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1846 Le quinze mai de cette année à été terminé le nouveau cimetière, commencé l'année dernière, sur une partie de l'emplacement de l'ancien, dont les murs trop peu élevés croulaient de temps en temps, étant dominés par le terrain. Le même jour pour nous conformer au man[de]ment de Mgr l'évêque [Pierre Giraud] en date du 20 mars 1838, portant "qu'il sera réservé dans chaque cimetière un emplacement séparé pour les enfants morts sans baptême et pour tous ceux aux quels selon les Saints Canons et la discipline du diocèse, la sépulture ecclésiastique doit être refusée," nous avons destiné à cette fin le terrain qui est au fond du cimetière, le quel nous avons marqué par deux bornes plantées l'une du côté du nord et l'autre du côté du midi, à une distance [45] de deux mètres de la muraille qui est au fond du cimetière.
L'an 1846, et le vingtième jour du mois de mai, Monseigneur Jean-François Croizier [lire: Crozier], évêque de Rodez, accompagné de M.M. Grimal et Caubel, vicaires généraux et de M. Laussié, secrétaire particulier, et de plusieurs autres prêtres, est arrivé de Balsac à Panat à cinq heures du soir pour faire la visite pastorale de cette paroisse. Sa Grandeur a visité, en arrivant, le cimetière, puis elle est entrée dans le lieu saint; après y avoir fait la prière, il l'a parcouru dans tous les sens et en a examiné attentivement toutes les parties. Elle a ensuite examiné dans le plus grand détail les chapelles, les autels, les rétables, les pierres sacrées, les fonts-baptismaux, le confessional, la chaire, les lampes, le lutrin, les bannières; puis le prélat est entré dans la sacristie où il s'est fait représenter les vases sacrés, le reliquaire, les croix, et les encensoirs, tous les ornements et linges de l'église, les livres de chant et les missels, et tout ce qui est nécessaire au culte divin. Il a examiné tous les objets en détail, et ayant trouvé que le ciboire était trop petit, il a engagé les fidèles de Panat à s'en procurer un autre qui fut d'une plus grande dimension.
Sa Grandeur a ensuite adressé la parole aux fidèles, les a loués de leur zèle pour la restauration du cimetière et la décoration de leur église, les a engagé à sanctifier leurs travaux en les faisant en vue de Dieu et de la récompense qu'il a promise à ses fidèles serviteurs, à s'approcher souvent, avec des saintes dispositions, du sacrement de l'Eucharistie qui est un gage de la vie éternelle, et à vivre entièrement avec tout le monde [46] dans une parfaite union. Enfin, Mgr a donné sa bénédiction, et après avoir récité un De profundis pour les morts, il est sorti de l'église et est entré dans le presbytère, qu'il a aussi visité et trouvé dans un assez bon état.
1846 D'après la demande que je lui avais faite, Madame veuve d'Adhémar (1) a fit don à l'église pour la chapelle de ste Anne d'un tabernacle en forme d'urne, de quatre chandeliers en bronze et de quatre bouquets sous globe.
1847 J'ai renouvelé le ciboire et l'ostensoir qui étaient petits. Ceux que j'ai achetés coûtent ensemble quatre cents francs, la quelle somme a été payée soit par celle de cent dix sept francs provenant de l'ancien ostensoir et de l'ancien ciboire, soit par le moyen d'une quête que j'avais faite et qui a produit soixante cinq francs, et le restant a été soldé par la fabrique.
1850 Madame veuve Aubriot, née Batut, dont il a été parlé plus haut, est décédée à Calzins le neuf octobre de cette année, et a été inhumée à Panat, au gré de sa fille et de son gendre, M. Cabrol, et malgé l'opposition de M. Fabre, ancien vicaire de Clairvaux et présentement curé de cette paroisse.
1851 J'ai fait confectionner une bannière double représentant d'un côté st Julien martyr, patron de la paroisse, et de l'autre ste Anne. (2) Les deux tableaux ont été confectionnés par M. Delmas et ont coûté ensemble cinquante francs; la draperie a été confectionné par M. Durant, marchand d'ornemens [47] à Rodez, et a coûté deux cents cinquante francs.
1852 La croix en bois qui avait été érigée sur la place de Panat en 1827 par mon prédécesseur, Mr Chauchard, a été renversé par un coup de vent le cinq novembre. Elle a été remplacé par une croix en fer, que j'ai baptizé Croix de St-Julien et qui a coûté cent soixante francs. (3) L'érection de cette croix a eu lieu à la suite d'une retraite qui a commencé le treize février 1853, premier dimanche de Carême, et a fini le premier mars, fête de l'Ange gardien. Cette retraite a été donnée par Mr l'abbé Delsol, prêtre retiré à Rodez, ancien supérieur du séminaire de Carcassonne, et a été suivie avec la plus grande exactitude par les habitans de Panat, et plusieurs personnes des paroisses environnantes. Le premier mars a eu lieu la communion générale, cérémonie bien attendrissante pour mon cœur où je voyais à la sainte table deux pères de famille avancés en âge, qui n'avaient pas encore fait leur première communion, et bien d'autres que leur négligence ou leurs mauvaises habitudes en tenaient éloignés depuis plus de trente ans.
Après la Messe, nous nous sommes rendus en procession au cimetière en chantant le De profundis, entrecoupé d'un chant, d'un cantique sur le purgatoire; et après avoir fait l'absoute, nous avons porté la croix de fer qui avait été placée au milieu du chemin, en chantant le Vexilla regis et des cantiques sur le triomphe de la Croix.
Arrivés sur la place, la croix a été déposée sur [48] deux bancs, et Monsieur le prédicateur de la retraite a adressé aux assistans une allocution sur les leçons que nous donne Jésus Christ crucifié. Après, j'ai fait la bénédiction de cette croix, qui a été baisée par tout le monde, et j'ai annoncé que Mgr [Jean François Croizier, évêque de Rodez] accordait quarante jours d'indulgence à tous ceux qui réciteraient devant elle un Pater et un Ave.
Notes
1. Il s'agit de Sidonie d'Adhémar de Panat, qui avait épousé son cousin, Édouard-Joseph-Simon d'Adhémar de Cransac, mort en octobre 1845. Ce don serait donc un mémorial à un époux récemment disparu.
2. La sacristie de l'église de Panat renferme deux bannières de la sorte: une est fatiguée et a des "draperies"; et l'autre est en meilleur état et sans de véritables "draperies."
3. C'est-à-dire que la croix en bois a été renversée en 1852 et la nouvelle croix n'a été érigée qu'en février 1853. Vers 1965 la croix a été déplacée et se trouve maintenant dans le bas du village, sur le réservoir de l'abreuvoir.