Panat in postcardThe Ranums'

Panat Times

Volume 1, redone Dec. 2014

Contents

Volume 1

Panat

Orest's Pages

Patricia's Musings

Marc-Antoine

Charpentier

Musical Rhetoric

Transcribed Sources


 

Prélude:

L'abbé Amans Besse implore le secours des autorités civiles
 afin de réparer la vieille église de Panat (1843-1867)

Le dossier 4V36 aux Archives départementales de l'Aveyron renferme des lettres où le curé de Panat demande le secours des autoritiés civiles, pour réparer la vieille église paroissiale. Les appels quasiment désesperés d'Amans Besse préfigurent les frustrations de son successeur, Émile Cayron à partir d'environ 1878, quand ce dernier tente d'amasser les fonds nécessaires pour la construction d'une nouvelle église.

1843: La collection commence par une lettre adressée au duc de Nemours, fils du roi Louis-Philippe.
Panat, le 16 janvier 1843

À Son Altesse Royale le Duc de Nemours
Monseigneur,
     Les bienfaits sans nombre que vous ne cessez de prodiguer à ceux qui implorent votre générosité, les secours de tout genre que votre charité éclairée se plaît à répandre sur les diverses paroisses de la France qui implorent votre assistance, m'engagent à recourir à votre bienveillance en faveur de la pauvre église de Panat dont je suis le desservant.
     Cette église située dans le canton de Marcillac, arrondissement de Rodez, département de l'Aveiron, est dépourvu de linge et de vases sacrés; la toiture de ce bâtiment menace ruine. Les paroissiens au nombre de deux cents quatre-vingts, malgré leur bonne volonté, sont dans l'impossibilité de fournir aux besoins et aux réparations de leur église. Ils sollicitent avec confiance de Votre Altesse, par mon organe, une subvention afin que le culte religieux puisse être célébré dans leur église avec décence et sûreté,
     Je suis avec respect,
de Votre Altesse Royale
le très humble et fidèle sujet,
     Besse, curé

En marge Hippolyte de Monseignat, député de l'Aveyron, a noté: "La détresse de l'église de Panat est bien réelle. Je prends la respectueuse liberté de recommender cette malheureuse paroisse à toute la charité de Son Altesse Royale Monseigneur le duc de Nemours. Janvier 1843, Monseignat, député de l'Aveyron."

Plusieurs années auparavant, Besse avait fait un appel analogue à la reine. Il note dans le Livre de la paroisse (p. 21): "L'an mil huit cents trente neuf, et le neuf de novembre, sa Majesté [Maria Amalia, épouse de Louis-Philippe] la reine des Français a bien voulu faire don à l'église de Panat de la somme de cent francs, à la recommendation de M. [Jean Pierre] Merlin, député, qui avait présenté notre supplique."

1844: La lettre suivante est de la main du docteur L. Cabrol, maire de Clairvaux, avec qui Besse est entré en conflit en 1842 à propos de Calzins.

Clairvaux, le 5 mars 1844
Monsieur le Préfet
     Le conseil de fabrique de Panat m'ayant exposé l'urgence de la réparation d'une partie du toit de leur église et l'insuffisance des moyens pour subvenir à cette dépense, qui s'élève, d'après le devis, à la somme de quatre cents francs, et pour laquelle réparation la susdite fabrique a voté deux cents francs, j'ai assemblé le conseil municipal et seize des plus fort contribuables de Panat et on a été généralement d'avis que la susdite paroisse de Panat soit autorisée à s'imposer extraordinairement pour l'exercice de 1844 la somme de cent francs, le peu d'aisance des habitans de cette section n'ayant pas permis de porter plus haut cette imposition. Je vous supplie en conséquence, Monsieur le Préfet, de vouloir bien approuver cette imposition indispensable et allouer sur les fonds votés par le conseil général pour les communes pauvres la somme de cent francs nécessaire pour parfaire le devis.
     Je suis avec une haute considération votre très humble et obéissant serviteur
Cabrol, maire

1857: Cette lettre de Besse fait allusion à un état d'esprit chez les conseillers municipaux dont Mgr Bourret, évêque de Rodez, allait se plaindre deux décennies plus tard:

Panat, le 2 janvier 1857
Monsieur le Préfet
     Le desservant de la paroisse de Panat, canton de Marcillac, à l'honneur de vous exposer que le presbytère qu'il occupe est inhabitable, faute de quelques réparations urgentes. Une partie du toit, qui était couvert de terre sur laquelle on avait superposé des ardoises, s'est affaissé et laisse pénétrer la pluie dans l'intérieur; par suite le plancher qui est en dessous a été complètement détérioré; la porte-cochère et les fenêtres qui existent de temps immémorial sont vermoulues et ont besoin d'être renouvellées. Des personnes de l'art qui ont été consultées ont porté à trois cents un francs la réparation à faire.
     Monsieur le Maire [L. Cabrol], à qui je me suis adressé pour obtenir des fonds pour cette réparation indispensable, m'a dit que la commune était hors d'état de pouvoir s'imposer extraordinairement à cet effet, vu que cette année et l'année dernière elle avait été complètement privée de la récolte en vin qui est la principale, et qu'il avait obligé de demander pour cela une exonération des impositions. Je reconnais, Monsieur le Préfet, que sa réponse est fondée. D'un autre côté, ma paroisse, qui a été atteinte cette année de la fièvre typhoïde, est pauvre, peu populeuse, et peut à peine fournir le nécessaire aux besoins de l'église.
     Dans cette fâcheuse position, mes regards se sont tournés vers vous, Monsieur le Préfet, et j'attends avec confiance de votre générosité un secours proportionné aux pressants besoins de mon pauvre presbytère.
     Je suis, avec le plus profond respect, Monsieur le Préfet, votre très humble et obéissant serviteur, Besse curé

Besse a envoyé sous le même pli un devis dressé par Pierre Bouscayrol, maître charpentier, et Louis Revel, maître maçon, domiciliés dans la commune de Clairvaux: quatre chevrons, deux traverses à "remettre," huit mètres de toiture en ardoises, porte-cochère avec penture, deux fenêtres, et quatre mètres de plancher en peuplier, plus dix mètres de pierre de taille "à la petite entrée" et du crépi aux fenêtres.

1858: Besse remercie le préfet:

Panat, le 24 juin 1858
Monsieur le Préfet,
     Je viens de recevoir votre lettre par laquelle vous me faites l'honner de m'annoncer que vous m'avez alloué 50 francs pour les réparations de mon pauvre presbytère. Plein de reconnaissance de la faveur que vous avez bien voulu m'accorder, j'adresserai avec mes paroissiens des vœux au Ciel pour la conservation de vos jours.
     Je suis [etc.]

1861: Les 50 francs alloués par la préfecture en juin 1858 n'ayant permis que les travaux les plus urgents, le curé devient de nouveau mendiant. (Voir la description par Besse de la grande grêle du 17 juillet 1858 dans le Livre de la paroisse.)

Panat, le 2 février 1861
Monsieur le Préfet
     La bonté avec la quelle vous daignez accueillir tous ceux qui s'adressent à vous pour obtenir quelque faveur, m'inspire le courage de vous exposer la pénible position où je me trouve. Mon presbytère a besoin d'urgentes réparations; la fabrique est dans l'impossibilité de les faire, il en est de même de la commune, à ce qu'il me répond M. le Maire, parce qu'elle a été frappée de la grêle les années précédentes et encore cette année-ci. Daignez, Monsieur le Préfet, m'accorder un secours pour faire exécuter les réparations nécessaires. Je l'attends avec confiance de votre générosité et de votre éminente piété.
     Je suis avec un profond respect [etc]

1866: Minute du Préfet:

Rodez le 23 janvier 1866
     Monsieur le Curé, à Panat, commune de Clairvaux
Par votre lettre du 6 janvier courant, vous sollicitez un secours pour vous aider dans la dépense de réparation de l'église de Panat.
     J'ai fait prendre note de votre demande, afin de l'examiner lorsque le moment sera venu de m'occuper de la répartition des fonds mis à ma disposition par le budget de 1866 pour secours aux églises et presbytères.
     Recevez, etc.

1866: Quelques mois plus tard le curé appel de nouveau au secours.

Panat, le 6 juin 1866
Monsieur le Préfet,
     Un pauvre curé de la campagne, canton de Marcillac, prend la liberté de vous exposer la triste position où il se trouve. L'église qu'il dessert est très ancienne, les murs sont lézardés, et la toiture même ruine. Le devis estimatif des réparations a exécuter est déjà porté à une forte somme, et il croîtra d'avantage si on diffère cette réparation. Monsieur le Maire, à qui je me suis adressé pour obtenir des fonds pour cette réparation, me dit qu'il n'a point d'argent et qu'il faut recourir à la fabrique. MM. les fabriciens me répondent qu'ils ne peuvent fournir pour cet objet qu'une modique somme qui pourrait être augmentée par le moyen d'une quête dans la paroisse. Dans cette perpléxité j'ai recours à vous, Monsieur le Préfet, afin d'obtenir un secours proportionné à nos besoins. Mes paroissiens et moi prions le bon Dieu de répandre sur vous et votre famille ses plus amples bénédictions.
     Je suis [etc]

1867: Le curé remercie le préfet, et mendie de nouveau!

Panat le 10 mai 1867
Monsieur le Préfet,
     Je viens vous remercier au nom de mes paroissiens de l'allocation de 50 francs que vous avez eu la bonté de faire pour la réparation de mon église; je vous supplie en leur nom de vouloir le renouveller cette année; nous prierons pour la conservation de vos jours de de ceux qui vous sont chers.
     Je suis [etc.]

Dans la marge on voit cette notation par le préfet: ... "pris note à la 2e don[ation]; Me dire ce qui a été fait dans le but de constater l'existence et la destination légale de la rente payée annuellement par la famille d'Adhémar de Panat à l'église de cette localité."

1867: Le curé répond à la question du préfet du 10 mai 1867 et évoque ensuite l'irrégularité du plafond de l'église. Cette lettre fait croire à une complicité entre le curé et l'évêque:c'est à dire que l'évêque était parfaitement au courant du contenu des délibérations de la fabrique et des démarches des fabriciens. Ainsi, lors de sa visite pastorale du 26 avril 1868, l'évêque de Rodez a informé la fabrique "que la voûte de la nef devait être relevée et mise de niveau avec celle du sanctuaire." (Nous avons trouvé une complicité analogue lors de la visite de Mgr Bourret en 1880.)

Panat, le 25 juin 1867
Monsieur le Préfet
     J'ai l'honneur de répondre à votre lettre en date du 17 du courant par laquelle vous me témoigner le désir de connaître l'emploi de la rente de 100 francs léguée à la fabrique par feu M. d'Adhémar. Je vous dira que les années antérieures à 1860 ont été employés à l'achat d'un ostensoir, d'un ciboire, d'un calice, de chapes, chasubles, écharpes et à la réparation partielle de l'église. Mais comme le couvert de l'église a besoin d'être refait en entier, et que d'un autre côté ce couvert, tel qu'il est, rend l'église irrégulière parce qu'il est trop bas d'un mètre et qu'il masque l'arceau qui sépare la nef du sanctuaire, le conseil de fabrique a jugé à propos d'exhausser ce couvert tout en le refaisant. Cette réparation devait commencer immédiatement après la fête de Pâques; mais le mauvais temps qu'il a fait tout le mois de mai et d'autres circonstances nous ont fait renvoyer le procès à l'année prochaine. Comme nous ne comptions obtenir aucun secours des communes de Clairvaux, de Valady et de Balsac (car ma paroisse dépend de ces trois communes), le conseil a décidé de laisser accumuler des fonds pour faire face à cette dépense qui s'élevera à 2000 francs. Nous avons en caisse 600 francs et nous avons fait une souscription qui produira 400 francs.
     Je vous remercie, Monsieur le Préfet, de l'allocation de 50 francs que vous avez eu la bonté de me faire l'année dernière, et vous conjure de m'accorder cette année un nouveau secours proportionné aux besoins de ma paroisse, qui est la plus petite et la plus pauvre de tout le canton de Marcillac, comme pourra vous l'attester M. le Maire de Clairvaux. J'attends avec confiance de votre générosité et de votre éminente piété.
    Je suis [etc.]

1867: Dans cette minute du préfet, la dernière phrase répète mot par mot une phrase dans sa lettre du 23 janvier 1866. On imagine l'exaspération de l'abbé Besse devant une formulaire si peu personnelle!

Rodez, le 4 juillet 1867
M. le curé de Panat, commune de Clairvaux
     Vous m'avez adressé une demande à l'effet d'obtenir sur les fonds départementaux un nouveau secours pour vous aider dans la dépense des réparations à faire à cette église.
     J'ai fait prendre note de votre demande afin de l'examiner lorsque le moment sera venu de m'occuper de la distribution des fonds mis à ma disposition par le budget de 1867 pour secours aux églises et presbytères.
     Recevez [etc]

Amans Besse prend sa retraite en octobre 1871.

 

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