Panat in postcardThe Ranums'

Panat Times

Volume 1, redone Dec. 2014

Contents

Volume 1

Panat

Orest's Pages

Patricia's Musings

Marc-Antoine

Charpentier

Musical Rhetoric

Transcribed Sources


 

La vieille église de Panat

Depuis 1843, les textes qui mentionnent la vieille église de Panat insistent sur le mauvais état du bâtiment. Ils insistent aussi sur son antiquité: "L'église de Panat, située dans le canton de Marcillac, arrondissement de Rodez, est fort ancienne, et sa fondation date de plus de huit cents ans," écrivait Monsieur le comte d'Adhémar en 1808 ... Il y a apparence qu'elle était primitivement une chapelle du château, et que plus tard on l'a allongée pour en faire une église paroissiale" (Livre de la paroisse, p. 1).

Les remarques les plus révélatrices que nous avons trouvées jusqu'ici datent des années 1840 à 1860, quand Amans Besse était curé. Lors d'une visite pastorale à Panat en mai 1846, le personnel de l'évêché a noté: "L'église de Panat est assez régulière, longue, étroite, décente, ayant deux chapelles; le maître autel est bien décoré. Le presbytère est un peu éloigné de l'église."

L'abbé Besse, dans sa correspondance avec la préfecture en 1866 et 1867, a brossé un tout autre tableau: "L'église est très ancienne, les murs sont lézardés, et la toiture menace ruine"; "le couvert de l'église a besoin d'être refait en entier, ... ce couvert, tel qu'il est, rend l'église irrégulière parce qu'il est trop bas d'un mètre et qu'il masque l'arceau qui sépare la nef du sanctuaire."

Révélatrice aussi est une phrase tirée du procès-verbal des débats de la fabrique, octobre 1878: "l'église se trouve dans un état déplorable, la nef irrégulière, écrasée, et demandant à ce que la toiture soit reconstruite ainsi que les murs latéraux, le clocher dégradé, la sacristie tout à fait insuffisante ne mesurant qu'une surface que quatre mètres carrés."

L'intérieur de l'église, pendant les années 1880

Deux photos prises par le comte de Panat vers la fin des années 1880 (elles font partie de la collection de la Société des Lettres, Rodez) confirment la justesse des affirmations ci-dessus.

Le chœur de l'église

Penchons-nous d'abord sur la photo du chœur de l'église. (1)

Au fond, derrière une balustrade en fer fonte qui sépare le sanctuaire de la nef, on voit la voûte d'ogive qui abrite le maître-autel. On voit aussi le plafond disgracieux qui masque le sommet du grand arceau.

L'autel est en bois, galbé et orné d'un bas-relief, aussi en bois (l'Agneau paschal sur les rayons d'une gloire). L'abbé Besse fait allusion à cet autel: en 1839, il a "remplacé le tombeau [c'est-à-dire, le piédestal sur lequel repose la table de l'autel] du maître-autel qui était vieux et construit à la romaine, par un autre à la grecque" (Livre de la paroisse. p.20). Le rétable de l'autel est plus ancien: il existait déjà en 1827 quand l'abbé Chauchard, curé de Panat, a "fait redorer le rétable du maître-autel et celui de la chapelle du Rosaire" (Livre de la paroisse, p.18). Tout en haut on distingue un Saint Esprit entouré d'anges et, peut-être, un Dieu le Père. On peut identifier le sujet de la peinture centrale du rétable: la Crucifixion.

Or, derrière ce rétable large et haut se cache une ouverture ronde, large d'environ un mètre, semblable à celle qu’on voit au-dessus du maître-autel de l’église de Marcillac. Vers 1715, quand les Adhémar ont construit des pièces entre le château et le clocher, cette ouverture a été bouchée. On la voit néanmoins dans la "chambre rouge" au premier étage du château; elle est située à environ 30 cm. au-dessus du plancher de la piece. Autrement dit, jusqu’en 1715, la lumière du jour tombait doucement d’en haut sur le maître-autel.

Dans cette photo prise un peu après 1885, nous voyons non seulement ce maître-autel dans sa totalité, nous voyons aussi la nappe dentelée et les bouquets sous globe qui typiquement décoraient un autel. Autrement dit, les paroissiens n'ont pas tout à fait abandonné la vieille église: ils viennent s'y recueillir, et ils entretiennent ce lieu de dévotion qu'on a officiellement abandonnée.

On constate que la fabrique a fait enlever une bonne partie des dalles (pour les réutiliser pour le sol de la nouvelle église?). Parties aussi sont les chaises que l'abbé Chauchard avait offertes vers 1827 (Livre de la paroisse, p. 18). Elles meublent maintenant, sans doute, la nouvelle église. Pour remplacer ces sièges, les fidèles ont eu recours à de vieilles poutres!

À droite, un peu avant la balustrade en fer, on aperçoit la chapelle de Sainte Anne, elle aussi située sous une voûte d'ogive. Elle est bien éclairée par une fenêtre qui donne sur la vallée. À en juger par la photo, la descente de cette voûte est ornée de quelques colonnettes gothiques, fin XVe siècle, d'un travail assez fin. Le rétable en bois de l'autel de Sainte Anne juxtapose ces colonnettes bien plus anciennes. On sait que les Adhémar de Panat ont offert l'autel en 1783 (Livre de la paroisse, p. 2). De toute apparence, cette chapelle abrite une statue en bois de sainte Anne datant du XVe siècle.

À gauche, la photo ne montre pas le départ d'un arceau en ogive, mais la chapelle est probablement voûtée, elle aussi. En revanche, on discerne bien les volutes de l'autel en bois de la chapelle dite du Rosaire ou de la Vierge. Cet autel a été offert à l'église en 1783 par les Adhémar de Panat (Livre de la paroisse, p. 2). À l'entrée de cette chapelle, la chaire est suspendu au mur, sous son abat-voix. (On voit à peine la chaire, à cause d'une grande tache blanche causée par la dégradation de la plaque photographique.) Comment le curé monte-t-il en chaire? Par une échelle? Par une petite escalier située dans la chapelle? L'object en bois qui ressemble à une échelle n'est pas une échelle. C'est vraisemblablement une espèce de porte-bougies analogue au meuble qu'une inventaire de la nouvelle église appellera un "étagère pour expositions, en bois."

Ensemble, ces deux chapelles forment une sorte de transept. Pour la nouvelle église, Henry Pons, architecte, prendra pour modèle cette disposition des espaces chère aux paroissiens. C'est à dire qu'à gauche du maître-autel les paroissiens avaient l'habitude de voir la chapelle de la Vierge et du Rosaire, et à droite la chapelle de Sainte Anne. Dans la vieille église, et aussi dans la nouvelle, la balustrade qui démarque le sanctuaire s'étend entre les deux pilliers qui soutiennent la voûte du sanctuaire. (Dans la nouvelle église la chaire se trouve dans le sanctuaire, qui est nettement plus profond que dans la vieille église.)

C'est sans doute par un petite porte au fond de la chapelle de Notre Dame et du Rosaire que le curé accède à la "sacristie tout à fait insuffisante ne mesurant qu'une surface que quatre mètres carrés."

La nef de l'église

Pour prendre cette photo le comte d'Adhémar a placé son appareil photographique dans la croisée du transept, juste derrière la grille en fer fonte qui sépare la nef et le sanctuaire. (Au premier plan on voit la partie supérieure de cette grille.) Dans cette photo on ne voit pas les deux chapelles: elles se trouvent légèrement derrière le photographe, l'une à sa droite et l'autre à sa gauche.

Ici aussi on constate l'irrégularité du plafond. On note aussi les traces d'humidité sur les murs, particulièrement au fond et à droite: quand il pleut, l'eau coule le long du mur.
Immédiatement à droite de la balustrade, est la chaire et son abat-voix; aucune échelle ni escalier n'est visible. Sur les murs on aperçoit (et dans l'autre photo aussi) quelques éléments d'un chemin de croix bien modeste, des estampes dans de cadres en bois très simples. (2)

Dans le mur à gauche, deux ou peut-être trois fenêtres donnent sur la vallée. On en distingue deux dans la photo: elles se trouvent à chaque côté du rideau qui protège des bannières de procession. Dans le mur à droite, sous les stations de la croix, il y a une petite fenêtre romane; elle est rendue invisible par le jour qui entre. Dans la photo cette fenêtre projette des rayons de soleil sur le mur d'en face, entre les deux stations de la croix.

Au fond et au-dessus de la porte, il y a un tableau: une mise au tombeau? Le grand tabernacle à droite de la porte n'est pas un confessionnel: il s'agit plutôt des fonts-baptismaux, une cuve en pierre surmonté d'une construction en bois. (Les visiteurs au château du vivant de Louis d'Adhémar de Panat se rappelleront d'avoir contemplé cette cuve que son grand-père avait fait traîner au château et qui se trouvait maintenant dans un creux, le grand poids de la cuve ayant provoqué un tassement du sol.) (3)

Dans les deux photos les murs sont couverts d'un enduit blanchâtre qui donne un aspect assez moderne à l'ensemble. Il n'en était rien! Sous cet enduit que l'humidité faisait tomber ici et là, Louis d'Adhémar a trouvé, vers 1943, des fresques. Il n'a pu sauver qu'un visage qu'il gardait dans une petite boite et qu'il montrait aux visiteurs. Le visage a été photographié en 1954 par Louis Balsan. (4)

Circa 1963: une découverte dans le sanctuaire

Lentement l'église se ruinait. Après la chute des fresques, le toiture de la nef s'est effondré; puis les parties supérieures des murs de la nef sont tombés. Quand nous sommes venus à Panat pour la première fois en 1959, on ne voyait plus qu'un amas de poutres et de pierres, et la nature qui commençait à envahir les ruines. Une partie de l'église subsistait toutefois: le clocher — et, en-dessous, l'ancien sanctuaire et le maitre-autel et rétable en bois. Craignant que la pluie ne fasse pourrir cet ensemble, Louis d'Adhémar de Panat a solicité l'aide d'Orest Ranum pendant l'été de 1963, pour enlever les éléments de l'autel et les mettre à sec.

On peut imaginer leur étonnement quand ils ont trouvé, derrière l'autel et le rétable en bois, une niche datant de la fin du XVe siècle. Dans la niche était un torse de saint Jean Baptiste tenant un agneau. On l'y avait vraisemblablement fourré au XVIIIe siècle, quand les d'Adhémar ont offert à la petite église des autels dans le goût du jour. Peu après cette découverte, Louis Balsan est venu photographier la niche. (La photo fait partie de la collection qu'il a laissée à la Société des Lettres.)

Cette niche est située directement sous de l’ouverture ronde qu'on a bouchée au XVIIIe siècle et dont nous avons parlé plus haut. Autrement dit, après les modifications faites au XVe siècle, il y avait, dans le sanctuaire de l’église, un maître-autel; une grande et belle niche en ogive au-dessus; une petite niche (aumbrie) en ogive à droite de l'autel où on enfermait les ustensiles pour l'Eucharistie; et, plus haut dans le mur, une grande ouverture ronde qui éclairait l'autel.

Cette découverte permet de comprendre pourquoi — dans un endroit qui au premier abord semble se trouver à extérieur de l'église — les promeneurs peuvent contempler un arceau en ogive presqu'enfoui.  C'est que le mur où se trouve cet arceau faisait jadis partie de la chapelle de la Vierge et du Rosaire. Autrement dit, derrière l'autel baroque dans cette chapelle il y avait une niche gothique. Et on peut supposer qu'il y avait une niche analogue dans la chapelle Sainte Anne.

 

L'extérieur de l'église

Dès son arrivée à Rodez en 1871, Mgr Bourrat a ordonné de "faire dresser des cartes comprenant le territoire de chaque paroisse." Celle de la paroisse de Panat a été terminée avant 1880. (5) Cette carte montre Panat à vol d'oiseau. Elle comporte aussi une représentation de l'élévation de l'église et du château .

Malheureusement, aucune des deux images n'est tout à fait digne de confiance. Les maisons qui entourent l'église et le château ont peu de rapport à la disposition réelle des bâtiments. Quant au dessin qui montre l'élévation du côté de la vallér, les fenêtres du château évoquent les vrai fenêtres mais sans les représenter avec exactitude. Les fenêtres de l'église semblent être, elles aussi, plutôt schématiques. À titre d'exemple, le dessin ne montre que deux ouvertures en haut du clocher: en réalité il y en a trois (une est bouchée). De la même manière, le dessin omet la fenêtre dans la partie inférieure du clocher. Et ainsi de suite ....

Le dessin nous renseigne toutefois sur la chapelle Sainte Anne, supprimée vers la fin des années 1880, pour élargir le chemin qui passait sous l'église. Curieusement, la couverture de la chapelle descend vers la droite (indiqué en rouge). Curieusement aussi, dans le mur extérieur de cette chapelle, le dessin montre une petite fenêtre très basse, presqu'au niveau du sol. On va bientôt repérer l'emplacement de cette chapelle et estimer ses dimensions.

On note aussi que la porte d'entrée de l'église était précédée d'une petite porche. (La vue à vol d'oiseau montre une petite protrubérance.) Cette porche n'était sûrement pas fermée: dans la photo prise un peu après 1885, la lumière du jour pénètre dans l'église par une petite espace sous la porte d'entrée.

Voilà à peu près tout ce qu'on peut inférer par l'étude de ce dessin si schématique. Mais si le dessin nous laisse sur notre faim, une promenade autour de l'église ruinée apaise tant soit peu cette faim.

Une promenade autour de l'église

I. Commençons par le clocher. Il est de style roman (les ouvertures sont arrondis en haut). Le dessin fait pour Mgr Bourret montre bien ces ouvertures romanes; en revanche, il omet la fenêtre romane au niveau du premier étage du château. Ce clocher abritait deux cloches, l'une installée et bénie en 1813, l'autre en 1837. Dans les années 1880 on les a descendues, les a trainées au site de la nouvelle église, et les a hissées au sommet du clocher. Elles y sont toujours.

Le clocher daterait de l'époque romane. Dans son cœur il y a toutefois une chapelle voûté en ogive qui est bien postérieure au clocher lui-même. Autrement dit, au XVe siècle des maçons ont vidé la partie inférieure du clocher et y ont construit une voûte gothique. L'intérieur de l'église a été ainsi embelli, et en même temps on a consolidé le clocher.

II. En faisant quelques pas vers la gauche, on se trouve devant un haut mur. Au premier abord, ce mur semble avoir été construit tout d'un trait. Mais si on regarde plus attentivement — et si on compare cette élévation avec le dessin fait pour Mgr Bourret — on se rend compte que la chapelle Sainte Anne n'est plus là. En effet, avant 1890 la chapelle a été démolie, pour élargir le chemin et permettre aux voitures à roue de monter plus haut dans le village.

Le trou béant a été assez soigneusement bouché, mais les ouvriers ont employé ici et là un type de pierre qu'on ne trouve pas ailleurs dans le bâtiment: la pierre meulière (rouge).  On y aperçoit aussi un morceau de pierre sculpté (vert) qui proviendrait des nervures de la chapelle.

Pour calculer les dimensions approximatives de la chapelle Sainte Anne, il suffit de tracer deux courbes qui partent du sommet de la voûte en ogive (bleu). (Oui, une partie de la voûte subsiste tout en haut du mur!) Puis, avec un crayon rouge imaginaire, il faut tracer des courbes qui descendent à droite et la gauche, et qui embrassent toutes les pierres meulières. Voilà la chapelle: elle était large d'environ 4 mètres. Et, pour abriter un autel d'un largeur d'au moins 2 mètres 50, cette chapelle a dû faire saillie d'au moins 3 mètres. On comprend la décision des habitants de supprimer la chapelle. Si on voulait remplacer les vieilles marches et faire un chemin carrossable, cette démolition s'imposait. L'espace entre la chapelle et la maison juste en dessous — la maison Garrigou-Delaure-Gérard — était bien trop étroit pour laisser passer un char à bœufs, voire une voiture à chevaux.  Il est probable que la fenêtre rectangulaire dans ce mur refait, faisait primitivement partie de la chapelle Sainte Anne.  

III. Quelques mètres plus loin, et allant toujours à gauche, on se trouve face à une ligne verticale où les pierres ne s'emboîtent point. Non seulement cela, mais les deux parties du mur ne suivent pas une ligne droite.

Il s'agit, sûrement, de "l'allongement" dont parlent nos sources: "plus tard on l'a allongée pour en faire une église paroissiale."

"Plus tard." Mais quand? À en juger par les fenêtres, ce pan de mur aurait été monté auXVe siècle et comportait une petite fenêtre en ogive et, plus haut, un seconde fenêtre qui, par l'appui de fenêtre, est vraisemblablement gothique elle aussi. Autrement dit, cette tranche du mur serait plus ou moins le contemporain des chapelles en ogive.

Le positionnement des deux fenêtres étonne toutefois. Superposées comme elles sont, elles n’ont de sens dans une structure ecclésiastique que s’il y avait une tribune avec, en bas, la petite fenêtre pour éclairer le coin de l’église et, en haut, la fenêtre plus grande pour éclairer la tribune. Une très petite tribune, pour une bien petite église! Cela étonne, mais ce n’est pas impossible. Ou bien ces fenêtres avaient-elles primitivement une utilisation non-ecclésiastique? Dans ce cas-là, nous nous trouverions devant soit la réutilisation de deux fenêtres pour embellir l’église, soit la réutilisation postérieure d’une maison existante.

IV. On tourne ensuite à droite, et on se trouve devant la façade de l’église. La porte d’entrée aurait été construite avant les années 1550. (Nous avons trouvé sur Internet une porte semblable où se trouve une date: "MCLVII," c’est-à-dire, 1557.)

Si on se fie au dessin fait pour Mgr Bourret, on avait attaché à ce mur une porche: et effectivement, à droite de la porte, et seulement deux rangées de pierres au-dessus du linteau, on voit un carré qui est maintenant bouché avec deux petites pierres non cimentées. Un trou de scellement? Six rangées plus bas, quelques pierres dépassent: des points d’appui pour la porche? À gauche, en revanche, on chercherait en vain un trou similaire ou des pierres qui dépassent: le mur semble avoir été refait. 

Le pan de mur dans lequel se trouve la porte fait partie intégrante de l'allongement: les coins qui s'emboitent le proclament éloquemment. Ce n'est pas le cas pour la portion du mur à gauche de la porte. La façade s'appuie, sans s'emboiter, contre ce qui, au premier regard, semble être une colonne de pierres. (Si on tourne au coin du bâtiment, on voit que le mur est en effet quasiment indépendant de la façade.) Tout cela a l'air d'avoir été fait un peu à l'improviste.

Ce mur, avec sa porte d’entrée, était le "mur pignon" de l’église. Comme on voit par la photo de l’intérieur de la nef, la porte était surmontée d’une fenêtre verticale dont le linteau avait la forme d’un arceau d’ogive inversé. C’est-à-dire, le linteau avait deux petits demi-ronds séparés par une pointe qui pend vers le bas. Bref, la fenêtre était plus ou moins la contemporaine des deux petites fenêtres qui donnent sur la vallée.

Avant de continuer, notons la dénivellation du sol le long de la façade. À partir de la façade, le chemin monte fortement jusqu'à la porte-cochère du château. Cette pente, c'est une création d'environ 1890, quand on a construit un chemin carrossable.

V. Contournant le coin de la façade et se dirigeant vers le château, on se trouve devant le mur qui est quasiment indépendant de la façade.Une bonne partie de ce mur ayant disparu et les proportions primitives étant masquées par le remblai des cantonniers, il est difficile d'imaginer à quoi ressemblait ce côté de l'église. En effet, la totalité de cet "allongement" de l’église primitive mérite d’être étudié par les historiens de l’architecture et des archéologues. On peut affirmer, toutefois, que la partie gauche de cette élévation date de l'époque romane, et que cette élévation a été modifiée au XVe siècle, et encore au XIXe.

VI. Regardons de plus près un amalgame hétéroclite de pierres et de briques situé juste à gauche de la barrière en bois. Selon Louis d'Adhémar, il y avait là une petite fenêtre romane — celle qui est projetée sur le mur dans la photo de l'intérieur de la nef. Après la chute du toit, M. d'Adhémar a fait fermer le sanctuaire par un mur en pierre. Pour décorer la petite porte qu'on faisait dans ce mur, il a pris l'arceau roman de cette fenêtre pour servir de linteau. Le maçon a bouché le trou avec des tuiles de construction!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VII. Quelques mètres à gauche, on voit une ligne blanche verticale: c'est l'enduit blanc qu'on voit dans les photos de l'intérieur de l'église. L'enduit blanc qui cachait des fresques romanes. Si on regarde soigneusement, on voit que cette tracée blanche marque le contour d'une voûte: la voûte en ogive de la chapelle de la Vierge et du Rosaire (tracée en rouge).

Cet arceau est large d'environ 3 mètres 60. À cause du remblai, il est impossible d'estimer la hauteur de la voûte. On peut, en revanche, proposer que cette chapelle avait à peu près les dimensions de la chapelle Sainte Anne, et qu'elle aussi faisait une saillie d'au moins 3 mètres. À quoi il faut ajouter la petite sacristie. Autrement dit, la chapelle de la Vierge et du Rosaire gênait sérieusement l'accès au château. Quand il était question de construire un chemin carrossable, on a donc démolie cette chapelle, tout comme on a démolie la chapelle Sainte Anne. Avec des pierres provenant de la démolition, on a bouché le trou béant. (Nous n'y avons pas repéré des pierres meulières.)

VIII. En bas et juste à gauche de ce grand arceau bouché, on voit la partie supérieur d'un arceau d'ogive (en rouge). Enfoui dans plus d'un mètre de remblai se cache une niche gothique! Une niche analogue à celle du sanctuaire, mais sans doute plus petite.

IX. Un dernier indice qui permet de concevoir l'aspect extérieur de la vieille église. Si on lève les yeux vers le clocher, on voit la ligne du toit: pour la nef, le toit descendait doucement; mais pour la chapelle de la Vierge et du Rosaire, il est presque plat. Bref, la pente du toit couverture de cette chapelle était similaire à celle de la chapelle Sainte Anne, mais — à l’inverse de la chapelle Sainte Anne — le toit était plus haut du côté du clocher.

Notes:

1. Sur le dos de ce tirage d'époque, Louis d'Adhémar de Panat a écrit: "L'ancienne église St. Julien de Panat avant que le chœur ait été fermé par un mur élevé sur l'emplacement de la table de communion. On voit en haut et à droite de l'arc royal que le mur ouest du clocher était déjà lézardé. À droite, chapelle Ste Anne. À gauche, chapelle St Blaise." Cette attribution à saint Blaise semble contredit par les nombreuses allusions dans le Livre de la paroisse à une chapelle dédiée à la Vierge et au Saint Rosaire. D'ailleurs ce manuscrit ne parle point d'une dévotion à saint Blaise.

2. Ce serait le "chemin de croix composé de 14 tableaux sur papier cadre bois uni surmonté d'une petite croix" mentionné dans un inventaire pris en 1906. Tout se passe comme si, avant la confection de cet inventaire par les autorités civiles, les paroissiens ont enlevé le chemin de croix "splendid" qu'on avait béni en 1886 et ont suspendu à leur place ces gravures qui pendaient toujours dans la vieille église.

3. C'était sans doute pour recréer ce genre de fonts-baptismaux, que la famille Causse de Serres a donné à la nouvelle église "une armoire petite en chêne" et l'a posé sur la cuve fixée dans le mur. Cet amalgam assez curieux s'y trouve toujours. Visite de Mgr Bourret, 1894: "Fonts baptismaux: en bois, forme de tabernacle; il est dans une niche au fond du côté droit de l'église"; inventaire de 1906: "Fonds baptismaux sur socle fixé au mur au-dessus une armoire petite en chêne sculpté fermant à clef, réclamée par M. Causse Sylvain de Serres."

4. Collections de la Sociéte des Lettres, Rodez, numéro 14253. Cette peinture est mentionnée dans Robert Mesuret, Les peintures murales du Sud-Ouest de la France ... (Paris: Picard, 1967), p. 50: "L'ancienne église paroissiale conserve sur le mur N. des traces de figures. De cette composition ou peut-être des chapelle latérales, démolies après 1880, provient un visage de style roman qui semble appartenir au XIIIe siècle (coll. de M. le Come d'Adhémar de Panat)."

5. Livre de la paroisse, p. 66.

 

A noter: Nous présentons séparémant le dossier sur la vente de l’église aux d’Adhémar.

 

First published as http://ranumspanat.com/old_church.htm