd des revenues!

Les curés de Balsac et de Panat, motivés sans doute par des considérations pécuniaires, se disputent bientôt cette maison. Dans la joute, le curé Panat emporte, comme se prédécesseur avait fait jadis pour Calzins.

Voici la joute verbale, préservée dans le Livre de la paroisse de Panat:

Parmi les villages compris dans la démarcation de la paroisse de Panat se trouve L'Issalinie, mais de ce village plusieurs maisons étaient désignées sous le nom de Issalinie-Basse. Une seule maison était appellée Issalinie-Haute. Elle avait été occupée par Sabatier Amyéric et Verdier Prospère. Cette maison avait été attribuée par Mgr Lalande [lire: Delalle] à la paroisse de Balzac, tandis que Issalinie-Basse était à Panat. Mais cette maison Sabatier, aujourd'hui Verdier, a été reconstruite par ce dernier et changée même de place, tellement que se trouvant primitivement au midi d'un chemin qui servait de délimitation de la paroisse, elle a été placée au nord de ce chemin. C'est ce que constatent les hommes qui ont eu connaissance des lieux il y a 30 à 40 ans. Il est vrai que ce chemin a été aboli et reculé d'environ 30 à 40 mètres au nord de la maison actuelle; ce qui était patus a été clôturé et sert de jardin.

Monseigneur Bourret ayant ordonné de faire dresser des cartes comprenant le territoire de chaque paroisse, la commission chargée de l'examen de ces cartes avait attribué à Panat, comme c'était son droit, tout le village de L'Issalinie, même L'Issalinie-Haute, attendu que par suite de sa nouvelle construction, elle se trouvait sur le territoire de Panat. Que d'ailleurs on ne comprenait pas que cette maison, la plus rapprochée parmi celles de L'Issalinie de Panat, pût être excepté, que de plus la paroisse de Panat n'était pas trop grande.

Une première lettre adressée à Monsieur le curé de Panat au nom de Mgr s'exprime ainsi:

"Mgr s'étant fait rendre compte du différent qui existe entre Panat et Balzac au sujet de L'Issalinie, à décidé non seulement que la partie qui a appartenu jusqu'ici à Panat continuerait à être à cette paroisse, mais que même la maison désignée sous le nom d' "Issalinie-Haute" lui appartiendrait désormais." (Cette lettre porte la date du 27 avril 1878.)

Une seconde lettre est adressée au vicaire forain par M. Truel, vicaire général, datée du 14 janvier 1879, pour avoir à notifier la diocèse de la commission à MM. les curés de Balzac et de Panat. Voici comment elle s'exprime:

"La commission pour l'examen des cartes paroissiales vient de décider que L'Issalinie-Haute, qui avait été attribuée à la paroisse de Balzac, ayant été construite sur le territoire de L'Issalinie-Basse, qui relève de Panat, doit appartenir à la paroisse de Panat."

Des protestations ayant surgi de la part de M. le curé de Balzac, ou même des habitants de cette maison, la commission a été appelée à un nouvel examen qui a confirmé la première décision.

Sur ce, l'autorité diocésaine par une lettre de M. Truel, vicaire général, datée du 27 décembre 1880, adressée à M. le vicaire forain de Valady pour être communiquée à MM. les curés de Panat et de Balzac, notifie la décision définitive que voici:

"La commission des cartes paroissiales a soumis à un nouvel examen la question dont il est parlé dans la lettre précédante et à maintenu sa première décision. Il est évident que c'est une affaire définitivement réglée. Voudriez-vous, je vous prie, en donner connaissance aux intéressés." Signé Truel, v. g.

Un peu à l'écart de L'Issalinie, c'est-à-dire au couchant de ce village, il a été construite une maison ou une maîtrise il y a environ cinquante ans [vers 1830] par le sieur Palou, aujourd'hui Raux, mais elle a toujours été considérée de Panat, à qui elle a appartenue."

Hélas, la victoire de Panat est passagère. En 1890, "sur les réclamations de la famille Verdier de L'Issalinie, l'autorité diocésaine revenant sur les décisions prises [en] 1879 et 1880, qui attribuaient à Panat cette maison Verdier, ainsi qu'il est dit à la page 66 et suivant, vient de nouveau de l'attribuer à Balzac ainsi que le signifiait une lettre de M. Tournemire."

 

(Source: Livre de la paroisse de Panat, pp. 66-68, 77.)

Notes:

1. Livre de la paroisse de Panat, p. 30.

2. Rapports de M. le Préfet ... et Procès-verbaux, 1865, pp. 145-47, 282-83. Digitalisations disponsibles grâce à Gallica.fr, en cherchant (par Google) les mots "rapports" "conseil general" et "Aveyron." Cela devra aboutir à la page suivante: http://gallica.bnf.fr/Search?ArianeWireIndex=index&p=1&lang=EN&q=rapports+conseil+general+aveyron).

 

First published in Volume 1 with the URL http://ranumspanat.com/issalinie.htm