Nommé curé de Panat en avril 1836, Amans Besse, "natif de Rodez," a
entamé, en 1837, le Livre de la paroisse de Panat. Sa première
pensée était l'histoire du village, à commencer par la description
suivante:
"L'église de Panat, située dans le canton de Marcillac,
arrondissement de Rodez, est fort ancienne, et sa fondation date de plus
de huit cents ans," écrivait Monsieur le comte d'Adhémar en 1808 à
[Guillaume Baltasard Cousin de Grainville] l'évêque de Cahors. Il y a
apparence qu'elle était primitivement une chapelle du château, et que
plus tard on l'a allongée pour en faire une église paroissiale.
Cette paroisse à la quelle était autrefois réuni le village de Fijaguet, comme il conte par la tradition orale et par la dîme qu'y prélevaient jadis les curés de Panat, se compose aujourd'hui (1837) des villages et hameaux suivants: Panat, L'issalinie, Serres, La Rivière, Montfranc, Calzins, Le Bac, La Frégière, La Bouriote, Roade, Lacas, Las Porros, La Neirague, Les Truels.
Il y avait autrefois un autre hameau appelé La Roucairie, situé sur la plaine d'Auribal tout près du bois, dont il n'existe plus de traces.
Le château de Panat, adossée [à] l'église, couronne le sommet d'un monticule isolé qui s'élève du fond de la vallée et ne tient au massif de la montagne que par une étroite langue de terre. Le village est bâti en amphitéâtre sur un des versans et regarde Cassagnes, situé sur le coteau opposé.
C'est en vain qu'on chercherait à Panat le château féodal, dont les anciens titres et la tradition disent la force et la grandeur, qui fut si long-temps peuplé de chevaliers et dont les maîtres n'avaient point leurs pareils en puissance à plusieurs lieues à la ronde. Des remaniemens successifs et multipliés en ont fait un château moderne, sans intérêt pour l'art ni pour l'histoire. Il ne reste de l'ancien édifice que quelques pans de murailles, de tronçons de tours et une petite maison byzantine remarquable pour l'archivolte natée de sa porte en plein ceintre, le cordon finement sculpté qui règne au dessus des fenêtres et les [cor]dons fantastiques des croisées. Dès 1567 le manoir primitif [le château] était fort délabré, car le sénéchal de Rouergue rendit cette année une ordonnance au sujet des impositions qu'il convenait de faire pour le réparer. Il y a tout lieu de croire que les principales modifications eurent lieu sous les premiers seigneurs de la maison d'Adhémar.
De tout temps les propriétaires du château de Panat ont répandu leurs bienfaits sur l'église de Panat. Entr'autres, ils ont fait confectionner (en 1783) les deux autels de Notre Dame et de Sainte Anne, lui ont fait don d'un bénitier en marbre, de vases sacrés et d'une rente annuelle de cent francs, sans compter deux fondations pour messes à perpétuité, l'une de cent francs et l'autre de cinquante.
Jusqu'à l'époque de la révolution de 1792, l'église de Panat fut desservie par des curés à la congrue, (1) qui étaient à la nomination du chapitre cathédral de Rodez. Après avoir été érigée en succursale (2) le premier messidor an XI (20 juin 1803) par ordonnance de Mgr l'évêque de Cahors, à la quelle se trouve jointe la note suivante: "Le territoire de cette succursale comprend l'ancienne paroisse et le village de Serres, désuni de Valady." Elle fut supprimée en 1808 avec bien d'autres dans le diocèse et réintégrée au mois d'octobre 1820."
(Source: Livre de la paroisse de Panat, pp. 1-3)
Notes:
1. Le congru était "la somme que les gros décimateurs sont
obligez de fournir ou de suppléer aux curés qui n'ont pas assez de
revenu pour desservir leurs cures," Dictionnaire de l'Académie
française, 1694.
2. "Succursale: une église qui sert d'aide à une paroisse: Ce n'est pas une Paroisse, ce n'est qu'une Église succursale," Dictionnaire de l'Académie française, 1762.